What if...

What if...

Le feu continuait à prendre vie à mesure qu'il était alimenté par le voleur qui veillait à bien mesurer ses gestes pour ne pas étouffer les flammes qui, reconnaissantes des efforts produit, dansaient avec harmonie et réchauffaient progressivement les deux protagonistes. Leur visage baignait dans les rougeoyantes lueurs du foyer, laissant ainsi transparaître chacune de leur émotion et il en étant de même pour leur regard. Ainsi éclairés, sans phare, sans masque, ils n'étaient plus qu'eux-mêmes, ici dans cette forêt, au milieu de nulle part, sous le ciel capricieux et couvert.  Robin laissa apparaître un sourire en prêtant l'oreille aux dires de la jeune femme qu'il avait sauvé. A son grand étonnement, il commençait même à la trouver agréable, sans consentir à le lui faire savoir, cela va de soit. Robin est un homme fière, le genre qui bombe le torse en présence féminine, le genre séducteur, enjôleur, adepte de la bonne parole, de la bonne verve. Il est de ceux qui mènent la danse. Sûr de ses charmes, il sait ce qu'il vaut, il ne se laisse pas charmer, il charme. Mais ce soir, il n'avait pas la tête aux badineries, ce soir il était éreinté, épuisé d'avoir mis toutes ses forces dans une course effrénée. Il se frotta donc les mains et consentit enfin à s'asseoir près de Regina qui accepta son prémisse d'excuse faisant ainsi preuve de compréhension à son égard.


Se pouvait-il donc que le voleur se soit lourdement trompé ? Certainement. Allait-il tout faire pour se rattraper ? Non, car il n'en demeurait pas moins sur la réserve. Cette femme l'intriguait bien plus qu'il ne l'aurait imaginé. En quelques minutes à peine, elle avait mise à mal les certitudes du voleur, qui pensait connaître tout de la noblesse, à tord. Cette femme était différente, elle ne le regardait pas de haut, elle parlait à cœur ouvert et se fichait des conventions inhérentes à son milieu. On aurait presque pu croire, si elle ne portait pas de tels atours, qu'elle venait d'en bas, du peuple, tout comme le voleur. Cette pensée absurde, fit sourire Robin qui imaginait  dès lors, son interlocutrice, vêtu d'un ensemble un peu moins saillant certes, mais tout à son avantage, à n'en pas douter. Car oui, des avantages elle en avait, physique de surcroît. Un regard ardent qui pourrait faire foutre une banquise toute entière. Un doux visage, un teint délicieux, des lèvres pulpeuses habillées d'une cicatrice qui intensifiait la sensualité de cette bouche que bien des hommes rêveraient de prendre, du moins, c'est ce qu'imaginait le voleur. Il imaginait aussi de bien belles formes sous cette robe qui ne laissait entrevoir que peu de choses. Mais Robin avait de l'imagination et pouvait aisément deviner ce qui se cachait là-dessous.


Par chance, Regina le sortit de sa rêverie et l'empêcha d'atteindre, par le biais de l'imagination, sa lingerie. Par chance, du moins, c'est ce qu'il l'espérait, elle n'avait rien remarqué et répondit, malgré la rudesse de l'interrogation, à sa question. Une réponse que l'ancien soldat du roi Richard, écouta avec attention, tout en détournant son regard du feu, pour saisir celui de son interlocutrice. Sa réponse le surprit, autant que le sentiment qui l'assaillit présentement. « Mon dieu qu'est-ce qu'elle raconte ? Serait-elle en train d'essayer de se rallier à ma cause, de me séduire ? » se dit-il pour lui. Il devait lui répondre, pour ne pas laisser cette réplique dans le vide, mais aussi pour savoir si elle le pensait vraiment ou si ça n'était qu'une phrase comme une autre pour combler une conversation qui avait du mal à démarrer.


« - Vous voulez aider d'autre personne ? Vous seriez prête à prendre les armes, à fuir sans vous retournez ? Vous savez, ça n'est pas une lubie. »  Oui jouer les voleurs au grand cœur n'était pas chose facile et il fallait du cran, mais aussi accepter de renoncer à sa vie, faire passer les autres avant soit.  Il ne pouvait se résoudre à lui chanter les louages de ses actions et de sa vie, tout comme il ne pouvait se résoudre à la convaincre de rejoindre sa cause.


« -Je veux bien croire que l'on vous ait donné quelques cours pour tenir un arc, mais le maîtriser pleinement requiert du temps et de la patience. Quant à la gifle, effectivement, il y a quelque chose, mais on ne gagne pas des guerres avec des gifles. » dit-il en la taquinant à son tour. Il se permit même de lui offrir un léger sourire qui se dissipa dans l'attente d'une réponse qui tardait à venir. Que pouvait-elle lui cacher ?


« - Il y a toujours quelque chose à dire quand on cherche bien ! Toutefois, ça n'est pas à moi de vous dire ce que j'ai envie d'entendre. »


Cette fois le regard se voulait plus doux, plus abordable et moins détestable. Certes, il voulait en savoir plus, mais il n'était pas prêt à la forcer. Si elle voulait parler, elle le ferait, mais le cas échéant, il ne forcerait pas les choses, car ça n'était pas sans genre, mais aussi et surtout parce que cette femme avait incontestablement besoin de compréhension et de douceur. Et si Robin pouvait se montrer rustre, il n'était pas un salaud. Il resta donc silencieux, se frotta à nouveau les mains pour se réchauffer et reporta son attention sur le feu tandis que Regina lui narrait ses récentes aventures, féerique de surcroît.


