Les deux molosses qui faisaient office de gardes, encerclèrent les poignets du voleur et une fois le lien mit en place, ils le traînèrent sans ménagement jusqu'à l'arrière du convoi royal. Loin devant, le Roi et son « épouse » avançaient chacun sur leur monture, sans un regard, sans un moi du monarque. Robin avait beau se redressait pour tenter d'apercevoir Regina, rien n'y faisait, sa vue était obstruée par le trop plein de gardes et de chevaux. Le cœur lourd, il laissait paraître, dans sa tête, les derniers instants de quiétude qu'il avait partagé avec la Reine de ce royaume, chose qu'il ignorait alors. Une Reine mariait à un homme qui avait par le passé côtoyé le Roi au cœur de Lion, un roi qui par la force des choses et au vu de leurs ennemis communs, avait concédé à lui offrir sa confiance et son amitié la plus sincère. La culpabilité commençait ainsi à ronger Robin qui imaginait son bon roi déçu d'une telle attitude. Mais pouvait-il le blâmer d'être tombé amoureux pour la première fois ?
« -Aller avance ! » lui intima l'un des gardes qui tira un peu trop fort sur la corde, à tel point que Robin qui sortait à peine de ses pensées, perdit l'équilibre et se retrouva à terre, les genoux dans la boue. L'autre garde pouffa de rire aidant son camarade à relever le voleur, qui la mâchoire serrée, réprimait son envie de révolte. Le convoi quant à lui, continuait sa route, sans que cet arrêt ne vienne le perturber. Robin fut aussitôt remis sur pied et traînait comme un animal par ses futurs geôliers qui se complaisaient du malheur de leur victime, qui laissait son regard se perdre dans le vaste horizon, espérant ainsi y entrevoir la silhouette de sa belle. Les quelques minutes de séparation commençaient à peser lourd dans la balance, mais il n'avait d'autre choix que de se résoudre à accepter la triste fatalité qui se présentait à lui dorénavant. C'est donc avec le cœur lourd, qu'il s'efforça d'avancer sans trop savoir où tout cela le mènerait, si demain, il serait libre, ou si demain, on lui passerait la corde au cou.
Le chemin fut long pour Robin qui devait subir le mauvais traitement que les gardes lui infligeaient au nom du roi qu'il avait bafoué. Arrivé à la cour, le voleur fut aussitôt placé aux geôles, sans avoir la possibilité de se défendre, encore moins la possibilité de parler au Roi ou, dans un ultime espoir, la chance de voir Regina une dernière fois. On le balança sans ménagement, dans sa cellule, l'équilibre venant à manquer, il s'étala lourdement contre le sol froid et humide. Son arcade sourcilière supporta difficilement le choc, à tel point que quelques gouttes de sang perlèrent sur son sourcil. « -Tu payeras ton impudence ! » lança l'un des gardes qui se tenait face aux barreaux. Robin préféra n'y prêtait aucune attention et se redressa non sans mal pour aller se poser contre le mûr, sous la meurtrière. Ses poignets toujours liés réduisaient fortement sa marge de manœuvre. Les deux gardes s'éloignèrent enfin sans pour autant enjouer le voleur qui souffla longuement. Il n'avait de cesse de penser à Regina, à sa bouche, à son corps, à ses formes divines, à son parfum...
« -Qui êtes-vous donc ? »
Robin relava la tête et croisa le regard du Roi Léopold qui se trouvait face à lui. Le voleur, par respect, se redressa et fit deux pas en sa direction.
« -Majesté! Je me prénomme Robin de Locksley. J'ai... »
« -J'en ai assez entendu, inutile de gaspillez votre salive. » coupa Léopold qui observait avec dédain son interlocuteur, ce dernier honteux, préféra donc évitez de croiser le regard du monarque et baissa la tête.
"-Mon épouse, la reine, n'a eu de cesse de me demander de vous graciez, parce que vous lui avez sauvé la vie. Est-ce vrai ?"
« -Oui majesté, c'est la vérité, ces hommes qui vous accompagnez, ont abordé la reine avec désinvolture et... »
« -L'avez-vous toucher ? »
« -Oui majesté ! »
« - Comment avez-vous pu oser? »
« -Je pourrais mentir en rétorquant que j'ignorais qu'elle était mariée, mais je ne vais pas m'abaisser à cela. Exécrez-moi si vous voulez, mais je ne regrette rien. J'aime votre femme et je me fiche de perdre la vie à présent. Je lui ai donné l'amour auquel elle inspire. »
« -Comment osez-vous, vous adressez à moi de la sorte? »
« -Elle est malheureuse et vous le savez... »
« -Silence, demain vous serez exécuté tel est le châtiment pour des êtres tels que vous »
Le roi tourna les talons, les pans de sa carpe virevoltèrent sous ses pas. Le cœur lourd, il quitta les cachots et regagna la surface. Robin quant à lui, glissa contre le mûr. L'histoire allait-elle prendre fin de la sorte ? Allait-il revoir son âme soeur avant de mourir ? Allait-il vraiment mourir ?
La situation semblait désespérée. Leopold n’avait soufflé mot aux supplications de son épouse et s’était contenté de l’escorter jusqu’à sa chambre avant d’en claquer la porte derrière elle. Regina avait ensuite entendu les pas de son mari s’éloigner, et lorsqu’elle essaya d’ouvrir la porte, elle eut la mauvaise surprise de constater que celle-ci était verrouillée.
-NOOON !!! cria-t-elle en essayant de forcer l’ouverture, dans une action qu’elle savait d’avance veine.
Les nerfs à vif, elle se laissa tomber en sanglots à genoux, ne sachant que faire. Elle se sentait coupable comme jamais, Robin allait sans doute passer un sale quart d’heure, voire peut-être même être exécuté le lendemain, tout ça par sa faute ! Comment tout cela avait-il pu arriver ?
Sans qu’elle ne sache combien de temps s’était écoulé, alors qu’elle était toujours en larmes, elle entendit le verrou de sa porte : quelqu’un ouvrait. Elle se releva, et alors qu’elle pensait revoir son mari, prête à l’assaillir encore de supplications pour qu’il épargne son voleur, Regina eut la mauvaise surprise de constater qu’il s’agissait de sa mère. Cora entra et la dévisagea.
« Ma chérie, tu es affreuse ! »
-Mère…
Elle n’eut rien le temps d’ajouter que Cora lui attrapa le bras sans ménagement et l’entraina jusqu’à la coiffeuse où elle l’obligea à s’asseoir.
-Mère, s’il vous plait… Aidez-moi.
« Cesse de pleurnicher, Regina ! Tu me déçois beaucoup. Je pensais que tu avais compris la leçon la première fois. »
Elle attrapa la brosse et commença à brosser les cheveux de sa fille avec un manque de délicatesse incroyable.
-Aïe ! Vous me faites mal, mère!
« Tais-toi ! Et regarde, ce qui va arriver par ta faute. »
D’un geste, Cora fit apparaitre dans le miroir de la coiffeuse, la scène qui était en train de se produire : Léopold était descendu aux cachots pour parler à Robin. Il était en train de lui annoncer qu’il le ferait exécuter dès le lendemain. Un sourire carnassier se dessiner sur les lèvres de Cora, tandis que Regina, révoltée, se releva d’un coup, arrachant la brosse à cheveux des mains de sa mère.
-Non ! Vous ne pouvez pas laisser faire cela ! Je ne l’accepterai pas ! Faites quelque chose, sauvez-le ! Je ferai ce que vous voudrez, mais pitié, sauvez-le !
Cora éclata d’un rire diabolique qui fit froid dans le dos à sa fille. Clairement, elle n’était pas disposée à vouloir l’aider, bien au contraire, et semblait se complaire dans la souffrance qui était la sienne.
« Tu n’avais qu’à m’obéir. Tu mérites ce qui t’arrive, petite sotte ! Maintenant, tu vas reprendre ta vie en main. Commence par prendre un bain, tu sens aussi mauvais que ce misérable avec qui on t’a retrouvée. Et change-toi, par pitié, tu es reine, nom d’un chien ! »
Cora frappa dans ses mains, et une servante arriva précipitamment. Les larmes de Regina ne cessaient de couler sur ses joues.
« Je repasserai dans une heure, j’espère que pour toi que tu seras décemment visible. Et que tu auras réfléchi aux conséquences de tes actes, afin que plus jamais tu ne me fasses honte ainsi ».
Puis, la sorcière tourna les talons et quitta la chambre, laissant la servante s’occuper de sa reine de fille. Regina était effondrée, littéralement au fond du gouffre. Elle n’était pas prête à perdre Robin, elle ne s’en remettrait jamais. Alors que la servante lui sortait une robe éblouissante, digne de son rang. Et soudain, elle eut une idée.
