Visite surprise ( Regina)

La matinée avait été chargée à la mairie. Regina enchainait les rendez-vous, à croire que toutes les personnes ayant besoin d’une autorisation pour des travaux ou d’autres choses s’étaient passé le mot pour avoir rendez-vous ce mardi matin. En voyant son planning en arrivant, madame le maire n’en croyait pas ses yeux. A croire que sa secrétaire lui en voulait et souhaitait l’épuiser à la tâche. Entre deux entrevues, elle avait à peine le temps de lire en diagonale le dossier suivant.
Le dernier rendez-vous de la matinée s’éternisait, bien trop au gout de Regina qui n’avait qu’une hâte, que cet homme s’en aille. Cela faisait cinq bonnes minutes qu’il aurait dû avoir mis les voiles, sa signature obtenue, mais non, il continuait à parler sans cesse, encore et toujours, de son projet que l’ancienne méchante reine trouvait de plus en plus ridicule à mesure que les secondes s’égrainaient, mais elle ne pouvait le lui refuser sous prétexte qu’elle trouvait son idée de serre tropicale sur le toit de sa maison stupide. Après tout, il habitait dans un coin reculé de la ville, la vision ne gênerait personne et si ça lui faisait plaisir d’avoir des plantes carnivores au-dessus de son toit, eh bien grand bien lui fasse ! La Méchante Reine lui aurait ri au nez en le traitant d’imbécile, mais la nouvelle Regina tâchait de se montrer un peu plus prévenante, et même si à présent elle mourait d’envie de le flanquer à la porte sans ménagement, elle se contentait de lui faire comprendre qu’il était temps d’y aller en regardant l’heure avec insistance et de manière répétée. Elle finit simplement par se lever de sa chaise, un mouvement que suivit l’interlocuteur sans pour autant arrêter son flux de paroles. En voilà un qui avait probablement oublié à qui il avait à faire. Elle fronça légèrement les sourcils, et profitant du faire que l’homme reprenne son souffle pour en placer une.

-Monsieur, quelque chose me dit qu’il est temps que vous partiez, et ce qui me le dit, c’est cette pendule au mur, ainsi que ma montre et cet agenda. Vous voyez, j’ai encore des rendez-vous cet après-midi…

A mesure qu’elle parlait, elle le raccompagnait à la porte et posa sa main sur la poignée avant de l’ouvrir.

-Au revoir, et bonne chance pour votre projet, lança-t-elle avec un sourire forcé.

Alors que le citoyen de Storybrooke sortait de son bureau, contenté, Regina s’apprêtait à refermer la porte lorsqu’une voix enfantine et familière l’arrêta dans son élan. Elle baissa les yeux jusqu’à croiser le regard de Roland. Elle fit des yeux ronds, très surprise de le voir.

-Roland ? Mais qu’est-ce que tu fais là, chéri ?

Elle se baissa pour être à sa hauteur et passa une main douce dans ses cheveux.

-Qui t’a conduit ici ? Ton père sait que tu es là ?

Quelque chose lui disait que non, à voir le regard que lui lançait l’enfant. Regina pinça les lèvres en le regardant d’un air embêté, comprenant qu’il était parti de l’école sans prévenir. Henry lui avait fait le coup de l’école buissonnière trop de fois pour qu’elle ne se rende pas compte de ce qui se tramait.

-Oh Roland… C’est très grave de fuguer tu sais. A l’école ils doivent être fous d’inquiétude, et imagine celle de ton père lorsqu’ils vont l’appeler pour lui dire que tu as disparu…

Elle se releva et lui prit la main avant de l’emmener dans son bureau.

-Allez viens, j’appelle l’école pour leur dire que tu es en sécurité ici avec moi.

Elle l’invita à s’asseoir sur le canapé en face de son bureau tandis qu’elle alla attraper le téléphone pour contacter l’école primaire. Tout en discutant avec la secrétaire, à qui elle passa un savon pour s’être faite duper par un enfant de sept ans, elle les rassura sur l’état de Roland, précisant qu’elle le ramènera après le déjeuner. Elle raccrocha et vint s’asseoir à côté du petit bout de choux.

-Alors, tu veux m’expliquer pourquoi tu es parti de l’école sans prévenir personne ? C’est très dangereux de faire ça tu sais. Il aurait pu t’arriver n’importe quoi, une voiture aurait pu te renverser ou…

La simple idée qu’il aurait pu arriver du mal à Roland bouleversa Regina qui s’interrompit pour le regarder avec des yeux brillants d’émotion.