« -Une fée ? C'est une fée qui vous a mené dans un tel trou ? Je les pensais bienveillante pourtant. Avait-elle un mauvais sens de l'orientation ? Ou un mauvais sens de l'humour ? Pourquoi vous avoir mené dans un tel endroit ? Je ne comprends pas ! »


Robin n'aimait pas la magie et ça n'était pas nouveau. Il se méfiait des sorcières, des fées et autre créature affiliées à cet univers. Lui avait les pieds sur terre, bien ancrés et ne pouvait se résoudre à comprendre cet univers qui le dépassait.Robin n'aimait pas la magie et ça n'était pas nouveau. Il se méfiait des sorcières, des fées et autre créature affiliées à cet univers. Lui avait les pieds sur terre, bien ancrés et ne pouvait se résoudre à comprendre cet univers qui le dépassait.


« -Je déteste la magie, alors changeons de sujet. Parlez-moi de vous ! Promis je ne vous juge pas… »


Il lui sourit à nouveau et se mordit la lèvre. Il était forcé d'admettre que sa présence n'était pas désagréable, bien au contraire et plus les secondes s' égrainaient et plus il appréciait être là, au milieu de nulle part, avec elle. A la regarder, lui sourire de temps à autre. Mais plus encore, à cet instant, il avait aimé l'entendre parlé d'elle avec sincérité, sans les artifices d'une quelconque noblesse.


« - Non, je vous imaginez plus à prendre des cours de danse pour les grands bals. Le clavecin c'est démodé, pour preuve mon précepteur me dispensait des cours lorsque j'étais enfant.  Donc vous vous passionnez pour l' équitation. C'est intéressant ! Les chevaux sont des animaux fascinants je trouve et je ne dis pas ça pour faire mine de m'intéresser à ce que vous dites. J'ai un étalon blanc, c'est un cadeau du Roi. J'en prends le plus grand soin. Il est ce que j'ai de plus précieux. Tous les matins, je me lève tôt pour le nourrir, je veille sur lui pour qu'il ne manque de rien. C'est un beau compagnon d'aventure et il a  fière allure. Mais je préfère ne pas le monter lors des vols. J'aurais bien trop peur qu'Uffington se blesse. C'est l'homme qui m'a élevé qui s'en occupe. Le temps que je revienne le chercher.


Évoquer Uffington rendait l'archer nostalgique, car ce cheval le renvoyait directement à Richard, qui le lui avait offert pour le récompenser de son courage. Mais le souvenir de ce cheval était également assujetti à de bons moments emplis de liberté, un sentiment qu'il partageait donc avec Regina.


« -Je ne peux que vous approuver. Les chevaux nous permettre d' acquérir une liberté qui nous ait si facile de perdre. J'espère retrouvé mon fidèle destrier prochainement, pour m'emplir d'un peu plus de liberté. Comment s'appelle donc votre monture ? »


Ils échangèrent un regard complice et le sourire qui va avec. Enfin, ils s'étaient trouvés un point commun et pas des moindres, leur amour pour leur monture, dernier rempart d'une liberté qui semblait s'éloigner peu à peu. Le feu commençait à briller avec moins d'intensité, ce qui obligea l'archer et réitérer son attention sur le foyer. Il saisit à nouveau quelques brindilles qu'il disposa sur le tas déjà fumant. Il en profita au passage pour se saisir des quelques baies qu'il était allé cueillir au préalable. Il en mangea un et tendit le reste à Regina.


"-Je suis forcé d'admettre que je me suis trompé sur vous. Vous êtes bien plus intéressante que ce que vous laissez paraître."

WHAF IF !

▽ Regina Mils & Robin Locksley.

La nuit avait imposé sa pénombre, avec tout ce qu'elle avait de rassurant: le calme, le silence seulement brisé par les lointains bruissements de feuilles qui dansaient au gré des courants d'air, et par les petits animaux de la nuit. Cette pénombre était simplement interrompu au pied de ce gros chêne par le feu que s'appliquait à alimenter Robin, et permettait aux deux interlocuteurs à la fois de se voir mutuellement, et surtout de se réchauffer. De temps à autre, le regard de Regina croisait celui de son charmant sauveur, et la jeune reine se plaisait à essayer d'y déceler des choses qui lui permettraient de mieux le connaître. Après tout, n'était-ce pas pour cela que la fée l'avait conduite dans ce trou à rats?

Mais voilà qu'il recommençait à douter d'elle, de ses capacités, de ses dires. Ce genre de choses avait le don d'agacer Regina au plus haut point. Elle avait déjà assez de sa mère toujours en train de critiquer tout ce qu'elle faisait. La jeune fille tourna furtivement la tête vers Robin, sourcils froncés.

-Me prendriez-vous pour une sotte?! Vous pensez que je ne serai pas capable de tenir un engagement que j'aurais pris en toute connaissance de cause? Ou peut-être me pensez-vous trop égoïste pour penser à aider les autres?

Se rendant compte soudain de son emportement, elle reporta son regard sur les flammes en marmonant des excuses.