-Comment t’appelles-tu ? demanda-t-elle à l’attention de la servante. « Iris, majesté », répondit-elle respectueusement.
-Iris, j’ai besoin de ton aide, tu veux bien ?
Sans attendre la réponse de son interlocutrice qui, de toutes façons, n’aurait pas le choix, Regina continua.
-Déshabille-toi. Tu vas me donner tes vêtements, et tu vas porter cette robe.
Voyant les yeux écarquillés de la jeune fille, Regina sourit tout en séchant ses larmes.
-Tu vas te faire passer pour moi. Tu vas attendre ici que ma mère revienne. Tu resteras dos à elle autant que possible pour la retarder. Attention, si tu manques à ta mission, je le saurai. Et je t’assure que je serai pire qu’elle.
La jeune reine commençait à se dire qu’elle serait capable des pires abominations pour sauver Robin, et même si ça lui faisait peur, elle n’était certainement pas prête à le perdre. La domestique s’exécuta et retira ses vêtements, en même temps que Regina les siens, et elle s’enquit de revêtir la livrée de domestique tandis que la servante se dirigeait d’un pas hésitant vers la magnifique toilette qu’elle venait de sortir du placard.
-Allez, hâte-toi ! Enfile cette robe et va te cacher au fond de la chambre. Donne-moi la clé que ma mère t’a laissée, je vais t’enfermer à l’intérieur, comme sans doute elle te l’a ordonné.
La bonne hocha la tête, lui remit la clé et se dirigea vers la tenue royale, tandis que Regina, qui ne s’était jamais habillée aussi vite, courut vers la porte de sa chambre, qu’elle ouvrit précautionneusement. Le couloir était vide. Prenant soin de cacher son visage au maximum avec ses cheveux, elle reverrouilla la porte derrière elle et se dirigea en toute hâte vers l’escalier qui menait au sous-sol. La voie semblait libre, alors elle s’y engouffra. Elle descendait les escaliers de plus en plus sombres et froids aussi vite que possible et malgré tout elle trouvait que c’était trop long. Par chance, les gardes semblaient avoir pris leurs quartiers un peu plus loin, on pouvait les entendre rire et boire dans une pièce voisine, tandis que la jeune reine apercevait enfin les barreaux. Elle se précipita vers la cellule de Robin qu’elle avait reconnu malgré la pénombre. Elle agrippa les barreaux.
-Robin ! chuchota-t-elle aussi fort que possible pour qu’il l’entende.
Regina constata que son voleur avait toujours les poignets ligotés, mais aussi, une fois qu’il se fut avancé, que son arcade sourcilière saignait.
-Que t’est-il arrivé ? demanda-t-elle d’une petite voix.
Machinalement, elle regarda autour d’elle si, par hasard, les clés n’étaient pas restées dans le coin. Visiblement, les gardes étaient bêtes mais pas assez pour les oublier.
-Nous n’avons pas beaucoup de temps avant que ma mère ne s’aperçoive de ma fuite. Elle reviendra dans moins d’une heure. Où sont les clés ?
En même temps qu’elle parlait, elle s’affairait à défaire les liens qui serraient les poignets de son homme. Ses petits doigts ne tardèrent pas à défaire le gros nœud de l’épais cordage.
-Il faut qu’on ouvre cette grille….
Robin avait à présent les mains libres, c’était déjà ça, mais bien insuffisant, cela va sans dire. Et il fallait agir vite. Elle ne pouvait certainement pas aller gentiment demander les clés aux molosses qui s’empiffraient dans la pièce d’à côté. Et le temps leur était compté.
-Robin, qu’est-ce qu’on peut faire ?
Elle lui attrapa la main, elle avait besoin de ce contact, comme pour y puiser ne serait-ce qu’un peu d’inspiration.
-Je t’aime, murmura-t-elle, les larmes aux yeux.
La jeune femme refusait de perdre espoir, néanmoins, la situation à elle-seule aurait pu décourager la personne la plus optimiste du monde.
(c) AMIANTE
Dernière édition par Regina Mills le Mar 6 Sep - 19:15, édité 2 fois
Robin Locksley
Messages : 480 Cœurs enchantés : 5393 Humeur : Au manque de bonté
Robin pouvait encore sentir, dans son dos, la froideur de la pierre contre laquelle il avait pris appuis. L'odeur de l'humidité rendue possible par la présence de la paille, maladroitement disposée en guise de couchette, embaumait quant à elle les quelques mètres carrés de la cellule pourvue de plus de profondeur puisqu'elle ne comptait qu'un captif en ce jour. Dans la tête du voleur un nombre incalculable de questions émergeait tandis que de son cœur ne subsistait qu'un seul être, qui telle une évidence, outrepassait le trouble engendré par le questionnement. Le mal d'elle était un fardeau difficile à porter en ces lieux où l'espoir n'avait plus aucun sens. Malgré tout, Robin redressa son regard et son corps puis il commença à faire les cent pas malgré le peu d'espace. Il devait trouver une solution pour se sortir de ce faux pas, ou du moins trouver le moyen de revoir Regina une dernière fois, si les choses venaient à prendre une tournure plus tragique. Il marcha donc encore et encore sous le regard interloqué des gardes qui se demandaient à présent ce qui passait par la tête du bandit qui avait eu l'audace de charmer la reine et d'ainsi la détourner de son devoir.
La nuit de para de ses plus beaux atours et emporta avec elle les derniers restes du jour. La lumière douce et chaleureuse fut ainsi remplacée par des ténèbres plus austères qui sortirent les gardes de leur léthargie. Il fallait à présent allumer les flambeaux pour que les lieux ne succombent définitivement à l'appel des ténèbres nocturnes. Robin avait cessé d'émettre ses interrogations restées sans réponse, il avait mis un terme à sa méditation et avait concédé à Morphée quelques heures de liberté.Dans ses songes, les ténèbres avaient succédé à la lumière et un goût amer de défection lui entravait le cœur à mesure qu'il avançait sur ce chemin à peine visible. Le silence régnait en maître incontesté conférant au lieu une désagréable quiétude. L'archer sentit l'extrémité de son Longbow lui frôlait l'épaule et son carquois dans le dos. Surprit de ne point être désarmé, il chercha aux alentours la silhouette d'un hypothétique bienfaiteur, en vain. Il reprit donc sa marche sans trop savoir où tout ça le mènerait si tentait que cela le mène quelque part. Soudain, alors qu'il s'apprêtait à mettre un terme à son entreprise, un rire aussi effroyable qu'insupportable se fit entendre brisant ainsi l'inquiétante quiétude. L'atmosphère changea et se fit plus menaçante, sur ses gardes, Robin arma son arc et resta aux aguets prêt à décocher sa première flèche. Le rire persista et redoubla en intensité, le son plus audible laissait à penser que le propriétaire de cet horrible gloussement n'avait de cesse de se rapprocher de l'archer qui redoublait d'attention et commençait déjà à bander son arc.Il sentit alors une main s'enfonçait dans sa poitrine pour le délester de son organe vital et lorsqu'il posa son regard sur l'être à l'origine de cette atrocité, il découvrit un visage pourvu d'écaille et au teint très olivâtre. La créature avaient cependant quelques traits communs qui laissaient imaginé qu'il fut un temps, elle était humaine. L'être émit un nouveau rire et prétendit avec panache, que Regina était à lui. Puis il réduit en poussière le cœur du pauvre Robin qui se réveilla en sueur sur son couchage. Son cœur martelait sa poitrine, mais il était encore à sa place par chance.
Sans attendre et pour s'enlever de la tête cet ignoble songe, le voleur se redressa non sans mal et s'adossa une fois encore au mur constatant qu'il était toujours aussi froid. Un léger frisson parcouru son échine, les poils de ses bras se hissèrent et une voix le sortit de son trouble. Aussitôt, il releva la tête et remarqua une jeune femme contre les barreaux de sa geôle. Il se redressa assaillit d'une légère hésitation balayée une fois qu'il eut plonger son regard dans celui de la jeune femme pourvue des atours d'une servante. "-Regina !" dit-il en se précipitant vers les barreaux. Ses mains encore ligotaient réduisait sa liberté de mouvement à tel point qu'il lui était difficile de prendre les mains de son âme sœur qui s'inquiétait de son état et de la blessure qu'il arborait à l'arcade sourcilière. "-C'est rien, ne t'en fais pas, je vais bien" dit-il d'une voix douce pour tenter de rassurer sa belle qui cherchait du regard, les clés de la geôle. "-C'est pour ça que tu t'es vêtu de la sorte ?" La question resta sans réponse, alors il tenta de répondre à l'interrogation qu'elle venait de lancer. "-Les clés sont avec les gardiens, on ne va pas pouvoir les berner cette fois. Mais qu'est-ce que tu fais ?" La jeune femme venait de saisir les poignets de son amant et commença à défaire ses liens. Avec acharnement et doigté, elle parvient sans mal à le défaire de l'épais cordage qui entravait sa liberté de mouvement. Le voleur se massa les poignets tandis que la jeune reine continuait à se creuser les méninges afin de trouver, au plus vite, une solution. Son regard en disait long sur le degrés de peur qui l'accaparait en cet instant d'intense réflexion. "-Regina...Regina s'il te plaît, calme-toi !" dit-il espérant parvenir à l'apaiser. Mais rien n'y faisait et le temps leur manquait pour réitérer l'action. Désemparée, Regina prit la main de Robin et la serra fort contre la sienne. Ce contact aussi futile soit-il, lui réchauffa le coeur, sans pour autant lui conférer suffisamment d'espoir pour entrevoir un avenir à présent. Il regarda la Reine qui ne pouvait retenir ses larmes, il serra la mâchoire pour ne pas sombrer à son tour et il reprit la parole. "-Je t'aime aussi, plus que tout, ne l'oublie pas. Tu m'as offert ce que jamais je n'aurai espéré, l'amour. Tu as instauré l'espoir dans ma vie et je t'en serais éternellement reconnaissant Regina. Je t'aimerai toujours quoiqu'il arrive..."
