Juliette venait de frapper l’abomination de part en part. Il se cambra et se dressa de toute sa hauteur avant de finir par écraser lourdement son genoux au sol. Son marteau tomba tout aussi maladroitement, fissurant le macadam sous le choc. Le monstre ne bougeait plus ou très peu. Malgré tout, il n’était pas encore hors-service. Il était très affaibli, mais encore capable de se relever. Dans une lenteur inquiétante, il essayait de se hisser sur ses jambes. Au même moment les deux autres hommes tentèrent de se débarrasser de l’autre abomination plus petite qui n’était plus qu’une enveloppe parsemée d’arme et de blessure, errant dans les rues.
C’est alors que le temps se refroidit subitement et le silence était de plomb. Il engloba la ville autour du Granny’s. Soudain, des silhouettes se mirent à courir entre les personnes encore présentes juste devant l’échoppe et même dans les rues autour là où se trouvaient Allan et Robin. Elles étaient rapides et sylphides. Deux d’entre elles attrapèrent le monstre fiché d’une hache pleine tête pour le dépecer et ce qui ressemblaient à des femmes il y a bien des années disparurent dans l’ombre. Sur la place, elles se faufilèrent entre la Maire, Juliette, Mérida ou encore Marvin. Elles grimpèrent les unes après les autres sur l’abomination pour la réduire à néant en un rien de temps. Le mastodonte se débattit face à ces lionnes qui le dévoraient, le griffaient et arrachèrent ses organes. Le tout s’écroula comme un vulgaire château de cartes alors qu’elles lui retiraient morceau par morceau. Il finit par s’écrouler et ne plus montrer aucun signe de vie. La carcasse était en lambeau fumant encore de cette odeur peu délicate de peau pourrie et carbonisée. Entre temps, d’autres silhouettes s’étaient approchées des convives. Plus lentes, plus maladroites elles s’emparèrent chacun d’une personnalité qui venaient de passer une nuit éprouvantes. Deux par tête. Rien qu’à leur odeur et l’état de leur corps, des os décharnés, on devinait quelles genres de créatures elles étaient. Des zombies… Pas n’importe lesquels. C’est enfin qu’il se manifesta. Barbe-bleu. «
Promis, j’y suis pour rien. Ce ne sont pas les miennes. » s’annonça t-il avec un sourire lubrique tout en repeignant sa barbe d’un geste mécanique.
Il s’approcha de l’assemblée, aboyant à deux de ses femmes zombies de ne pas dévorer les convives. S’il les maintenait prisonniers de ses femmes c’était juste par prévention. Il fit le tour des personnes et s’arrêta plus longuement face à Regina et lui murmura la voix calme : «
Il serait peut-être temps d’écouter votre mère… Elle vous avait prévenu, je crois, dit-il avec suffisance.
On ne sera pas toujours là pour sauver votre…, marqua t-il un temps de silence en regardant le dinner dans un triste état,
…misérable vie. » Il se recula alors, et s’éloigna des personnes présentent pour se rapprocher de l’abomination immense. Il bouscula la main détachée du reste de son corps à l’aide du pied. Il extirpa sa pipe de la poche intérieure de sa redingote et prenait son temps pour l’allumer. Il s’adressa à tout le monde : «
Nos problèmes ne nous touchent pas que nous. Il serait temps d’arrêtez de faire les autruches ! » et il siffla. Un rictus narquois à la seule rousse présente et il leur tourna le dos. La fumée de son tabac créait comme un brouillard macabre autour de lui. Les femmes défuntes de Barbe-bleu lâchèrent tout le monde avant de courir dans la même direction. Elles attrapèrent le cadavre de l’abomination gigantesque au passage et la trainèrent derrière elles avant de se laisser happer par un portail, leur maitre fermant leur marche.
«
Il ne va pas s’en tirer comme ça ! » beugla la reine de Dunbroch qui comptait bien étudier leur ennemi par le biais de leur cadavre. «
Si j’étais vous j’irai voir ce que foutent les Lapins. Ils sont pas censés surveiller les passages ? Moi je vais récupérer ce qui nous appartient ! » fonça t-elle sans réfléchir dans le portail. Il se referma aussitôt.
Il aura été prouvé plus tard et communiqué à la Maire la confirmation que les monstres n’étaient pas de Barbe-bleu.
Les Lapins eux-même ne comprennent pas ce qui s’est passé. Ce ne sont pas les mêmes portails qu’ils utilisent eux. Ce ne sont pas des terriers. Ils ne savent d’où ça vient, ni comment, ni qui. Eux aussi ont été pris au dépourvu. Surtout le Lièvre de Mars qui sent qu’on fait concurrence à ses affaires. Et il n’apprécie vraiment pas ça.
Il serait peut-être temps de s’inquiéter de ce qui se passe dans le Monde des Contes, non ?
Nous vous remercions pour l’énergie que vous avez mis dans l’écriture de cette mission. Vous avez été super ! C’est allé très vite et on espère que vous avez pris autant de plaisir que nous à jouer cette mission. Vraiment votre motivation nous a époustouflé et a été plus que communicante durant toute la rédaction du sujet.
Il y en aura sûrement d’autre dans ce genre, éphémère et flash. En souhaitant avec joie de retrouver la même gniack la prochaine fois !
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