-Je suis désolée... je déteste qu'on doute de moi. Vous êtes sans doute excellent au tir à l'arc, mais être compétent suffirait, non? Est-ce que tous vos compagnons peuvent se targuer d'être aussi doués que vous? Croyez-moi, je suis loin d'etre médiocre, et je suis très probablement meilleure cavalière que tous ceux qui vous suivent. Être rapide est sans doute l'une des qualités premières, non? Et puis, votre précepteur à du vous enseigner qu'on ne gagne plus depuis longtemps des guerres avec un arc, non plus. Votre arme de prédilection serait-elle aussi obsolète que la mienne? acheva-t-elle avec un sourire taquin.

L'un et l'autre se cherchaient gentiment dans un jeu de taquinerie verbale. Lorsque Regina entrevit rapidement une esquisse de sourire sur les lèvres de Robin, elle ressentit comme un pincement au coeur. Ce sourire lui faisait quelque chose, et pour une raison inconnue, elle voulait à tout prix qu'il reste. Malheureusement, il s'evapora aussi vite qu'il était venu. Le voleur voulait en apprendre plus sur elle mais sans poser de question. La demoiselle n'avait pas spécialement l'habitude de raconter sa vie et ne savait vraiment pas ce qu'elle pouvait ou non lui dire.

-Vous ne m'aidez pas beaucoup là... je ne sais que vous dire qui vous intéresserait. A cause des ambitions de ma mère, je suis mariée à un homme puissant et au moins deux fois plus âgé que moi. Il n'a d'yeux que pour sa fille, la petite peste que j'ai sauvée et qui m'a remerciée en me trahissant... commença-t-elle après une brève hésitation.

Elle ne put s'empêcher de remarquer que Robin se frottait les mains pour les réchauffer. Les siennes étaient plutôt chaudes, car emmitouflées sous la cape depuis un bon moment, et avec l'apparition du feu, la température s'était considérablement améliorée. Regina sortit donc ses mains de sous la cape pour attraper doucement celles de Robin, afin de l'aider à les réchauffer. Elle les frotta délicatement dans les siennes. La différence de température la surprit, mais assez vite, après qu'elle ait soufflé dessus plusieurs fois, en plus de les frictionner, les mains du voleur reprirent une chaleur normale. Un sourire de satisfaction se dessina sur ses lèvres.

-Cest mieux ainsi, non?

Robin paraissait surpris des intentions de la fée qui l'avait menée jusqu'à cette taverne miteuse. Regina eut un petit rire amusé.

-Oui, elles sont bienveillantes en général, dit-elle amusée. Elle pensait bien faire... je crois, ajouta-t-elle en le regardant dans les yeux.

Elle fit exprès de ne pas développer les intentions de la fée. Robin la prendrait sûrement pour une folle si elle lui révélait ce que la créature magique lui avait annoncé. Regina se contenta de regarder Robin dans le yeux, avant de détourner le regard avec un léger sourire. Le voleur n'aimait pas la magie? Comment pouvait-on ne pas en être au moins intéressé?

-Je trouve la magie fascinante, au contraire, mais soit, changeons de sujet.

Regina eut un petit rire en entendant Robin dire qu'il l'imaginait prendre des cours de danse pour les grands bals.

-J'ai eu quelques leçons, c'est vrai, mais je n'ai jamais mis les pieds dans un bal. Et vous?

Ils s'étaient enfin trouvé un point commun. Parler cheval réconfortant le coeur de Regina qui pensait à sa monture, et tout le bonheur qu'elle éprouvait en sa présence.

-Je suis entièrement d'accord avec vous. Le simple fait d'être en compagnie des chevaux est apaisant, et quand on a la chance de nouer un lien particulier avec eux, c'est vraiment quelque chose de fantastique, dit-elle, songeuse.

Elle était ravie de constater que son beau sauveur partageait sa passion des équidés et que lui-même avait plaisir à prendre soin du sien. Un sourire tendre se dessina sur les lèvres de la jeune reine.

-Mon étalon s'appelle Lord, il est incroyable. Il est capable de sauter des hauteurs surprenantes, il est rapide comme le vent.

Parler de son cheval faisait naître une certaine nostalgie. Si elle devait suivre Robin, il n'était pas question de partir sans son précieux étalon. 
La dernière déclaration du voleur la fit éclater de rire. C'était empli d'une telle franchise, et à la fois c'était tellement maladroit, qu'elle ne put retenir un regard plein d'étonnement et un éclat de rire sonore.

-Vous, alors, vous ne mâchez pas vos mots. Je suppose que c'est un compliment, alors merci, dit-elle entre deux rires.

Bon, eh bien elle était plus intéressante qu'elle ne le laissait paraître, c'était bon à savoir.

-Bon, alors comme ça je n'ai pas l'air d'être intéressante, de prime abord? demanda-t-elle toujours encline à la plaisanterie.

(c) AMIANTE

What if...

La nuit, au préalable froide et austère, consentait à présent à faire preuve d'un peu plus de clémence. Le ciel, jusqu'alors alourdit par d'imposants nuages grisâtres, s'allégea au fil des minutes et commença à se parer de ses plus beaux atours. Quelques étoiles, par-ci par-là, daignaient se montrer à la grande joie d'un voleur, qui autrefois, lorsque ses jeunes années le lui permettaient, fuyait la maison, pour rejoindre l'extérieur et s'allongeait, le soir venu, dans l'herbe pour regarder les étoiles et se conter de belles aventures avant de laisser le sommeil l'emporter. Le feu continuait donc à subsister grâce aux quelques efforts de Robin, qui lui offrait de temps à autre, de quoi s'alimenter pour ainsi continuer à les réchauffer et repousser les éventuelles créatures avides de curiosité dans le meilleur des cas et de chair fraiche, dans le pire. Une légère brise continuait à jouer les trouble fête. Elle interférait de temps à autre sur les flammes, mais se jouait surtout de la résistance du voleur en refroidissant peu à peu ses mains le contraignant ainsi à souffler sur ses membres pour qu'ils ne s'engourdissent pas.