"-Regina ? Que faites-vous ici ?" Les deux amants posèrent leur regard sur le monarque qui venait de faire son apparition. Robin avala bruyamment sa salive et retira sa main. Léopold fit signe aux gardes de s'éloigner, puis il s'avança vers sa jeune épouse. "-Pourquoi donc portez-vous de tels habits ? Vous êtes la Reine, vous ne pouvez vous vêtir de la sorte." L'incompréhension se lisait dans le regard du monarque, qui observa tour à tour son épouse et l'homme qui se trouvait face à elle, dans cette lugubre cellule. Robin honteux, serra la mâchoire et chercha à fuir son regard. "-Vous devriez être dans vos appartements Regina et non ici. Je vais demander aux gardes de vous y reconduire de ce pas et..." Robin, dans un dernier élan de courage, trouva la force de couper le roi dans son injonction. N'ayant plus rien à perdre, il se fichait bien de l'offusquer présentement. "-Majesté, je sais que la rancoeur et la colère égraine votre coeur, mais je vous prie de bien vouloir croire en ma sincérité. Je suis Robert de Locksley,j'ai été l'un des plus fidèles soldats du roi Richard Coeur de Lion, qui bien plus que votre allié, était un ami fidèle. Regardez-donc." Il s'approcha pour entrer dans la lumière et souleva sa manche pour lui présenter son tatouage. "-J'ai combattu pour lui et s'il m'en eut été donné l'occasion, j'aurai donné ma vie pour le sauver." Leopold, qui semblait se perdre dans ses pensées, fit signe au voleur de se taire."-Richard avait des valeurs je doute que..." Une fois encore Robin coupa sans gêne le monarque. "- Vous doutez qu'il concède à ce que l'un de ses plus fidèles soldat, vole la femme d'un de ses amis. Mais très honnêtement, nous savons tous les deux, que je suis celui qui portent le plus d'amour à la Reine. Vous l'aimez par intérêt. Votre royaume à besoin de stabilité et avoir une reine à vos côtés, permet de maintenir l'équilibre, ce que je peux comprendre. Mais vous ne l'aimez pas comme je l'aime, soyons honnêtes. Seriez-vous prêt à mourir pour elle ? Vivre sans elle vous est-il impossible ? Votre cœur bat-il à son rompre à chaque fois qu'elle vous approche ? Majesté, j'aime Regina, plus que je n'aime ma propre existence. Je vous prie de m'en excuser, mais je ne peux vous mentir. Nous nous aimons véritablement, avec le cœur, sans alliance. " A la fin de son soliloque, il lança un dernier regard à Regina qui était restée, jusqu'alors silencieuse.
Robin essayait, par des paroles et un comportement calme, d’apaiser les craintes de Regina. Cependant, celle-ci n’en restait pas moins paniquée. Mille et un scenarii défilaient dans sa tête, tous plus funestes les uns que les autres. Si elle ne parvenait pas rapidement à le faire sortir de cette cellule, le sort que lui réservait le roi Leopold allait s’accomplir, pour la plus grande joie certainement de Cora. A travers les barreaux de la sombre et froide cellule, la jeune reine serrait la main de son voleur, le cœur battant à tout rompre. La déclaration que son amoureux lui fit lui serra le cœur, et elle ne parvint plus à retenir ses larmes, qui roulèrent le long de ses joues telles des torrents. Cela sonnait tellement comme un adieu que c’en était insupportable.
-Chut, arrête, tu vas sortir d’ici…
Elle ferma les yeux et posa sa joue contre la main puissante de son homme. Ce contact fut de bien courte durée puisqu’elle sursauta en entendant le son de la voix de son mari. Leopold. Que faisait-il encore ici… Visiblement, c’était également la question qu’il se posait vis-à-vis de son épouse. Cette dernière fit volte-face, adossée à la grille comme pour protéger Robin du regard du roi. La seconde remarque du souverain déstabilisa un peu Regina, qui ne s’attendait pas à une remontrance sur sa tenue vestimentaire. En temps normal, cela aurait valu à la brunette un roulement des yeux pour exprimer son agacement, mais pour l’heure, ses yeux étaient emplis de perles salées qu’elle essayait tant bien que mal de sécher. Elle secouait la tête frénétiquement aux paroles de son époux qui voulait demander aux gardes de l’escorter jusqu’à sa chambre, et alors qu’elle allait le supplier de n’en rien faire, Robin prit la parole. Il parla avec une certaine audace, certes, mais surtout avec une sincérité à en désarmer le plus cruel des ogres. Du moins, c’était l’avis de la femme qui l’aimait. Quel allait être celui du roi Leopold, qui s’était senti bafoué ? Il semblait difficile de faire entendre au monarque les raisons du cœur. Pourtant, lui aussi avait aimé dans sa jeunesse. Blanche n’arrêtait pas de rebattre les oreilles de Regina avait le merveilleux et magnifique couple amoureux que formaient ses parfaits parents. Alors que l’archer, fidèle de feu le roi Richard, eut fini son discours, Regina sentit son doux regard sur elle, elle ne put alors s’empêcher de le lui rendre avant de tourner ses iris vers son mari, qui semblait en pleine réflexion.
-Je vous en prie, Leopold… Essayez de comprendre. Vous aimiez Eva, j’en ai la certitude. Vous savez donc ce que c’est que de perdre la personne que l’on aime. Ne m’obligez pas à vivre cela… encore une fois. Laissez-lui la vie sauve, je vous en conjure. Vous êtes un homme bon et un roi généreux, vous ne voudriez pas aller à l’encontre de ces valeurs que vous montrez à votre peuple? Vous êtes quelqu’un qui sait pardonner, je le sais. Pardonnez-lui, et pardonnez-moi si vous en avez la force.
Malgré sa grande bonté et altruisme envers son peuple, il semblait que Leopold ne pardonnait pas facilement lorsqu’il s’agissait de son proche entourage. Regina ne comprenait pas pourquoi ce roi tenait absolument à ce qu’elle reste, alors qu’elle savait qu’il ne l’aimait pas. Il avait connu son grand Amour en la personne de la reine Eva, la mère de Blanche-Neige, et il ne semblait pas prêt à accorder son cœur à quelqu’un d’autre. Sa nouvelle épouse ne lui convenait pas, c’était un fait, elle le savait et malgré ses efforts pour lui plaire, rien n’y faisait. Il fallait dire qu’elle non plus n’était pas prête à se résigner aussi facilement à abandonner l’idée d’un véritable Amour. Et à présent elle l’avait trouvé. Pourquoi diable ne voulait-il lui rendre sa liberté ? De la part d’un roi dont la réputation de bon cœur s’étendait aussi loin, il semblait à sa femme qu’il faisait preuve d’une cruauté sans pareil. Il avait voulu une figure maternelle pour sa fille, et Regina essayait tant bien que mal de faire bonne figure, mais il était extrêmement difficile d’aimer une gamine qui l’avait trahie et par la faute de qui elle avait perdu son premier amoureux. Pourquoi voulait-il à tous prix la contraindre à cette vie ?
Soudain, une idée lui traversa la tête. Sans doute mauvaise, mais une idée tout de même. Il ne fallait pas que Leopold la renvoie dans ses appartements sans avoir promis qu’il libèrerait Robin de Locksley. Regina voulait de tout son être qu’il le libère sur le champ, qu’il lui rende sa liberté et promette qu’il aurait la vie sauve. Elle était prête à tout pour cela, même à donner sa propre vie. Elle prit son courage à deux mains pour s’imposer un peu plus.