-Ecoute, tu ne dois plus faire ça, d’accord ? Tu me le promets ?

Roland était si mignon, si innocent, il semblait ne pas se rendre compte que le monde qui l’entourait n’était pas que bonté et bonheur, mais qu’il y avait bel et bien des dangers qui rôdaient. Il rpétextait avoir vu d’autres enfants sortir déjeuner dehors.

-Roland, ces enfants qui sortent déjeuner hors de l’école sont ceux dont les parents viennent les chercher. Ils ne sortent pas tout seuls, pour la simple raison que c’est dangereux pour un enfant d’être tout seul en ville.

Comme elle était revenue s’asseoir à côté de lui, elle lui caressa la joue affectueusement.

-Je veux que tu me promettes de ne plus faire ce genre de chose. Ton père ou moi devons toujours savoir où tu es, est-ce que tu comprends ?

Elle essayait de lui faire comprendre les choses sans pour autant l’effrayer, mais d’un autre côté il fallait qu’il prenne conscience que si on lui interdisait certaines choses, ce n’était pas pour l’ennuyer, mais bel et bien pour sa sécurité.

-Tu dois avoir faim. Je vais demander à la secrétaire d’aller nous chercher quelque chose à manger. Et après je te raccompagne à l’école.

Madame le maire se leva pour se diriger vers son bureau. Elle décrocha son téléphone et appuya sur la touche du raccourci pour appeler directement sa secrétaire.

-Andréa, allez chez Granny me chercher de quoi déjeuner pour deux. Essayez de vous dépêcher pour une fois, je dois partir avant 14h.

Sans attendre, elle raccrocha et retourna voir Roland. S’installant à nouveau à côté de lui, elle le regarda sans trop comprendre la réelle raison de sa venue jusqu’à la mairie.

-Et cette question que tu voulais me poser, elle ne pouvait pas attendre ce soir ? C’était vraiment si urgent que ça, chéri ? Tu aurais aussi pu me téléphoner.

Décidément, parfois les enfants avaient de drôles de priorités. Henry était un peu comme ça, étant plus petit, un rêveur, toujours dans la lune. Regina était obligée d’attendre le bus scolaire à côté de lui, car il aurait été capable de le louper, en étant malgré tout à l’arrêt, car le nez plongé dans ses livres, trop concentré, il n’aurait pas entendu ni vu le véhicule lui passer devant.
En pensant à ça, elle sortit son téléphone pour envoyer un SMS à Robin. « Mon cœur, si l’école t’appelle, ne t’inquiète pas, Roland est avec moi. Je t’expliquerai ce soir. Je le garde à la mairie pour le faire manger et je le ramène à l’école pour la reprise cet après-midi. Je t’aime. » Elle appuya sur la touche « envoyer » et reporta à nouveau son regard sur le garçonnet en face de lui, qui n’en menait pas large.

-Allons, chéri, détends-toi, je ne vais pas te gronder. Seulement si tu recommences, à mon avis tu vas avoir des problèmes. Et ni toi ni moi n’avons envie que ce soit le cas, pas vrai ? demanda-t-elle avec un sourire.

Lorsque Robin apprendrait que son fils adoré avait fait une fugue, même si cela ne partait pas d’une mauvaise intention, il y avait fort à parier qu’il n’en serait pas enchanté. C’était bien normal. Etre parent était une chose compliquée, et l’on s’inquiétait toujours pour ses enfants, s’imaginant toujours le pire.

-Bon alors, cette fameuse question qui ne pouvait pas attendre ce soir, quelle est-elle ? demanda-t-elle avec un sourire légèrement amusé.

Jamais elle ne se serait doutée de la suite des événements.

Regina regardait Roland sans trop comprendre pourquoi il fallait absolument qu’il vienne en personne lui poser une simple question par rapport à ce qu’ils faisaient en classe. Si c’était si important, l’institutrice aurait appelé Robin, ou éventuellement l’aurait appelée directement. Donc pourquoi tant de mystère ?
Le garçonnet rassura Regina sur le fait qu’il savait qu’il ne fallait pas parler aux inconnus. Il était si mignon qu’elle ne pouvait s’empêcher de sourire en le regardant. C’était très difficile de gronder un enfant aussi attachant. Lorsqu’il promit de ne plus le refaire, la belle brune hocha la tête d’un air rassuré.