A présent, la conversation prenait une teinte un peu plus amicale, malgré les quelques maladresses de Robin, qui faisait involontairement sortir la reine de ses gongs. Locksley n'avait pour ainsi dire, pas l'habitude de converser avec une telle femme. Plus il l'a regardé et plus il se laissait charmer par une beauté de plus en plus difficile à nier. Tout chez Regina était agréable à voir, c'était un fait, mais la belle brune était également pourvue d'une voix aussi chaude et intense que le regard qu'elle daignait posait, de temps à autre sur « son voleur ». Chaque son, chaque mot, chaque parole sonnaient harmonieusement aux oreilles de Robin qui espérait l'entendre encore avant que Morphée ne l'accapare pour le mener en des terres plus hostiles que le paradis qui lui était à présent proposé.


« -Vous savez, vous n'êtes pas obligé de toujours devoir vous excusez. C'est bien de dire tout haut ce que l'on pense et d'envoyer volé les convenances parfois. D'autant plus que je ne suis pas l'un des vôtre, ainsi, vous êtes en droit de vous énervez si je vous énerve et me dire que vous n'êtes pas d'accord avec moi si j'ose vous faire affront. Vous savez, moi aussi, je déteste que l'on daigne douter de ma personne. » Il ramassa une des brindilles qui lui avait échappé et la jeta sans sommation dans le petit brasier qui lui faisait face puis il reprit sa réplique là où il l'avait arrêté. « - J'entends ce que vous avez à dire, croyez-le, mais je ne peux vous donner raison Regina et ce malgré la réelle motivation qui vous habite. Nous, nous étions des paysans, des bergers, des êtres peu enclins à la grandeur. Nous sommes ensuite devenus, par amour pour notre terre et pour le monarque qui la protégeait, des soldats, toujours sans espoir de grandeur. Ce que j'essaye de vous dire, c'est que nous sommes et nous resterons dans l'ombre, car aucune noblesse ne coule dans nos veines, mais nous l'avons accepté. Vous et ne le prenez pas mal, par votre noblesse, vous êtes sous la lueur d'une grandeur à laquelle je ne peux aspirer. Ce que je veux dire, c'est que vous n'avez pas besoin de prendre les armes pour lutter, vous, vous pouvez changer les choses en osant dire tout haut, ce que nous, nous faisons tout bas. Vous, vous pouvez vous faire, entendre, vous faire, comprendre. Les combats ne se gagnent pas toujours avec des armes, vous savez. »


La voix du voleur était bien plus douce à présent, presque rauque tant il parlait bas. Une accalmie semblait s'instaurait entre les deux protagonistes qui osaient, de temps à autre, se sourire lorsque leur regard se croisait au coin du feu. Quelque chose était en train de se passer, là, au milieu de nulle part. Un, quelque chose que Robin était incapable de définir. Le sourire de la reine lui réchauffait le cœur et éveillait en lui, des sentiments qu'il n'avait encore jamais appréhendés. D'ordinaire, il n'accordait que trop peu d'importance aux femmes. Cependant, il lui arrivait de s'amuser, accumulant ainsi les conquêtes d'un soir, mais jamais aucune ne l'avait mener à une relation sérieuse. Y avait-il pensé ? Avait-il un jour ressentit de véritables sentiments à l'encontre d'une charmante jeune demoiselle ? Non, jamais au grand jamais il ne s'était permis une telle folie. Il se disait jeune, impétueux et à ce titre, ne voulait prétendre à la stabilité. Il voulait s'amusait de temps à autre, mais il voulait surtout consacrer sa vie à sa patrie et aux personnes trop vulnérables pour se défendre seules. Ainsi, l'amour était un luxe auquel il ne pouvait prétendre. Mais y avait-il vraiment pensé ? C'était-il préparé à l'éventualité de rencontrer un jour, celle qui le bousculerait ? Celle qui l'ébranlerait dans ses certitudes et dans sa façon de voir le monde ? Probablement y avait-il songé, mais aujourd'hui plus que jamais, ces questions taraudaient son esprit. Oui, il se passait quelque chose autour de ce feu, un quelque chose qui ébranlait le célèbre bandit plus qu'il ne l'aurait cru.