-Sire, votre silence en dit long sur les sentiments que vous avez, ou plutôt n’avez pas pour moi. Je ne vous en veux pas, au contraire. Mais il est temps que vous fassiez preuve de clémence envers nous. Je suis prête à donner ma vie pour cet homme. Si vous ne le libérez pas sur l’heure en promettant de l’épargner, et que vous m’enfermez à nouveau dans mes appartements, je me tuerai, en prenant bien soin de faire savoir que c’est entièrement de votre faute. Pour quel genre de roi passerez-vous ? Que pensera votre fille ? De plus, votre quête d’une mère pour Blanche-Neige devra reprendre. Vous vous retrouverez de nouveau à la case départ. Remarquez que si vous m’autorisez à partir avec lui, ce sera la même chose, à ce détail près que tout le monde sera heureux : vous serez débarrassé d’une épouse dont vous ne voulez pas et libre d’en chercher une autre qui vous conviendra, et nous, nous serons heureux de notre côté. N’était-ce pas ce que vous avez toujours voulu pour vos sujets : le bonheur ?
Elle le regardait à présent avec toute l’intensité dont son sombre regard était capable, espérant toucher son cœur, le cœur d’un roi qui était réputé pour être bon et généreux, celui qui savait faire preuve de compréhension et d’altruisme, qui chérissait sa fille et voulait le meilleur pour elle. Et le mieux pour cette petite peste n’était certainement pas une femme qui avait énormément de mal à lui pardonner, et qui commençait sérieusement à mépriser son père. En attendant que le roi Leopold ne réponde, sans le quitter du regard comme pour l’inciter à obtempérer, Regina ne put s’empêcher, discrètement, de reprendre la main de Robin dans la sienne. Après tout, elle ne savait pas si cette étreinte serait la dernière ou non, elle avait donc besoin d’être auprès de lui un maximum, de sentir sa présence, sa peau. Elle entrelaça ses doigts dans les siens, au travers des barreaux qui étaient dans son dos. Son cœur battait tellement fort, tellement vite, qu’il aurait pu bondir hors de sa poitrine s’il avait pu. Cette attente était insoutenable, même si en réalité elle ne durait que quelques secondes. Elle réfléchissait déjà à ce qu’elle pourrait dire pour tenter à nouveau de convaincre son mari, si celui-ci n’était toujours pas prêt à accorder à Robin la liberté. Autre détail, sa mère. Elle n’avait aucune idée du temps qui s’était écoulé depuis que la terrible Cora l’avait quittée dans sa chambre en lui ordonnant de se changer. Elle espérait que cela faisait toujours moins d’une heure. Et le cas échéant, que la servante arriverait à la retarder comme Regina le lui avait ordonné.
Après avoir entendu toutes les supplications de Regina et Robin, Leopold semblait prêt à parler. La jeune reine retenait sa respiration tant elle était angoissée à l’idée du verdict qu’il pourrait prononcer. Allait-il enfin entendre raison, ou allait-il s’embourber encore et toujours dans sa stupide décision de sentence ? Si seulement tout ceci n’était qu’un cauchemar… Pourquoi cela ne pouvait pas être qu’un simple cauchemar, duquel elle se réveillerait sous peu, dans les bras de Robin qui serait là pour apaiser ses craintes ? Mais non, il fallait se rendre à l’évidence que leur sort ne dépendait que d’un roi un peu aigri et vexé.
(c) AMIANTE
Dernière édition par Regina Mills le Dim 29 Nov - 16:17, édité 1 fois
Robin Locksley
Messages : 480 Cœurs enchantés : 5393 Humeur : Au manque de bonté
L'amour est la plus puissante des magies, mais l'espoir est la plus éphémères des illusions. Elle peut en une fraction de seconde, vous faire soulever des montagnes, mais elle peut aussi en aussi peu de temps vous délester de tous vos rêves. Il n'y a rien de pire que de perdre espoir et ce même si vous pouvez prétendre à l'Amour. Robin n'était pas naïf et même s'il avait enfin trouvé un sens à sa vie en la personne de Regina, l'ordre d'exécution avait été énoncé par le Monarque. Une grâce était encore possible, mais peu probable au vu de ce que l'archer avait commis. A présent, il ne lui restait plus qu'à prier pour que tout le Royaume n'est pas connaissance de l'infidélité de la reine, mais surtout pour que le roi Leopold se souvienne de Richard et de l'amitié sans faille qu'il lui portait et ce même dans ses dernières supplications face à la Mort.Le roi lança un regard plein de reproches à son épouse, signe que la suite des événements demeuraient encore incertaine. Robin s'appuya à ses barreaux, il restait droit malgré la gravité de la situation. S'il le suppliait de l'épargner, il n'en demeurait pas moins prêt à se mettre à genoux pour accorder une quelconque clémence. Léopold qui s'était alors murer dans le silence, devait affronter le regard de sa jeune épouse qui le suppliait encore une fois d'épargner Robin. Pour tenter de lui faire entendre raison, elle se permit de jouer sur les sentiments du roi à l'encontre de sa défunte épouse, qui continuait cependant à hanter ses pensées.
"-Je vous interdis d'évoquer la reine Eva." dit-il à Regina.
"-Mais vous l'aimiez Majesté ! Votre amour pour elle a même dépassé les frontières, tout comme votre vaillance et votre générosité. Richard vous évoquez souvent à titre d'exemple..."
"-Je ne vous ai pas autorisé à prendre la parole vous !" Le regard qu'il lança à l'archer acheva de le convaincre que prendre la parole sans y être autorisé, n'était pas la meilleure des choses à faire dans sa position. Robin conscient de son erreur se tue et serra la mâchoire. Son coeur martelait dangereusement sa poitrine, signe annonciateur d'une détresse de plus en plus difficile à camoufler. Il ne connaissait que trop bien les Hommes d'honneur qui, s'ils se targuaient d'être bons, n'en demeuraient pas moins des hommes, avec leurs faiblesses. En séduisant Regina, Robin avait ainsi offensé le Roi Léopold, qui, si les rumeurs parvenaient aux mauvaises oreilles, n'aurait nulle autre choix, que de se montrer exemplaire au risque de paraître faible face à son peuple. Pour cela, messire Robin ne pouvait le blâmer, mais ne voulant pas mourir au lever du soleil, il se devait de tout tenter pour lui faire entendre raison.
"-Majesté, je vous prie de croire en ma bonne foi. Si en votre qualité de monarque vous ne parvenez à le comprendre, j'ose espéré qu'en votre qualité d'homme vous parviendrez à me pardonner d'aimer la femme que vous ne pouvez aimer, parce que la reine Eva est encore dans votre coeur." Le roi se perdit dans sa réflexion, offrant un silence peu éloquent aux deux amants qui peinaient à savoir de quoi leur avenir serait fait.Robin ne perdait pas espoir, mais il commençait à sentir le doute s'instaurer dans son esprit en quête d'une solution qui peinait à venir jusqu'à lui. Mais ce fut Regina, qui une fois encore prit son courage à deux mains et se fit le porte étendard de leur couple. Lorsque la voix de sa belle retentit à nouveau, le voleur releva la tête et capta instantanément son regard. Il ne perdit pas une miette de son discours. Si dans les premiers instants il s'était laissé bercé par le courage de la belle brune, la suite des propos ne lui convenait guère. Ainsi Regina arborait le chantage affectif, ce qui pour un homme d'honneur et de codes comme Robin, était un principe incohérent avec son mode de vie. Mais pouvait-il la blâmer de l'aimer et de vouloir le sauver à tout prix ? Probablement que nous, mais il ne pouvait accepter ses propos malgré tout. Et d'un regard, il le lui fit comprendre lorsqu'elle se rapprocha de lui après avoir livré ce qui semblait être son ultime soliloque. Il ne put cependant renoncer à lier sa main à la sienne. Léopold était à présent enclin à une profonde réflexion, qui ne l'exemptait pas d'observer les deux amoureux qui lui faisaient face. Robin pouvait sentir l'oppression que l'attente semblait exercée sur Regina. Malgré tout, il resta très calme. Il attendait lui aussi impatiemment de savoir quel serait son sort.
"-Gardes !" lança-Léopold d'un ton impérial. Sans attendre les trois personnes nommées s'approchèrent. Léopold lança un regard à son épouse puis..."-Faites savoir que nous n'exécuterons pas le ci-nommé Robin de Locksley !" L'un des gardes acquiesça et s'en alla sans plus attendre. Les deux autres restèrent aux côtés du roi. "L'homme sera libéré au lever du jour ! J'espère, Regina, que vous êtes satisfaite et que dans votre esprit, je ne suis plus ce monarque grisonnant et aigri. Je vous demande pour ce soir, de regagner vos appartements. Aucune négociation, n'est permise.De plus j'aimerais m'entretenir avec monsieur ! Robin lança un regard plein de reconnaissance au roi, qui acquiesça, puis il obligea Regina à lui faire face et lui tint ces paroles : "-Regina, fais ce qu'il demande. Tout va bien se passer, je peux te l'assurer." Il lui sourit et posa ses mains sur son doux visage, espérant qu'elle accepte sans rechigner la proposition du monarque.
