Comme au bon vieux temps... – ft Marvin E. Kandinski

Comme au bon vieux temps

Entre les ordres de l’irakien, et ceux de Marvin qui lui hurlait de viser son coeur et d’autre chose, il sentit son propre coeur se serrer tout comme son crâne et cela devenait insupportable. « Mais fermez là ! » vociféra t-il si fort qu’il s’en brûla la gorge. Le chef irakien en avait presque sursauté et Kiernan tenait toujours l’arme en joue. Sa main se serrait et se desserrait autour de la gâchette. Il n’y arriverait pas. Et s’il voulait tirer, ce serait en pleine tête, car il n’arriverait pas à se passer de son regard. C’est alors qu’un miracle arriva et son sang n’avait fait qu’un tour. Le soulagement l’avait foudroyé. C’était le bruit des hélicoptères américains qui venaient les sortir de ce pétrin. Kiernan resta l’arme pointé sur Marvin, alors que déjà des hommes surentrainés courraient sur le camp sauvage et menaçait les ennemis. Takeda arriva pour attraper délicatement le fusil-sniper en posant une main sur le canon, l’abaissée lentement et la lui retirer des mains alors qu’on se hâtait pour détacher le lieutenant. Il ne disait rien, ne bougeait pas si ce n’était que pour poser ses mains sur ses genoux, écrasé par le souffle qui lui revenait. Avant d’être amené ici ce matin, quand on l’avait isolé dans une autre cellule, on lui avait confié que le chef de l’unité avait avoué son identité et que la video avait été envoyé en intimidation à leur patrie.

Soudain, le lieutenant le percuta de plein fouet pour le serrer contre lui. Kiernan apprenti l’étreinte en le serrant plus fort, étouffant un sanglot dans son cou. Il lui frappait amicalement le dos, mais surtout pour s’assurer qu’il était bel et bien en vie. Il n’écoutait même pas ce qu’il lui disait, si heureux de sentir son coeur battre contre le sien. Il s’en moquait qu’il n’avait pas été là, qu’il l’aimait ou tous les mots qu’il aurait pu dire. Il était en vie et surtout pas tué de ses propres mains. Il n’arrivait même plus à relâcher les bras qui entouraient vivement son coéquipier. Il lui répondit avec automatisme alors que l’équipe de soin entrait en scène. Il avait hoché la tête pour lui assurer qu’il restait à ses côtés, mais c’était sans compter sur les soignants. Marvin fut emporté dans un brancard et dirigé vers une des hélicoptères. Ils s’affairaient tout autour de lui pour vérifier ses constantes et faire un rapport de son état de santé. Kiernan allait le suivre, mais il fut vite retenue par un infirmier, avant de sentir le sol se dérober sous lui. Le jeune-homme le rattrapa en lui demandant calmement de s’asseoir. Kiernan venait de relâcher l’adrénaline. Il s’écroula et s’enfonça dans les limbes sans avoir pu se débattre à un seul moment. Il fut rapidement mis sur un brancard aussi et la couchette sur laquelle il était ficelé venait d’être glisser juste à côté de celle de Marvin dans l’hélicoptère.

Non c’était vraiment des souvenirs dont il n’avait pas réellement envie de se rappeler. Rien que de les avoir évoqué à nouveau dans ce salon, même si être bien arrosé, il avait détourné le regard tous du long, comme s’il cherchait à se fuir lui à lui-même. Marvin s’était soudainement levé et était revenu avec deux verres de whisky. Kiernan sourit presque timidement, très touché. Il prit celui qu’il lui tendait et regardait l’autre dans la main de son ami : « Ah ? C’était pas les deux pour moi ? Car va m’en falloir plus pour me coucher. Que tu vois quelqu’un ou pas en ce moment, il me faudra plus qu’un verre pour pas te violer. » ricana t-il avant de siffler son verre en deux goulées simplement. Il claqua le verre sur la table basse et se leva du canapé, titubant un peu. Marvin n’eut même pas le temps de finir sa phrase, qu’il le passa sur son épaule et tangua jusqu’à la chambre, cognant parfois maladroitement son ami contre les murs du couloir, car le « sol bouge beaucoup non ? »  

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