Il n'arrivait même plus à la regarder droit dans les yeux, lorsqu'elle lui offrait un semblant de réponse, mais il l'écoutait avec attention et ne laissait rien lui échapper. Ainsi, la belle n'avait pu goûter au plein bonheur, freinée par les ambitions titanesques d'une mère assoiffée de puissance et vraisemblablement délestée d'empathie à l'égard de son enfant. Ces quelques révélations permirent au jeune homme de comprendre le trop-plein de liberté qui faisait vibrer le cœur de son interlocutrice, mais plus encore, ce récit étaya la culpabilité de l'archer qui avait une vision erronée des choses. Lui qui pensait que seuls les petits gens souffraient (en silence) était forcé de reconnaître que même les personnes pourvues de richesse, souffraient au moins autant que les autres. Ainsi, il était temps pour Robin Hood de faire son mea-culpa. « -Ce soir, j'ai appris une belle leçon qu'il me faut vous faire partager. Le malheur n'a pas de frontière, il est inhérent à l'être humain quelque soit sa classe sociale. Pardonnez-moi d'avoir osé vous juger, sans chercher à vous connaître d'avantage. » lui dit-il l'air désolé. Il frotta à nouveau ses mains pour les préserver de l'engourdissement, n'attendant rien de plus suite à ses excuses. Il porta dons ses mains à sa bouche et commença à souffler avec insistance. Regina visiblement attendri par ses propos et pourvue de mains bien plus chaudes que celles de son voleur, consentit à leur offrir un peu plus de chaleur. Ainsi, elle attrapa les mains puissantes de son héros d'un jour et commença doucement à les frictionner contre les siennes. D'ordinaire réfractaire au contact, Robin resta malgré tout immobile et observa Regina surprit par une telle initiative. « -Oui c'est bien mieux. Merci, c'est... vraiment gentil de votre part. » Un sourire, puis un deuxième, puis un troisième, tout semblait si simple avec elle. La conversation était fluide, quelques éclats de rire venaient la ponctuer de temps à autre, prouvant une fois encore l'existence d'un lien, aussi surprenant qu'inexplicable entre le voleur et la reine.


« -On vous donne des leçons de danse et vous n'avez jamais était à un bal ? C'est un tort qu'il vous faudra réparer Milady. Toutes les belles princesses se doivent d'aller à un bal ne serait-ce qu'une fois dans leur vie. Le Roi Richard aimait organiser des bals. J'ai assisté à l'un d'entre eux une fois, mais n'ayant pas trouvé la partenaire idéale, j'ai renoncé à la moindre danse. Peut qu'être qu'un jour, me ferez-vous l'honneur de m'accorder une danse ? » dit-il l'air taquin. A présent, délesté de la moindre gêne, il n'éprouvait plus de difficulté à la regarder droit dans les yeux et se réjouissait d'étayer la conversation suite à la découverte d'un premier point commun, l'équitation. La belle parlait avec passion et semblait heureuse de pouvoir parlé de sa monture et du bonheur que lui procurait sa compagnie. Robin ne pouvait qu'attester, au vu de son affection pour les équidés. Il restait silencieux cette fois, pour que sa belle puisse continuait à le faire sourire avec ses quelques petites anecdotes. Elle était encore plus belle à présent et son sourire n'avait de cesse de s'étirer à la grande joie de Locksley qui avait également le sourire jusqu'aux oreilles en s'imaginant galoper à ses côtés dans la forêt de Sherwood. Puis il la para de ce qui dans sa bouche, ressemblait à un compliment, maladroit de surcroît, mais sincère, tellement que Regina éclata de rire.


« -Oui, je ne suis pas du genre à garder les choses pour moi. On m'a souvent reproché ma franchise. Mais que voulez-vous, je suis sincère et honnête, je sais reconnaître mes erreurs. Vous avoir jugé en est-une, de type monumentales. Vous êtes belle, intelligente. Vous avez beaucoup de caractère, mais je sens également une grande souffrance à laquelle s'adjoint de la colère. Mais en creusant un peu, j'arrive aussi à voir une femme qui a besoin d'être aimé pour ce qu'elle et pas pour ce qu'on veut qu'elle soit.» Il prit la main de la jeune reine et la posa sur sa propre poitrine pour qu'elle puisse entendre les battements de son cœur. « - Ecoutez, il bat encore malgré la souffrance. Si vous prenez les mauvaises décisions, vous ne l'entendrez plus. Ne vous laissez pas gagner par la rancœur, par la colère. Laissez l'espoir perdurer encore. » Il lui sourit et plongea son regard dans le sien. Soudain, sans trop comprendre pourquoi, il se sentit irrésistiblement attiré vers elle. Il approcha son visage du sien, pour enfin poser ses lèvres sur les siennes. Il ne s'écoula pas une de trois secondes, avant qu'il n'ouvre les yeux et ne se rende compte de ce qu'il venait de faire. Aussitôt, il se reprit et mit une distance convenable pour que ce geste ne se reproduise pas.


« -Je suis désolé, je n'aurai pas dû. Vous êtes une femme mariée, ça ne se fait pas. Veuillez accepter mes excuses. »

WHAF IF !

▽ Regina Mils & Robin Locksley.

La nuit semblait s'adoucir en même temps que l'ambiance se détendait entre les deux jeunes gens. En effet, les deux caractères bien trempés s'apprivoisaient peu à peu, et la conversation devenait plus fluide, plus naturelle, si bien que Regina commençait réellement à se sentir bien en compagnie de son sauveur d'un soir.
A présent qu'il se montrait tout-à-fait aimable, la jeune reine s'étonnait de le trouver intéressant, et de vouloir en savoir encore d'avantage sur lui. Il était encore plus beau lorsqu'il souriait, et cette pensée la fit quelque peu rougir. Fort heureusement, avec la seule lumière procurée par les flammes, il y avait fort à parier que Robin ne remarquerait pas cela, du moins la demoiselle l'espérait. Elle esquissa un sourire timide en baissant la tête quelques secondes avant de le regarder à nouveau.

-Il n'y a pas de rang à respecter, si j'estime vous avoir mal parlé, que vous soyez roi ou paysan, je me dois de vous présenter des excuses. Vous avez tout autant le droit que moi de dire ce que vous pensez. Et si vous vous trompez, eh bien ce n'est pas grave, tant que vous reconnaissez votre erreur. Et vous l'avez fait, ajouta-t-elle avec un sourire en penchant la tête de côté. 