La main de Regina était toujours dans celle de Robin, malgré le regard qu’il lui avait fait et dans lequel elle avait compris que ses propos ne lui avaient guère plu. Malgré tout, elle avait pensé ses paroles, s’il fallait donner sa vie pour sauver celle de Robin, elle l’aurait fait, et si Robin devait périr, elle ne souffrirait aucune journée de plus sans lui. Si le fait d’évoquer la Reine Eva n’avait pas plu à Leopold, il sembla pourtant que cela ait fonctionné et ait touché son cœur. Le voleur se fit fustiger quant à sa prise de parole non autorisé, mais n’en démordit pas et continua d’argumenter, parlant avec une justesse poignante. La jeune reine elle-même en était émue, et non pas seulement parce qu’elle était amoureuse de cet homme, mais aussi parce que ses propos étaient justes et touchants.
Le silence royal qui suivit n’aida pas la belle brune à se calmer, elle serrait entre ses doigts ceux de celui qu’elle aimait et dont le sort était plus qu’incertain. Mais enfin, le roi rompit le silence. Regina, qui jusque là, retenait sa respiration, crut d’abord que son cœur manquait un battement lorsque Leopold invoqua les gardes. Mais la suite de ses propos la rassura. Il acceptait de gracier Robin ! Regina n’en croyait pas ses oreilles. Des larmes de soulagements se mirent à rouler sur ses joues rosies par l’émotion, tandis qu’un sourire se dessinait sur ses lèvres. Elle se tourna vers Robin qui l’y avait incitée, heureuse comme jamais de savoir qu’il serait libre au lever du jour. Elle hocha la tête à sa demande, puis fit face à Leopold, lâchant la main de son amant.
-Je vous remercie, Leopold, du fond du cœur.
Elle lança un dernier regard à Robin, murmurant silencieusement un « je t’aime » qu’il pouvait aisément lire sur ses lèvres. Regina tourna ensuite, à contrecœur, le dos à l’Amour de sa vie, faisant à nouveau face à Leopold. Elle hocha de nouveau la tête, en signe d’obtempération.
-Très bien. Merci encore… dit-elle en passant à côté de lui.
Puis elle effectua ce qu’on attendait d’elle, à savoir remonter dans ses appartements. Le trajet lui parut fort court tant elle avait l’impression de voler, se sentant toute légère, délestée du poids de la crainte. Elle ne pouvait empêcher son sourire d’illuminer son visage : Robin serait sain et sauf, et libéré dès le lendemain. Néanmoins, elle ne pouvait s’empêcher de se demander ce que le roi allait dire lors de cet entretien qu’il avait désiré avoir en privé avec le voleur. Et la laisserait-il partir avec lui ? Les réflexions de la demoiselle s’interrompirent alors qu’elle arriva devant la porte de sa chambre, et se rappela que Cora la rejoindrait probablement bientôt. D’ailleurs, elle ne tarda pas à reconnaitre le bruit de sa démarche au bout du couloir. A la hâte, elle sortit la clé de sa chambre qu’elle avait prise à la servante, et d’une main tremblante, déverrouilla la porte pour la refermer derrière elle, faisant un tour de clé depuis l’intérieur.
-Iris, tu es toujours là ?
Elle se précipita vers le fond de la chambre où elle trouva la jeune fille en pleine bagarre avec le laçage de la magnifique robe destinée à Regina. Si l’heure n’était pas si grave, cela l’aurait probablement amusée.
-Laisse tomber la robe, tiens, reprends la tienne. Elle va arriver d’une seconde à l’autre !
La jeune reine se dépêcha de retirer les vêtements de domestique qu’elle avait empruntés à sa jeune servante, et entendant le bruit de la porte qui résistait à s’ouvrir à cause du verrou, eut une idée. La bonne lui avait fait couler un bain sur ordre de sa mère avant que celle-ci ne les quitte. Elle savait qu’elle n’aurait pas le temps de se rhabiller avant que Cora n’utilise la magie pour déverrouiler la porte. Regina courut, toujours en chemise, dans la salle de bain et se précipita dans la baignoire. L’eau avait considérablement refroidie, ce qui lui arracha une inspiration crispée.
« Regina ? J’espère que tu ne vas pas, encore une fois, me décevoir… »
Cora venait d’entrer, et à la bonne heure, Iris s’était rhabillée. Discrètement, Regina fit signe à Iris de la rejoindre, puis, entendant le pas de sa mère approcher, fit mine de s’être endormie. Une ruse peut-être enfantine, mais néanmoins la seule à laquelle elle avait pensé pour justifier le fait qu’elle n’ait pas obéi en temps et en heure. Iris était venue se placer au niveau de la tête de la jeune reine, avec une serviette dans les mains.
« Sa majesté s’est assoupie, madame… » balbutia la servante, mal à l’aise. « Laisse-nous ! » ordonna Cora.
Iris s’éloigna tandis que Regina fit mine de se réveiller .
-Mère… commença Regina avant de se redresser, attrapant la serviette qu’avait laissée Iris sur le rebord de la baignoire.
Elle s’entoura de la serviette, laissant tomber sa chemise dans la baignoire. Elle avait un peu froid, mais son frisson venait d’avantage de la crainte qu’elle éprouvait vis-à-vis de sa mère. Cora l’habilla en un claquement magique de doigts, avec la magnifique robe qui avait été sortie un peu plus tôt.
« Voilà qui est mieux ! » déclara la mère.
Regina soupira mais se garda bien d’évoquer la libération qu’avait proclamée Leopold.
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Robin Locksley
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"-Regina, fais ce qu'il demande. Tout va bien se passer, je peux te l'assurer" avait-il dit avec conviction. Pour donner un peu plus de force à son propos, il s'était même permis de prendre entre ses mains, le visage de sa bien-aimée. La clarté océanique de son regard vint se poser sur la douceur chocolaté des yeux couleurs amande de la jeune reine, qui si la délivrance venait d'être instaurée par le biais des paroles du roi Léopold, n'en demeurait pas moins sur ses gardes. Le voleur savait qu'il devait dès à présent rassurer la belle pour qu'elle consente à s'en aller sans rien ajouter, laissant ainsi le roi en sa compagnie. Regina laissa donc sa raison tempérée les battements assourdissants de son cœur et accepta de s'en aller, comme promis. Elle ne manqua pas de remercier Léopold pour cette grâce inespérée et c'est en murmurant silencieusement son amour à Robin qu'elle s'en alla, le cœur léger, au moins autant que celui du voleur à cet instant. La jeune reine passa à côté de son époux et disparut des geôles. Léopold fit signes aux deux gardes restant d'accompagner discrètement la jeune reine jusqu'à ses appartements. Hochant la tête, les deux hommes obtempérèrent et suivirent Regina avec discrétion, laissant ainsi le monarque seul avec Robin, qui ne savait plus quoi dire pour plaider une cause, visiblement acquise.
La lueur des torches continuait à se refléter sur les mûrs en pierre hostiles des sous-sols. Au loin, si l'on consentait à tendre l'oreille, l'on pouvait encore entendre quelques gouttes d'eau s'écrasaient au sol, souvenir de l'averse qui avait ébranlé le Royaume quelques heures auparavant. La chaleur venait à manquer en ces lieux, où l'on mettait en cage des êtres aussi vils que dangereux. Quelques rats, attiraient par la lumière, se promenaient entre les pierres et venaient habiter les geôles vides. Sa majesté, pourvu de son bel apparat, faisait tâche en ces lieux et nul doute, au vu de la répugnance qui exacerbait son regard, que le monarque ne restait pas une minute de plus. Robin, compréhensif et reconnaissant, lui sourit avant de reprendre la parole. "-Merci votre majesté ! Vraiment, je vous suis entièrement reconnaissant et nul doute que vous ne regretterez pas d'avoir fait ce choix."
