Alors qu’elle était bien motivée pour les quelques jours qu’elle passerait pas tout à fait seule avec Apollo-Jules. Alors qu’elle avait pris soin de prévenir tout son entourage pour qu’on ne lui organise pas une beuverie surprise. Pas que ça lui était déjà arrivé, d’avoir une beuverie surprise, mais elle préférait prévoir le coup. Elle avait même envoyé un message à Charlie pour lui dire que si elle voulait la voir, il n’y aura pas d’alcool dans l’histoire. Juste du babysitting. Finalement, la blondinette ne voulait pas de la mort d’un gamin sur les bras. Il était chiant depuis qu’il faisait ses dents, mais elle l’aimait bien quand même. C’était comme une deuxième Naine Folle à la maison. Et elle n’avait pas encore fait crever la chèvre de Vael. C’était plutôt encourageant pour l’enfant. Alice en avait même presque oublié que le pote un peu trop collant du touriste serait là aussi. C’était dingue ce qu’on s’acharnait à ne jamais la laisser seule avec Marcel ! On aurait que c’était elle que l’on gardait.
Elle profita quand même d’un peu de calme pour prolonger sa nuit. Elle n’était pas sortie hier soir, ni tous les autres soirs de la semaine - il lui manquait le courage et la forme pour ça - mais elle avait des heures de sommeil à rattraper. Après le petit-déjeuner, elle était repartie s’enfoncer sous l’épaisse couette, bercée par la télévision en bruit de fond. Vael était déjà parti, et Fred trop calme pour qu’elle lui accorde son attention. Elle eut d’abord du mal à identifier le son anormal qui agressait ses pauvres oreilles, et puis l’habitude lui rappela qu’elle se réveillait trop souvent à cause de son enfant. Elle n’eut pas la motivation, mais ses pieds la portèrent énergiquement jusqu’au monstre. Par réflexe, elle l’embarqua jusqu’à la cuisine, préparant déjà dans sa tête le biberon. Mais même une fois celui-ci dans sa petite bouche, il le repoussait et continuer la torture auditive de sa mère.
S’il-te-plaît, la ferme. Elle avait même finit par arrêter d’être méchante verbalement avec Marcel. Et même intérieurement, elle avait presque banni les gros mots de son vocabulaire. Des fois ça marchait. Mais ça restait une science incertaine.
Comme sortit de nulle part, Fred tenta sa chance. En presque deux temps trois mouvements, Marcel stoppa les cris, il était devenu une poupée dans les bras du psychopathe.
Ou psychologue, c’est la même chose. Alice se souvenait de ce que ça faisait, le silence. Elle en profita quelques secondes… jusqu’à ce que ce soit au tour de l’ami de Vael de le briser. Et de lui briser les couilles à elle.
Ho ! Elle récupéra l’enfant qui avait été sagement posé dans le transat, une fois que Fred en eut retiré sa grosse paluche. C’était le sien, elle en faisait ce qu’elle voulait. Et s’il se remettait à pleurer, elle le pincerait pour qu’il crie encore plus fort. Et elle n’avait pas envie d’attendre qu’il pleure à partir du moment où le psychopatate de Vael se mit à ouvrir la bouche pour s’adresser à l’adorable Alice qui vivait ici.
Alice ouvrit aussi sa bouche, mais aucun mot n’en sortit d’abord. Puis plutôt que de l’écouter débiter de nouvelles conneries, elle préféra sortir tout ce qu’elle ne disait pas en présence du frisé à propos de son copain. C’était le moment ou jamais de s’exprimer chez les Déchets Anonymes. Tout ce qu’il lui avait dit, elle pouvait très bien le lui renvoyer. C’était en tous cas ce qu’elle pensait. Du coup elle le lui renvoya, mais intérieurement. À voix haute, elle prit sa voix la plus insupportable et récita : «
Je suis dans mon jacuzzi, t’es dans ta jalousiiiiie. » Puis elle se fit une remarque un peu triste, qu’elle préférait garder pour elle.
En fait, peut-être qu’il me considère comme un de ses animaux handicapés, et que c’est pour ça qu’il ne m’a pas encore jetée dehors. Et comme si elle avait fait la comparaison avec les animaux à voix haute, Fred en parla. Elle remarquait qu’il avait au moins eu la gentillesse de lui proposer un café. Mais un regard mauvais et une bonne grimace lui faisait comprendre qu’il pouvait tendre le bras longtemps. Elle ne boirait rien qui soit passé par la main de Fred. «
Des animaux il n’en a jamais assez. Et il m’a jamais dit que ça posait problème que je sois là. »
Ah, s’il savait ! Il pouvait bien avoir son diplôme en psychorigidité, il n’avait toujours pas l’air de comprendre que c’était à cause de Vael et uniquement de Vael si, de base, Marcel était resté ici avec dans le pack l’aide de la mère pour quelques temps. Elle crevait d’envie de le lui balancer. Mais il y avait trop de choses qu’elle n’avait pas le droit de balancer si elle espérait apprendre à son gamin d’ici quelques mois comment on fait pour descendre une bouteille de vodka en moins d’un quart d’heure. «
Mais OK, je partirais quand Vael me demandera de le faire. Ce qui n’a jamais été le cas. » C’était peut-être un peu faux. Peut-être qu’il s’était un peu emporté la fois où Alice avait perdu le bébé dans la maison - et perdu les clés de celle-ci par la même occasion - mais comme elle ne s’en rappelait pas bien, ça ne comptait pas.