Jamais elle n'aurait cru, en voyant son caractère lors de la première minute de leur rencontré, que les choses auraient évolué de cette façon. Elle plonger son regard dans le sien.

-J'ai néanmoins beaucoup de mal à croire que vous ne soyez que paysan. Vous me dites avoir eu un précepteur, vous montez à cheval comme un prince... y a-t-il quelque chose que vous ne souhaitez pas me dire?

Robin semblait la croire capable de beaucoup de chose, juste avec des mots, de par sa simple classe sociale, mais Regina en doutait fort. Son regard se planta à nouveau dans les flammes, et un air amer se dessinait sur son visage, se traduisant par le son de sa voix un peu plus grave, à mesure que les larmes lui montaient aux yeux.

-Ainsi, vous me condamnez à repartir d'où je viens. Vous semblez imaginer que ce sera facile pour moi de simplement plaider votre cause avec des mots. Le roi Leopold n'a que faire de ce que je dis, il ne se préoccupé que du bien-être de sa chère petite fille. C'est à peine s'il m'adresse la parole de lui-meme si je ne le fais pas. Je suis fatiguée de cette vie. Si encore j'avais tous les pouvoirs, je pourrais faire des choses, mais je n'ai aucun droit décisionnel. Je n'ai qu'une envie, c'est quitter ce royaume et avoir une chance de refaire ma vie ailleurs. De toutes façons, je ne manquerai à personne.

En avait-elle trop dit? Elle en avait l'impression. Elle se tut un instant, se mordant la lèvre inférieure, essayant de se reprendre.
Le voleur semblait à présent bien moins sur de ses certitudes, il reconnaissait ses erreurs de jugement, et c'était une bonne chose. Cela fit sourire Regina qui était heureuse de voir que l'opinion de l'archer à son sujet était bien plus à son avantage. La discussion était enfin plus légère, Robin s'étonnait que la demoiselle n'ait encore jamais mis les pieds dans un bal.

-Vous savez, je n'ai eu que quelques leçons étant enfant, que j'ai bien vite fuies pour monter à cheval. J'ai quasiment tout oublier, et pour faire simple, je ne sais pas danser. Mais si vous ne craignez pas pour vos pieds, je serai plus que ravie de vous accorder une danse un jour.

Si Robin l'avait taquinée en demandant cela, Regina quant à elle, était sincère. Il semblait si sage tout à coup. Il lui conseillait de ne pas se laisser gagner par la colère et la rancoeur. Cela semblait si simple en paroles, mais quand elle faisait la rétrospective de sa courte vie, la jeune reine avait du mal à ne pas éprouver de colère, vis-a-vis de sa mère, puis vis-a-vis de Blanche. Toutes deux l'avaient faite souffrir, alors que Regina aimait la première, puisque c'était sa mère, et qu'elle était venue en aide à la seconde, lui sauvant la vie. Elle avait un tel sentiment d'injustice que ça commençait à la ronger de l'interieur, et si le plus souvent elle essayait de faire taire ou camouffler cette émotion, elle commençait à prendre une part de plus en plus importante à mesure que le temps passait. Elle écouta Robin, le laissant prendre sa main pour qu'elle sente les battements de son coeur. Il avait raison, c'était évident. Mais il lui faudrait encore travailler sur elle-même pour réussir à oublier et pardonner complètement. 

Lorsqu'il la regarda, avec ce sourire qu'elle qualifiait intérieurement d'irrésistible, elle sentit les battements de son coeur s'accélérer légèrement. Et sans crier gare, leurs lèvres se touchèrent. Ce baiser, aussi fugace qu'intense, s'acheva sur des excuses de l'archer. Regina secoua la tête frenetiquement.

-Non, non ne vous excusez pas, ce n'est rien, balbutia-t-elle.

En réalité, elle aurait préféré que ce baiser ne s'arrête jamais. Alors qu'il s'était remis à une distance respectable, elle ne put s'empêcher de se rapprocher de lui, posant sa main chaude sur la joue de son beau voleur.

-Vous êtes quelqu'un de bien, Robin.

Ses grands yeux fixaient les siens, elle ne pouvait plus détacher son regard de lui. Sans s'en rendre compte, son visage se rapprochait du sien, et puis elle décida que leur baiser n'avait pas assez duré, alors à son tour, elle posa ses lèvres contre les siennes.

(c) AMIANTE

What if...

« -Vous êtes quelqu'un de bien Robin »