Durant la réplique du voleur, le roi avait fait trois pas en sa direction. Il était à présent face à lui, tout près de son interlocuteur, tellement que Robin, s'il était malhonnête, aurait pu attenté à la sécurité du monarque pour exiger d'être délivré dans les plus brefs délais. Mais il n'en fit rien, car si l'homme se trouvait derrière les barreaux, il n'en demeurait pas l'un des hommes les plus honnêtes que ces lieux aient pu abriter. Léopold répondit au sourire du voleur et s'approcha encore pour lui murmurer ces "douces" paroles : "-Ne me remercier pas trop vite voleur" Robin fronça les sourcils, surprit d'être ainsi désigné par un homme qu'il pensait acquit à sa cause. "-Je l'ai fait une fois, rien ne m'empêche de recommencer." renchérit le monarque qui plongea sa main dans la poitrine de Robin, qui en eu la respiration coupée, tant la douleur qui l'assaillit fut intense. L'organe du voleur battait à présent dans la main du monarque, qui laissa entrevoir un sourire de satisfaction, tandis que Robin, déséquilibré, s'étala au sol. Un nuage mauve entoura Leopold, qui disparut pour faire place à une femme qui ressemblait légèrement à Regina, avec quelques années de plus. "-Je ne vais pas vous tuez, du-moins pas pour l'instant. Vous allez m'être bien utile". Elle regarda l'organe scintillant qui pulsait dans sa main et disparut sans rien ajouter, laissant Robin au sol, ahurit et incapable de comprendre ce qui venait de se passer.
Regina était à mille lieux de se douter de ce que sa cruelle mère avait fait à Robin. Pour elle, Léopold s’était montré généreux et compréhensif. En revanche, sa mère, qui était sans cesse sur son dos, venait ternir l’avenir qu’elle pensait pouvoir voir à l’horizon. Laissant Cora parler, la jeune reine soupira silencieusement, passant ses mains nerveusement sur la soie brillante de sa robe. Elle espérait intérieurement une intervention divine pour se débarrasser de son encombrante mère et ainsi pouvoir retrouver Robin qui serait sans doute libéré bientôt. Savoir qu’il était gracié, qu’il ne serait pas exécuté et qu’il serait bientôt libre réchauffait le cœur de la belle brune qui ne battait que pour son voleur. Et par elle ne sut quel miracle, ses prières furent entendues et la porte s’ouvrit.
« Regina ? »
Elle reconnut immédiatement la voix de son père. Dieu merci, il était là, il allait pouvoir occuper sa mère pour qu’elle puisse rejoindre son amoureux et le faire partir.
-Père ! lança-t-elle en se précipitant vers lui.
Henry la prit dans ses bras. Après une étreinte de quelques secondes, il lui demanda ce qui s’était passé, s’il était vrai qu’elle avait passé la nuit dehors. Des inquiétudes de parent concerné. Regina lui sourit pour le rassurer, lui montrant qu’elle allait bien. Elle lui prit les mains et l’emmena un peu à part pour chuchoter à l’abri des oreilles de sa mère.
-Père, il faut que tu m’aides. Empêche mère de me suivre, s’il te plait. Je dois retrouver l’homme que j’aime et le faire quitter le château.
Devant les yeux pétillants de sa fille, Henry acquiesça, ne posant pas d’avantage de questions. Il parla d’une voix suffisamment forte pour que Cora entende.
« Regina, ma chérie, tu sais que tu as une leçon de danse. Comme ta mère le dit souvent, une reine qui se respecte doit savoir danser. Allez, file, la ponctualité fait aussi partie des qualités que tu dois avoir. »
Le sourire de la jeune reine montrait qu’elle avait compris, elle le serra dans ses bras et se retourna vers Cora.
-A plus tard, mère !
Elle sortit de la chambre, faisant confiance à son père pour distraire sa mère le temps qu’elle fasse échapper Robin. Elle enfila une paire de chaussures plates et quitta la chambre à la hâte. La jeune reine ne tarda pas à retrouver le chemin des geôles pour y retrouver l’homme qu’elle aimait désormais plus que tout. Elle le retrouva au sol, l’air complètement désorienté. Elle se dépêcha de récupérer la grosse clé grise dans la salle des gardes vide adjacente –ils avaient déserté puisque le prisonnier serait relâché, nul besoin de monter la garde ici- et s’empressa de déverrouiller la porte.
-Robin, qu’y a-t-il ? demanda-t-elle inquiète en s’agenouillant devant lui et prenant délicatement son visage dans ses mains.
Ses yeux grands ouverts l’observaient, parcelle par parcelle, cherchant une éventuelle blessure.
-Tu peux marcher ? Il faut te faire partir d’ici. Ma mère est là, elle est dangereuse.
Ce qui inquiétait le plus Regina, en cet instant, ce n’était plus les réactions de son mari, mais plutôt celles de Cora, qui n’avait pas hésité un instant à réduire en cendres le cœur de Daniel. Qu’est-ce qui l’empêcherait de faire de même avec celui de Robin ? La jeune souveraine ne pouvait s’imaginer qu’en réalité, la personne qui les avait surpris quelques temps auparavant ici-même, n’était autre que ladite Cora !
-Allez viens.
Elle l’aida tant bien que mal à se relever, tâchant de servir de soutien, et l’emmena vers l’escalier avant d’entamer le trajet au pas de course en direction des écuries. Ils y parvinrent, et essoufflée, Regina s’arrêta devant les box des chevaux.
-Tu dois retrouver ta liberté au plus vite. On n’a pas beaucoup de temps.
Son regard se planta dans celui de Robin. Elle lui passa une main sur la joue.
-Qu’est-ce qu’il y a ? Tu sembles… différent.
La belle brune attrapa un filet en cuir, un tapis de selle qu’elle posa sur une selle en cuir également, avant d’attraper le tout pour le poser près d’un box.
-Prends mon cheval.
En entendant le son de sa voix, un bel étalon alezan avec une liste blanche montra le bout de ses naseaux, manifestant sa présence et sa joie de retrouver sa cavalière en hennissant. Regina sourit en lui caressant la tête.
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Robin Locksley
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Sa vie entière s’était mise à défiler sous ses yeux lorsque l’infâme Cora après s’être défait de l’apparence du roi, plongea sa main dans la poitrine de Robin pour lui en extraire le cœur. Un organe qui continuait à battre malgré tout et qui n’avait de cesse de briller entre les mains de la sorcière qui observa une dernière fois sa proie avant de disparaître dans un nuage de fumée violette. Robin passa sa main sur son torse et la posa à l’endroit même où l’infâme sorcière avait posé la sienne. Il ne sentait rien, pas un seul battement, pas l’ombre d’une émotion, sa tête tournait un peu l’obligeant à rester à terre pour le moment. Quelque chose avait changé en lui, mais il n'était pas en mesure de comprendre quoi. Bien sûr, il se savait délester de son cœur, mais il ignorait quelles seraient à l'avenir les incidences liées à cette absence. L'espace d'un instant, il se sentait défaillir et pour palier à cette sensation outrageusement désagréable, il ferma les yeux quelques secondes jusqu'à ce qu'une voix lui siffle aux oreilles. Aussitôt, il rouvrit les paupières cherchant du regard le, en l'occurrence, la propriétaire de cette voix. Mais rien, personne ne se trouvait dans la cellule où aux alentours. L'archer essaya de se lever, mais en vain, son corps aussi lourd qu'une pierre, l'enchaînait au sol, pour le moment. « -Qu'est-ce qui m'arrive ! » se dit-il en passant une main tremblante sur son front. La voix se fit à nouveau entendre, plus distinctement cette fois. Robin ne voulait pas l'entendre ni prêter attention à ses infâmes paroles, mais un quelque chose qu'il ne saurait expliquer, l'obligé à être attentif. D'abord imperceptible, la pression qui assaillit sa poitrine et l'organe qui devait normalement y être, se fit de plus en plus forte, à tel point que les oreilles du voleur se mirent à siffler, avant que son cerveau ne se retrouve complètement assujetti aux dires de la voix féminine.
Un vent léger qui n'ébranlait pas l'atmosphère extérieure, outrepassa les murs de la geôle et vint faire vaciller les flammes des quelques torches qui éclairaient le couloir menant aux cellules. Robin toujours à terre, n'avait plus possession de son corps, ni de son esprit. Il se contentait d'écouter la voix qui lui demandait de ne pas bouger, de rester calme et d'attendre les prochains impératifs. La bête docile, qui n'avait aucune autre alternative pour sa survie, obéit donc aveuglément à sa nouvelle maîtresse, qui venait de laisser partir sa fille unique visiblement soutenue par son père. Cora n'étant pas dupe, préféra stopper Henry avant qu'il essaye de l'occuper pour laisser suffisamment de temps à Regina pour faire fuir Robin. La sorcière, d'un geste de la main, figea son époux et sortit le cœur de Robin. Toujours à terre, le voleur releva la tête lorsqu'il entendit des bruits de pas, ceux d'une femme éperdument amoureuse. D’ailleurs, il n'avait nullement besoin de son cœur pour savoir qu'il était question de sa belle qui récupéra la clé, qu'elle passa dans la serrure pour la déverrouiller aussitôt avant de se précipiter sur Robin. Ce dernier la regarda comme s'il s'agissait d'une parfaite inconnue qu'il dévisageait pour la toute première fois. « -Je vais bien » se contenta-t-il de dire alors que Regina essayait de savoir s'il pouvait se mouvoir, ne manquant pas de faire état de la dangerosité de sa mère. Toujours silencieux, comme le lui demandait Cora, Robin se redressa non son mal secondé par Regina qui était loin de se douter de ce qui se passait. Ils se dirigèrent donc, sans plus attendre, vers l'escalier pour ensuite quitter les geôles, rejoindre l'extérieur et se rapprocher des écuries. Robin courrait lui aussi, il semblait avoir récupéré un peu de vigueur, car il était lui-même essoufflé une fois devant les box où se trouvaient quelques cheveux. Regina se tourna vers son amant et lui rappela qu'il devait retrouver sa liberté avant que le temps ne vienne à leur manquer. Cora qui observait la scène, attendait le moment propice pour presser le cœur de Robin et dispenser ses « consignes ».