-C’est bien, Roland. Je te fais confiance pour tenir ta promesse.

Puis, le fils de Robin commença à expliquer ce qui se passait à l’école, ce dont ils avaient parlé en classe ce matin, et Regina l’écoutait avec attention, concentrant son regard sur l’enfant. Il était important pour les petits de se sentir écoutés et compris. Elle ne voulait pas faire les mêmes erreurs qu’avec Henry. Et là, sans qu’elle s’y attende, quelque chose se produit. Roland lui demanda, d’un air tout timide, s’il pouvait dire qu’elle était sa maman, et elle aurait juré avoir entendu qu’il considérait Henry comme son frère. Bouche bée quelques secondes durant, Regina avait le souffle coupé et ne savait que répondre. Elle était profondément touchée. Le temps qu’elle reprenne ses esprits, le petit Locksley s’était assis par terre contre le canapé, recroquevillé sur lui-même, l’air désolé. Il pensait sans doute avoir dit une bêtise, et Regina s’en voulut de l’avoir laissé penser cela. Elle se baissa pour essayer de se mettre à sa hauteur, tant bien que mal dans sa jupe de tailleur. Elle se retrouva à genoux par terre devant lui et lui parla avec une voix douce.

-Oh non Roland, tu as bien fait de m’en parler si c’est ce que tu ressens. Et tu sais, ça me touche beaucoup ce que tu dis là. Rien ne pourrait me faire plus plaisir. Je t’aime vraiment très fort tu sais.

Elle lui tendit les bras.

-J’ai droit à un câlin ?

Elle prit ensuite Roland délicatement dans ses bras et le berça doucement tout en lui caressant le dos. Elle était vraiment émue et faisait de son mieux pour ne pas laisser couler les larmes qu’elle sentait monter.

-Tu sais ce qu’on va faire ? On va en discuter avec ton père ce soir, pour savoir ce qu’il en pense. Mais en tout cas, sache que peu importe le nom que l’on porte, nous formons une famille désormais, ajouta-t-elle d’une voix rassurante tout en défaisant doucement son étreinte pour le regarder dans les yeux.

Regina ne voulait pas non plus trop s’avancer en autorisant quelque chose que Robin n’avait peut-être pas envisagé. Après tout, il était important pour lui de garder la mémoire de Marianne intacte, et c’était bien normal, c’était elle la vraie mère de Roland. Madame Mills ne voulait pas risquer de commettre un impair et préférait donc s’en remettre directement à Robin.

-Est-ce que tu te sens mieux, maintenant ?

Elle le regardait en souriant, avec tendresse et amour. Elle espérait vraiment l’avoir rassuré. C’est à ce moment-là qu’on entendit toquer à la porte. C’était Andréa qui revenait.

-Oh, pour une fois qu’elle se dépêche, celle-là, marmonna Regina en regardant Roland et grimaçant pour l’amuser.

Elle se redressa, attrapant le petit qu’elle déposa sur le canapé, et se dirigea vers la porte d’entrée après avoir attrapé son sac au passage. Elle en sortit un billet de cinquante dollars qu’elle tendit à la secrétaire tandis qu’elle lui donnait le sac en papier renfermant le déjeuner.

-Merci Andréa, gardez la monnaie.

Sans attendre, elle referma la porte et amena le sac sur la petite table basse située devant le canapé.

-A table, petit sacripant ! lança-t-elle joyeusement.

Madame le maire sortit tout ce qu’il y avait dans le sac et en profita pour accrocher une serviette en papier au col de Roland, sachant très bien que ce petit garnement ne pouvait pas manger sans en mettre partout.

Roland demanda si Regina ne les laisserait jamais. Cette question montrait bien que le jeune garçon avait peur de revivre la séparation qu’il avait subie avec sa mère, après son décès. Ce n’était jamais facile pour une famille, encore moins pour un enfant, et l’ancienne méchante reine ne pouvait s’empêcher de culpabiliser. Elle songeait au nombre de familles à qui elle avait fait du mal par le passé, tout en gardant Roland dans ses bras, et cette pensée lui fit fermer les yeux très fort en grimaçant. L’enfant ne pouvait pas voir cette mine de culpabilité qu’elle affichait.

-Je te le promets, tant que vous voudrez de moi, je serai là, lui dit-elle en desserrant son étreinte.