Cette phrase résonnait encore dans la tête du voleur. Une déclaration coutumière, qu'il entendait à chaque fois qu'il accomplissait une bonne action. Mais cette fois-ci la tonalité résonnait différemment à ses oreilles. Entendre une telle femme le couvrir de ce compliment, l’emplissait de fierté. Ainsi elle ne l’appréhendait plus comme ce malotru désagréable et malpoli de surcroit, qu’il l’avait « sauvé » non sans rétissance. Elle le voyait sous son meilleur jour, mais sans masque, ni phare. Il était juste lui, le petit garçon qui jadis avait subit les brimas de garçons plus forts et plus âgés. Lui, l’adolescent qui faisait tout pour se rendre utile et faire oublier qu’il n’était en réalité qu’un petit bâtard sans famille, adopté par pitié plus que par devoir. Il avait exploré tant de rôles, qu’avec le poids des années, il ne parvenait plus à savoir vraiment ce qu’il était en réalité jusqu’à maintenant. Ainsi, il lui avait fallu attendre tout ce temps pour que cette rencontre aussi incroyable qu’improbable lui rappelle ce qu’était avant tout, quelqu’un de bien, qui malgré les rudesses de la vie, n’avait pas dévié de trajectoire. Sans père, sans mère, Robin s’était forgé une carapace et les brimas de ses petits camarades, avaient contribué à endurcir le petit garçon. Son précepteur, un vieil ami du père, avait accepté, à la mort de ce dernier, de prendre le petit garçon en charge. Un petit garçon âgé d’à peine un an, sortit d’on ne sait où. L’homme n’avait posé aucune question, il s’était contenté d’accepté le rôle qui lui avait été confié sans rechigner et avait élevé Robin comme s’il était son propre fils, un privilège que Mère Nature n’avait concédait à lui offrir avant la Mort de son épouse, emportée par la maladie. Le précepteur n’avait cependant pas laissé cette disparition asséché son cœur. Il voulait le meilleur pour son petit protégé et avait fait de son bonheur entre les mûrs de sa bâtisse, une priorité. L’homme, ancien soldat à la solde du père d’un certain Richard, était à présent un homme assujetti à la simplicité et habitant d’une bien jolie demeure que lui jalousait bien des nobles. Mais le précepteur n’en avait que faire, il se souciait peu de ces choses, l’argent et les possessions ne représentaient que des futilités auxquelles il n’accordait pas la moindre importance. Il se soustrayait ainsi à ce besoin quasi permanent de se monter comme la plupart des gens de bonnes conditions. Il ne se rendait que rarement aux grands bals et s’attelait à enseigner ces principes au jeune Robin.


« -Etre noble n’est pas une question de descendance Robin. La vraie noblesse est celle du cœur. » N’avait-il de cesse de lui répéter lorsque les regards dédaigneux se posaient sur eux. Car oui, le précepteur n’était pas né noble, il l’était devenu en livrant bataille, en risquant sa vie chaque jour pour servir son souverain, pour protéger la terre qui l’avait vu naître. De cet homme, Robin avait tout appris et c’est aussi pour faire perdurer sa mémoire, qu’il était devenu ce voleur au grand cœur, pourfendeur de l’infamie, des injustices, défenseur des opprimés et opposant des privilégiés. Mais toute une vie ne peut se construire de la sorte, il faut savoir prendre le temps de vivre un peu pour soi, de se délester de nos codes, de faire preuve, à petite dose, d’un peu d’égoïsme et prendre le temps d’aspirer à ce que tout être humain est en droit de prétendre, l’Amour. Un long périple, une quête sans fin pour certain, une faiblesse pour d’autre. Mais un droit fondamental pour les êtres dépositaires d'un cœur.


« -Aimer une personne de tout son être, est une chose merveilleuse Robin et lorsque cela est réciproque, c’est magique. On appelle ça des âmes sœurs. Tu sais, l’amour entre deux âmes-sœurs, est aussi puissant que la magie qu’elle soit blanche ou noire. Il délivre du mal, il brise des malédictions, il engendre de grandes quêtes, de grands hommes. »


« -Mais comment est-ce qu’on sait qu’on a trouvé notre âme sœur ? » demanda le jeune adolescent qui buvait chacune des paroles de son précepteur.


« -C’est quelques chose qui ne s’explique pas, c’est irrationnel, mais il y a des signes qui ne trompent pas. Ton cœur s’emballe, ton âme s’exalte, ton regard cherche toujours le sien. Avec cette personne, tu oublies qui tu es, ou du moins celui que tu essayes d’être. Le véritable amour te déleste de tes protections, de tes boucliers, tu es pourfendu jusqu’au tréfonds de ton âme. Cela t’amènera à te questionner sur ton existence, à bousculer les fondements de ta vie. Pour ton âme-sœur, tu seras prêt à décrocher la lune, à soulever des montagnes, à vivre intensément. »


« -Vous croyez qu’un jour, ça m’arrivera ? Que je rentrerais mon âme sœur ? »
Le vieil homme esquissa un léger sourire et ébouriffa les cheveux du jeune Robin, qui n’appréciait guerre cette mauvaise habitude adoptée par son précepteur.


« -Oui Robin, je n’en doute pas. Tu l’as rencontrera un jour et nul doute que tu seras la reconnaître »



Le feu crépitait, les braises rougeoyantes mettaient un peu de couleurs dans cette obscurité, qui conférait malgré la rudesse des lieux, un quelque chose de plus ou moins intime, propice aux rapprochements verbaux et physiques. Le monde, ici-bas, avait cessé de tourner, le temps semblait se suspendre aux lèvres des deux protagonistes nourris par un espoir indéfinissable, mais au combien libérateur. Les souffrances existaient encore, mais s'amoindrissaient de minutes en minutes. La colère perdurait, mais perdait en intensité. Le passé lui-même prenait du recul, laissant les deux protagonistes désarmés l’un face à l’autre.