La main de Regina, une main encore innocente, caressa délicatement la joue d'un voleur visiblement désorienté et il n'avait pas fallu longtemps à la jeune reine pour s'en rendre compte. Robin qui luttait intérieurement contre Cora, ne put se résoudre à emporter sa première partie. La sorcière profita donc de ce moment de faiblesse pour dicter chacune des paroles prononcées par l'ancien bras droit du roi Richard. « -Pas plus différend que lorque j'ai eu ce que je voulais de toi. Inutile d'atteler une monture, je n'ai pas l'intention de partir, encore moins de te suivre. » Une fois encore, Robin lutta intérieurement, il était opiniâtre et donnait du fil à retordre à Cora qui n'avait de cesse d'intensifier la pression sur l'organe, quitte à provoquer quelques douleurs auprès de l'intéresser qui émit une légère grimace. « -.. Je n'ai ..j'ai besoin d'aide... je n'ai pas besoin de ton aide. Tu n'es qu'une soupirante, encore une courtisane que j'ai pris plaisir à défleurir. Comment pourrais-je t'aimer ? Tu es trop naïve ma pauvre Regina. »
Regina prévoyait tout dans sa tête pour l’escapade de son beau voleur. La cavalcade jusqu’à l’écurie avait été fatigante, elle reprenait son souffle tout en sortant les affaires de son cheval. Mais le sourire procuré par les hennissements de son étalon se dissipa bien vite entendant le discours de Robin. Son regard se plongea dans le sien, et ses iris s’assombrirent. Comment pouvait-il lui dire de telles choses, proférer des paroles aussi blessantes ? Ce n’était plus le même homme. Que s’était-il passé dans ce cachot lorsqu’elle avait dû les laisser seuls, lui et le roi Léopold ? Bouche bée, Regina recula d’un pas, n’en croyant pas ses oreilles. Ce fut comme un coup en plein cœur, son souffle fut coupé quelques secondes, elle eut beaucoup de mal à se reprendre.
-Qu… Qu’est-ce que tu dis ?
Elle voyait bien néanmoins que quelque chose le chamboulait. Ces mots ne pouvaient pas être les siens ! Ce matin au réveil, il l’avait demandée en mariage ! La jeune reine voyait bien que proférer ces paroles infâmes le faisait grimacer. Comme s’il était en pleine lutte intérieure avec lui-même. C’était vraiment très bizarre. L’émotion l’envahit, elle avait les larmes aux yeux, son cœur se serrait à mesure que les mots sortaient de la bouche de l’archer.
-Non, tais-toi ! Je ne peux pas croire un traitre mot de ce que tu dis... Oui, tu as besoin d’aide. Que dois-je faire… murmura-t-elle finalement comme pour elle-même.
Ses paroles étaient dures, difficiles à encaisser, et même si du plus profond de son cœur, la jolie brune était persuadée que ces mots ne pouvaient provenir de celui qu’elle aimait, il était tout de même extrêmement douloureux de les entendre. Elle expira bruyamment en laissant couler ses larmes sur ses joues et lâchant tout ce qu’elle avait dans les mains.
-Très bien, tu ne veux pas partir, alors que veux-tu faire ?
Elle le fixait, fronçant les sourcils, essayant de comprendre ce qui avait pu se passer pour qu’il ose lui parler ainsi. Ce n’était pas l’homme qu’elle avait rencontré la veille au soir. Même lors de leur rencontre, alors qu’il s’envoyait toutes les « gentillesses » du monde au visage, il ne s’exprimait pas de la sorte. Il y avait donc à parier que quelque chose clochait.
-Que s’est-il passé avec Léopold quand je vous ai laissés ?
Machinalement elle vint lui prendre la main, sans quitter ses yeux du regard, comme si elle pouvait y trouver des réponses. Bien entendu, elle n’en trouva pas. Elle se rapprocha encore et prit son visage dans ses mains.
-Je t’en prie Robin, dis-moi…
Etrangement, quelque chose lui disait qu’elle allait avoir droit à une autre réponse emplie de paroles désobligeantes. La jeune femme relâcha son étreinte en baissant les yeux d’un air déçu. Il fallait absolument trouver une solution.
-Je n’abandonnerai pas, souffla-t-elle dans un murmure.
Opiniâtreté et persévérance étaient des traits de caractère très présents chez Regina. Elle était folle amoureuse de cet homme, elle ne le laisserait pas tomber pour des paroles qui sans doute lui avaient été soufflées par… Par quoi d’ailleurs ? Ou par qui ? La demoiselle n’en avait aucune idée, mais elle était bien décidée à le découvrir. Elle croisa les bras en se mordillant la lèvre inférieure, réfléchissant autant que possible sur la marche à suivre, le cœur battant la chamade tant il lui était difficile de le voir ainsi. Elle fit quelques pas pour sortir de l’écurie et prendre une grande inspiration qui lui parut bien douloureuse. Elle en suffoqua presque, ayant du mal à se calmer. Puis, reprenant peu à peu ses esprits, la jeune reine eut une idée. S’il était une personne plus puissante que sa mère, ce ne pouvait être que le Ténébreux, Rumplestiltskin. Elle l’avait déjà vu, une fois. Il était assez effrayant, d’ailleurs. Il avait voulu lui enseigner la magie, mais pour ce faire, il fallait se montrer aussi cruelle que l’était Cora, et cela, Regina s’y refusait. Mais là, il s’agissait d’une tout autre affaire, il s’agissait de trouver la raison qui poussait Robin à se conduire de la sorte avec elle alors qu’il pouvait recouvrer sa liberté. Savoir ce qui s’était passé. Et éventuellement pouvoir partir avec lui. Voilà les simples souhaits d’une jeune fille amoureuse.
Regardant autour d’elle, s’assurant que personne ne l’entendrait, Regina articula trois fois, aussi bien que possible, le nom du Ténébreux. Celui-ci apparut derrière elle dans une fumée violette, ce qui la fit sursauter.
« Tu ne le prononces toujours pas comme il faut, très chère ! » -Mille excuses. J’ai besoin de toi, peux-tu m’aider ? demanda-t-elle d’un air implorant.
Le Ténébreux sembla ravi qu’on ait besoin de lui, sans doute était-il prêt à faire passer un marché, comme à son habitude. A vrai dire, la demoiselle était prête à tout pour retrouver son bel archer amoureux, heureux comme ils étaient avant que le roi Léopold et ses gardes ne les retrouvent.
« Je sais ce que tu veux… Il y aura un prix à payer » lança Rumplestiltskin, avec ses mimiques qu’on lui connaissait.
Regina s’empressa d’acquiescer, hochant frénétiquement la tête.
-Oui oui, tout ce que tu voudras. Dis-moi !
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Robin Locksley
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Le regard lourd, il réitéra ses invectives sous le contrôle de Cora qui continuait à presser son cœur. Elle lui murmura les infâmes paroles qu'il lançait par la suite à une Regina médusée qui ne tarda pas à lâcher une première larme, sans effet sur Robin, qui privait de son cœur, ne parvenait à ressentir la moindre émotion. Pour enfoncer un peu plus le clou et tenter de mettre de la distance entre sa fille et son « bel » amant, Cora la marâtre réitéra les « douces » paroles précédemment échangées. « -J'ai dit que tu étais bien naïve de croire que je puisse être amoureux de toi » Les mots sonnaient tellement faux, mais l'archer ne pouvait lutter contre la sorcière qui avait fait de lui sa marionnette. Cora n'était pas prête à lâcher les fils de son pantin. Elle devait mettre tout en œuvre pour que l'homme s'en aille, pour qu'il quitte définitivement la vie de sa cher fille promis à un tout autre destin.