Voyant que l’enfant était rassuré et qu’il n’avait pas perdu son appétit et sa gourmandise naturels, la jeune femme sourit et l’installa pour le repas. Le garçonnet avait prouvé à maintes reprises combien il aimait manger, notamment lors de leurs petites sorties familiales chez Granny. Il adorait les pâtisseries de là-bas, et même les lasagnes surgelées. Et aussi les glaces. Pour lui, c’était la grande nouveauté depuis qu’il était arrivé à Storybrooke, et il ne manquait jamais une occasion de réclamer une bonne crème glacée. Regina avait toujours beaucoup de mal à lui refuser quoi que ce soit, avec son joli petit minois d’ange. Soudain, le petit Locksley sembla réaliser que son père allait être au courant, puisque madame le maire allait l’en informer. Celle-ci montra son téléphone.

-Je le lui ai déjà dit… ou plutôt écrit. Je suis obligée de lui dire ce qui te concerne, c’est ton père, Roland. Pour ce qui est de te gronder, honnêtement je ne sais pas… ajouta-t-elle en plissant le nez. Tu sais, faire une fugue c’est très grave, même si tes intentions n’étaient pas mauvaises. Je vais voir ce que je peux faire…

Elle allait essayer de tempérer, expliquant exactement ce qui s’était passé. Robin était fou de son fils, même s’il le grondait, cela ne durerait surement pas longtemps. Roland hocha la tête lorsque Regina lui demanda s’il se sentait mieux et rassuré, ce qui contenta la belle brune. Elle ne voulait qu’une chose, que l’enfant se sente comme chez lui, qu’il se sente aimé et en famille. Puis, l’enfant lui posa des questions sur son métier. Les enfants étaient de petits êtres étonnants, capables de changer de sujet d’une seconde à l’autre, au gré de leurs pensées qui filaient dans leur esprit telles des étoiles filantes.

-Oui, j’ai toujours été maire, depuis aussi longtemps que je suis à Storybrooke. Cela me plait plutôt bien, dit-elle en penchant la tête de côté. Je crois que je ne saurais pas faire autre chose, ajouta-t-elle amusée.

A son tour, Regina attrapa son assiette et commença à manger. Roland déclara que le repas était meilleur que celui de la cantine. Madame Mills se demanda alors à quoi pouvaient ressembler les repas que l’on servait aux enfants à la cantine.

-Ah oui ? Et qu’est-ce que tu n’aimes pas à la cantine ?

Peut-être pourrait-elle améliorer certains détails pour que les enfants aient plus de plaisir à aller manger à la cantine. Peut-être que si une fois par semaine elle faisait venir des desserts de chez Granny… Elle sortit de ses réflexions lorsque Roland, qui voulut prendre l'initiative de servir des verres d'eau, en renversa sur la table en verre.

-Attention, dit Regina en riant.

Elle l'aida à éponger avec d'autres serviettes et l'aida à bien servir pour le plus renverser.
Puis Roland s’inquiéta de savoir si son père allait lui en vouloir pour la question qu’il avait posé à Regina. Celle-ci lui sourit, reposa son assiette et lui caressa la joue.

-Mais non voyons, jamais ton père ne t’en voudra d’avoir voulu être franc. Nous discuterons avec lui ce soir, et tu verras que sur ce point, il ne t’en tiendra pas rigueur. C’est très bien de poser aux grandes personnes les questions que l’on se pose.

Regina prit une autre bouchée lorsque la secrétaire l’appela. Elle alla donc à son bureau pour appuyer sur le bouton du haut-parleur tout en se dépêchant d’avaler.

-Oui Andréa ?
« Madame Mills, votre RDV de 13h est arrivé. »

Regina consulta rapidement son agenda en soupirant.

-Déjà… Bon, faites-le patienter, j’arrive.

Elle lâcha le bouton et se dirigea vers le canapé où était Roland.

-Je compte sur toi, finis ton repas en silence, je suis obligée de prendre ce rendez-vous. Et après je te ramènerai.

Elle lui déposa un baiser sur le front, puis passa devant son miroir pour se remettre un peu de rouge à lèvres avant d’aller ouvrir la porte. Le rendez-vous entra, Regina lui serra la main en le saluant et lui désigna le fauteuil face à son bureau. Il s’y dirigea, sans calculer Roland. Madame le maire referma la porte et fronça les sourcils tout en regardant  l’homme de dos qui partait s’asseoir.

-ça vous aurait écorché de lui dire bonjour ?

Elle vint s’asseoir en face de lui quand l’homme rétorqua : « j’aime pas les enfants ! ».

-Et moi je n’aime pas les gens impolis, mais vous voyez, je fais un effort. Alors, qu’est-ce qui vous amène cette fois… dit-elle en faisant mine de regarder son agenda.

L’homme lui expliqua une sombre histoire de soit-disant vol de grille-pain, qui aurait été fait par sa voisine, une femme d’un certain âge qui perdait un peu la tête. Regina se retint de soupirer, elle se contenta de hocher la tête en le regardant avec un sourcil relevé.

-Vous m’avez dit avoir porté plainte et que le jour-même, votre grille-pain vous attendait sur le palier. Monsieur, je ne vois qu’une solution à votre problème : vous devriez déménager.

Rien ne l’énervait plus que ce genre de rendez-vous bidons, pour des futilités de cour de maternelle qui pouvaient très bien se régler à l’amiable.


-Vous n’avez aucune preuve concrète, alors soit vous mettez un antivol à votre grille-pain, soit vous vous décidez à manger des croissant, soit vous emménagez ailleurs.
« Et vous n’allez rien faire ? »
-Eh bien je la ferai arrêter pour le motif de « vol de grille-pain en série » s’il s’avère qu’un jour on la prend la main dans le sac. Et j’en doute. Je vous raccompagne ? demanda-t-elle avec un sourire forcé.

L’homme comprit qu’il était temps pour lui de partir, et se leva pour aller en direction de la porte. Regina lui emboîta le pas et referma la porte derrière lui tout en faisant face à Roland en soufflant, d’un air amusé. Elle retourna le voir.


-Alors, qu’est-ce qu’on a pour le dessert ?

Regina était revenue s’asseoir sur le canapé, à côté de Roland qui avait déjà entamé son muffin en guise de dessert, et fut amusée par son nouveau surnom. Elle tourna la tête vers son bureau situé juste derrière, où le désagréable vieux monsieur s’était entretenu avec elle il y avait moins de cinq minutes et soupira en songeant que probablement encore trois ou quatre individus comme lui viendraient lui conter leurs mésaventures inintéressantes au possible. Le planning du jour était vraiment soporifique à souhait, rien de bien important, mais des citoyens qu’elle était obligée de recevoir, cela faisait partie du métier.

Elle reporta son attention sur l’enfant, toujours aussi mignon, qui s’était d’ailleurs montré très sage pendant l’entretien. Elle repensa à ce qu’il venait de lui dire à propos de la cantine, et fronça légèrement les sourcils.

-Ils vous font manger froid à la cantine ? demanda-t-elle, surprise.

C’était quelque chose d’inadmissible de donner à des enfants des plats froids ou à peine tiède. Madame le maire n’en était pas informée, et à présent qu’elle le savait, elle n’allait pas laisser cela se reproduire.

-Tu as bien fait de me le dire. Je vais profiter du fait que je te raccompagne pour aller en toucher deux mots à la cuisinière. Elle va m’entendre…

Ce n’était quand même pas compliqué d’allumer les réchauds ! Et d’attendre que tout soit chaud avant de servir les enfants ! Où avait-elle la tête ?

-Je vais tout faire pour que ça n’arrive plus, c’est promis. Tu vois, le métier de maire, c’est aussi ça : faire en sorte que les problèmes de la ville soient résolus. C’est pour ça que quand quelqu’un a un souci concernant la ville ou un autre habitant, il vient m’en parler. pour que j'essaie de le régler

Regina se mit à rire lorsque Roland fit remarquer que le monsieur qui venait de partir était bizarre. Elle hocha la tête en souriant.

-Oui, c’est vrai. En général, lorsqu’on prend rendez-vous pour me parler d’un problème, il s’agit de quelque chose de plus important qu’un soi-disant vol de grille-pain. Mais je crois que ce monsieur s’ennuie et qu’il n’a rien trouvé de mieux à faire que de venir m’importuner avec ses histoires de retraité. L’ennui, c’est que je n’ai pas le droit de refuser de voir un citoyen uniquement parce que ça m’embête. Ca fait aussi partie du métier. Comme dans tous les métiers, il y a des avantages et des inconvénients, finit-elle par dire en souriant.

Regina attrapa à son tour son muffin et en porta un morceau à sa bouche.