« -Je n'avais pas l'intention de fuir avec toi. Je ne t'aime pas et il est évident que je ne t'aimerai jamais. J'avais juste envie de savoir ce que ça faisait de défleurir une future reine. » Cora esquissa un léger sourire suite à cette réplique, qu'elle savait fatal pour le petit cœur de son enfant. Robin continuait cependant à lutter avec force contre la malfaisante emprise, mais c'était peine perdue, Cora avait encore une fois gagné la partie et n'était, en conséquence, pas prête à relâcher le précieux organe qu'elle tenait avec fermeté. Elle lui commanda de faire preuve de distance et de froideur à l'égard de Regina, pour essayer de l'éloigner davantage de l'archer.
« -Je n'ai besoin d'aucune aide. » dit-il avec froideur. Son regard autrefois azur, se faisait à présent acier et sa mâchoire serrée ne laissait rien présager de bon. Regina qui avait lâché une larme, observait à présent son interlocuteur avec véhémence. Elle essayait de comprendre, mais le pouvait-elle ? Était-elle en mesure de trouver le (la) coupable ? Le temps jouait contre elle autant qu'il jouait contre Robin qui luttait avec ardeur contre l'emprise de Cora, mais en vain. La sorcière se faisait plus forte et le pauvre voleur n'avait de cesse de se fatiguer à tel point qu'il ne put lutter davantage et laissa libre cours aux manigances de Cora qui comptait s’en donner à cœur joie. Le pouvoir était au centre de ses préoccupations et présentement, elle se fichait bien de blesser sa fille. Dans sa tête, c'était sa façon à elle de lui assurer un bel avenir et naïvement, dans un futur proche, Cora espérait voir dans le regard de Regina, une certaine reconnaissance.
« - Ce qui s'est passé avec Léopold quand tu es parti ? Il s'est passé quelque chose ? » dit-il arborant un sarcasme que Regina ne lui connaissait pas. Et pour cause, maintenant que Cora était détentrice des pleins pouvoirs, c'est un tout autre Robin qui apparaissait aux yeux de la jeune reine déconcertée par un tel changement d'attitude et de ce fait, elle peinait à l'accepter, car il était impensable que la fatalité s'abatte une fois encore sur elle. Dans un sursaut d'espoir, elle empoigna la main de son amant espérant le ramener à la raison. Ce contact fit frissonner Robin, Cora lui commanda de lâcher aussitôt la main tremblante de la jeune reine, l'archer obtempéra sans résister. La tentative avortée, Regina se reporta sur le visage du jeune homme, l'obligeant à ne pas briser le contact visuel, mais rien, le résultat restait le même, Robin était insensible à la détresse de Regina et continuait à la regarder avec froideur.
« -Tu pourras prier longtemps, car je n'ai pas l'intention de te parler. Je n'ai de ce fait rien à te dire. Toutefois, je ne serais pas contre le fait que tu me fiche la paix et que tu retournes vaquer à tes royales occupations. » Il fit abstraction de ses dernières paroles et se détourna totalement d'elle. Robin lui lança un dernier regard, avant de tourner les talons pour s'éloigner tandis que Regina transigeait avec ses principes en faisant appel à l'un des êtres les plus ignobles de tout le royaume. Robin marcha quelques pas, suffisamment pour s'éloigner de l'écurie, Cora apparut à ce moment précis, elle tenait toujours en main le cœur de Robin.
« - Vous avez eu ce que vous voulez ? »
« -Pas exactement, mais je saurais m'en accommoder. Maintenant, je veux que tu quittes le royaume. »
« -Sans mon cœur ? »
« -Tu le récupérera en temps et en heure. »
« -Je ne quitterai pas le royaume et vous le savez »
Elle pressa le cœur de Robin, qui perdit l'équilibre et s'écroula sous la douleur.
« -Si tu n'obéis pas, il est fort probable que Regina souffre. »
« -Vous êtes un monstre ! »
« -Non, je ne fais qu'agir pour son bien. Alors ? » Robin serra la mâchoire, regarda le sol et murmura dans un souffle un « -D'accord » auquel il ne croyait pas, mais qu'il savait obligatoire pour protéger Regina.
Les paroles de Robin avaient été si dures à entendre pour Regina, s’apparentant à de la torture. Sortant de l’écurie, tandis que l’archer en faisait de même du côté opposé, la jeune reine décida, en désespoir de cause, d’invoquer le Ténébreux. Rumplestiltskin apparut, avec la mine enjouée de celui qui savait tout et qui savait de ce fait qu’il avait le pouvoir d’enquiquiner son monde. Il lui fit donc savoir qu’il était évidemment au courant de ce qu’elle voulait, et qu’il y aurait un prix à payer, ce à quoi la jeune femme s’empressa d’acquiescer. Le Ténébreux ricana et fit apparaitre un pacte et une plume, que Regina signa sans même le lire. En temps normal, jamais elle n’aurait commis une telle imprudence, mais là, l’affaire était urgence, Robin n’était plus lui-même. Elle avait déjà perdu son premier Amour, il était hors de question de perdre le grand Amour. Le dernier trait de plume marquant le parchemin, Rumplestiltskin fit de nouveau entendre son rire sordide avant de faire disparaitre le tout, et apparaitre un miroir qu’il tendit à Regina.
-Que veux-tu que je fasse de cela ? Ai-je besoin de savoir la tête que j’ai maintenant ? s’impatienta-t-elle. « Du calme, du calme ! lança-t-il avec ses mimiques habituelles. Regarde mieux, et ne touche pas le verre, surtout. »
Le regard assombri par la tristesse de la jeune fille se posa sur le verre du miroir, et alors elle vit Robin, en plein discussion avec… Cora ! Elle en était sure, sa mère était derrière tout ça.
-Mais… comment a-t-elle fait… que se disent-ils ?
Le Ténébreux lui fit signe des yeux de regarder encore. Elle remarqua alors que Cora tenait dans sa main le cœur de Robin.
-C’est ainsi qu’elle le contraint… murmura-t-elle, atterrée par ce qu’elle voyait. Je dois l’en empêcher.
Sans prendre le temps de réfléchir, la petite brune se mit à courir, traversant de nouveau l’écurie pour en sortir par la porte opposée, elle pouvait les apercevoir un peu plus loin. Elle courait aussi vite que ses jambes le lui permettaient, et à bout de souffle, elle s’arrêta entre sa mère et Robin.
-Mère ! Arrête ! Qu’est-ce que tu fais ?! Laisse-le partir ! Rends-lui son cœur, et laisse-le partir !
Brandissant sa main libre et celle qui tenait toujours le miroir devant Cora, elle tourna sa tête vers l’archer qui faisait battre son cœur pour s’assurer qu’il allait bien.
-Robin…
Alors qu’elle reporta un regard suppliant vers sa génitrice, elle aperçut Rumplestiltskin qui était apparu discrètement derrière celle-ci pour observer la scène d’un air amusé.
-Mère, je t’en prie, je t’en supplie, laisse-le tranquille. Il n’a rien fait de mal. Rends-lui sa liberté et laisse-le regagner son royaume, s’il te plait. Je ferai tout ce que tu voudras.
La mère de Regina, de prime abord surprise par l’arrivée rapide de sa fille, se contenta de la toiser de haut en bas, avant de remarquer ce qu’elle tenait dans la main.
« -Où as-tu eu ceci ? » -C’est… on me l’a donné. Tu le veux ? Prends-le, je te le donne.
Elle lui tendit le miroir, comme si un tel objet pouvait la calmer. Par réflexe, de sa main libre, Cora l’attrapa et toucha le verre. Soudain, une lumière pâle l’entoura. Les yeux de la mère comme de la fille s’écarquillèrent.
-Que se passe-t-il ??? « -Tu m’as piégée petite ingrate ! » -Mais… non ! Mère !
Cora fut aspirée par le miroir et le cœur de Robin tomba à terre à côté de l’objet magique. La jeune reine regarda machinalement ses mains avant de poser ses yeux sur Rumplestiltskin.
-Qu’as-tu fait ?! « Tu as ce que tu voulais, non ? »
La royale brune ne savait pas vraiment si elle était soulagée ou peinée d’avoir envoyé sa mère dieu-seul-sait-où. Et avant qu’elle n’ait pu poser la question, le Ténébreux s’empara du miroir d'un mouvement souple.
« -Je vais garder ceci. »
Regina ramassa le cœur de Robin, elle avait les larmes aux yeux.
-Il faut le lui remettre. Je sais que tu peux le faire.
Elle se tourna vers le bel archer, se demandant s’il allait bien. Le Ténébreux ricana une nouvelle fois après avoir faire disparaitre le miroir.
« -Tu n’as qu’à le faire toi-même, très chère, cela te donnera ta première leçon. »
La jeune femme hésita, regarda l’organe lumineux qu’elle tenait dans ses mains et s’approcha de Robin pour entreprendre de replacer son cœur avec précaution.
-Robin, comment te sens-tu ?
Elle lui prit les mains, espérant que cette fois il serait de nouveau lui-meme.