-Et toi, tu sais ce que tu aimerais faire comme métier quand tu seras grand ?

Depuis à présent plusieurs mois qu’il était Storybrooke avec son père, le jeune garçon avait pu se familiariser avec la vie de ce monde, et découvrir les différents métiers de la ville. Peut-être alors que quelque chose l’intéressait déjà ? C’était toujours amusant de connaître la vision des enfants. Souvent, ils idéalisaient une profession et voulaient absolument faire celle-ci quand ils seraient adultes, et parfois, en grandissant, les goûts évoluent.

Regina écoutait avec attention son adorable beau-fils lui expliquer les joies de la cantine. Madame le maire était très étonnée qu’on inflige à des enfants un tel traitement. Elle se souvint malgré tout qu’une fois ou deux Henry, plus jeune, s’était plaint de ne pas aimer certains repas servis sur place, mais jamais il ne lui avait dit qu’on l’obligeait à manger froid.

-Je vais voir ce que je peux faire, d’accord ? dit-elle d’une voix rassurante.

Après, il était évident que l’on ne pouvait pas contenter tout le monde le même jour : les jours étaient très différents d’un individu à l’autre, c’était bien normal. Mais tout de même il pouvait y avoir un effort de fait.
A son tour, la belle brune mangeait son muffin. Elle l’aurait bien accompagné un petit café, mais cette gourde de secrétaire avait oublié de lui en prendre un. Ce n’était pas compliqué pourtant, tous les jours elle prenait un café après le déjeuner. Pourquoi n’était-elle pas capable de retenir cette simple information ? Intérieurement, Regina soupira. Puis, elle reporta son attention sur Roland qui continuait à lui poser des questions sur sa profession. Elle lui sourit.

-Eh bien, je n’ai pas toujours de solution à tous les problèmes, mais mon travail c’est aussi d’en chercher, et de proposer des compromis provisoires si une solution n’est pas possible tout de suite. Gérer tout une ville n’est pas si simple, en effet.

Puis, quand elle lui demanda ce qu’il aimerait faire plus tard, ou du moins s’il y avait réfléchi, le garçonnet se montra très altruiste. Bien sûr, il admirait son père et voulait aider les gens, comme lui. Regina eut un sourire attendri. Elle aussi admirait beaucoup Robin, il était en quelque sorte son inspiration pour devenir meilleure. Elle hocha la tête doucement.

-Tout à fait, il y a plusieurs métiers qui visent à aider les gens. Celui dont tu parles, ceux qui combattent le feu, ce sont les pompiers. Mais ils ne font pas que ça, ils viennent aussi en aide à des victimes d’accident. C’est ce que font aussi les secouristes d’ailleurs. Les médecins aident les gens puisqu’ils les soignent lorsqu’ils sont malades. Les avocats aident les personnes qui ont besoin d’être défendues devant un juge. Il y a différents domaines en fait, dans lesquels tu peux venir en aide aux autres.

En effet, le sujet était assez vaste, alors il faudrait cibler un peu plus les gouts de l’enfant. Mais voir un petit être déjà si généreux, c’était vraiment adorable. Après avoir terminé son muffin et suite à la remarque de Roland, Regina regarda l’heure. 13h30. Il était en effet temps de ramener le bout de chou à l’école et de toucher deux mots à la direction de l’établissement concernant les repas servis aux enfants à la cantine. Et quand le petit Locksley proposa implicitement de retourner tout seul à l’école à pied, madame Mills lui fit les gros yeux en penchant la tête de côté. Avait-il déjà oublié leur conversation ?

-Roland, ne t’ai-je pas déjà dit que je ne voulais pas que tu sois tout seul en ville ? Et par tout seul j’entends sans adulte avec toi ?

Elle lui sourit finalement.

-Je vais te ramener en voiture comme je te l’ai promis.

Elle récupéra alors tous les déchets du déjeuner et alla les mettre à la poubelle. Elle prit ensuite son manteau et son sac, puis tendit la main à Roland pour qu’il la lui prenne, avant de sortir du bureau. Passant devant celui de sa secrétaire, elle lui lança :

-Andréa, je ramène Roland à l’école. Si je ne suis pas revenue pour mon rendez-vous de 14h, faites-le patienter… Faites-lui donc un café, j’imagine que vous n’oublierez pas… ajouta-t-elle d’un ton sarcastique.

Puis elle emmena Roland jusqu’à sa Mercedes.