« J'ai marché, longtemps, seul, dans l'obscurité. J'étais jusqu'alors avide de liberté, habité par le besoin de rendre aux autres ce qu'on leur avait pris. Je ne pensais qu'à eux et je m'ignorais totalement. Mais en posant mon regard sur elle, en sentant ses lèvres contre les miennes, et ce, malgré mon code d'honneur, je suis devenu avide de passions et de frénésies. J'ai compris après avoir fui ses lèvres que j'étais déjà en manque de baisers et que je me languissais de touchers indiscrets. J'ai alors plissais les yeux dans l'obscurité, seules les lueurs rougeoyantes du feu me guidaient vers un autre horizon que j'espérais suffisamment éloigner de la tentation qui se présentait à moi, mais à quoi bon fuir quelque chose de si beau, un être qui m’a démuni de toutes mes protections. Elle n’est pas ma faiblesse… Elle est… »


Regina après avoir offert le plus beau des compliments à son voleur, ne résista pas à la tentation et combla à son tour la distance devenue insupportable. Au moment-même où les lèvres de la reine se posèrent sur celle du voleur, ce dernier ferma les yeux. Son cœur martelait sa poitrine avec acharnement. Prit entre la passion et la raison, il luttait ardemment pour trouver un équilibre. Avec regret, il mit encore une fois, fin au baiser et congédia doucement Regina. Leurs regards se croisèrent, un regard qui électrisa le prince des voleurs qui céda à la passion et plaqua ses mains contre le dos de la jeune femme afin de la coller contre lui. Le souffle chaud et alourdi de passion de Robin caressa la naissance de la bouche de Regina. Il put même sentir le petite cicatrice qui ornait le coin de sa lèvre supérieur. Il plaça ses mains sur son visage pour intensifia ce baiser et lui donnait un avant-goût d'éternité. Enclin à la passion, Locksley lui mordit la lèvre inférieure en emprisonnant ses doigts dans les siens. Puis doucement, mais surement, il fit glisser ses mains sur son torse, pour qu'elle puisse s'en délecter à sa guise. Il chassa ensuite, la cape qu'il lui avait offerte et l'allongea délicatement au sol. Il plongea son visage dans son cou et renifla ses longs cheveux bruns. La reine pouvait ainsi sentir, le cœur de son sauveteur martelait avec acharnement sa poitrine. L'excitation le tuait à petit feu, tellement qu'il retira bien rapidement ce qu'il le couvrait encore. Son abdomen musclé, une fois dévoilé, fut traversé d'un spasme au contact de l'air frais, malgré le feu qui continuait à se consumer sans que personne ne daigne lui accorder la moindre importance.


Le voleur continua à déshabiller progressivement la jeune reine tout en se délecta des plaisirs de la chair. Il ne cessait de la regardait, elle lui paraissait encore plus belle vue sous cet angle. « -Vous êtes tellement belle...tellement... » Il n'eut pas le temps d'achever sa déclaration, car la reine déjà avide de sa bouche, se redressa et captura sans attendre ses lèvres, décuplant les émotions de l'archer, qui sentait à présent chaque souffle de vent caresser sa peau nue. Il découvrit alors un charmant corset mettant en valeur une charmante poitrine qu'il toucha avec douceur tout en laissant sa bouche s'y promener. La chaleur du feu se décuplait progressivement, tout comme celle qui émanait de leur corps. Les baisers étaient de plus en plus passionnés et les bouts de tissus de moins en moins présents. Robin inhalait l'air par bouffées tout en délestant la reine de ses derniers atours. Il sentait sa virilité grandir, tout comme le désir qui enflammé ses entrailles. Il se fit plus fougueux et mordille le lobe de son oreille gauche, la sentant ainsi se cambrer. Les mains bien expertes de l'homme sans lois, glissèrent le long des bras de la souveraine afin d'y capturer ses poignets. Son regard azur transpirait de fièvre, de désir, de passion, d'animosité. Sa langue caressa le contour de sa bouche afin de descendre le long de son cou parfumé. Il ferma les yeux pour mieux s'enivrer des senteurs de sa chair et des quelques vestiges d'une toilette hors de prix pour le commun des mortels. Puis sa bouche traça des sillons sur sa poitrine encore gentiment protégée aux yeux du voleur qui continuait à la torturer avec sa bouche profitant ainsi de ses courbes. Son entre-jambe se pressait contre son bas-ventre dans un rythme délicieusement lent. Enfin le voleur consentit à défaire le corset de la reine et à abaisser les dernières frontières qui séparaient son corps du sien. Nue à présent, ils pouvaient se livraient à toutes les folies. L'étreinte chaleureuse se transforma en une avalanche d'émotions. Robin embrassa encore Regina avant de lui appartenir totalement, espérant ainsi l'emporter vers les splendeurs et délices de la passion.


« -Je vous appartiens » dis-il dans un dernier souffle avant de se perdre dans les mouvements effrénés de son bassin, le cœur gonflé par un sentiment qu'il ne connaissait pas encore et l'âme assujetti à une passion également inconnue. Les baisers exultaient sous la passion dévastatrice qui accaparait les deux amants, mais les gestes ne demeuraient violents à aucun instant. Robin se faisait aussi doux que possible et refusait ainsi de rendre grâce à la débauche dans laquelle il l'avait l'habitude de plonger avec les femmes qui lui offraient une nuit. Avec Regina, il usait de caresses, de baisers, il la regardait comme un trésor inestimable et mettait tout en œuvre pour ne lui faire aucun mal. Il frémissait au gré de sa respiration saccadée, la sueur perlait de son front, il continuait ainsi ses vas et viens, contrôlant la cadence. Le feu avait perdu de son intensité, les flammes ne dansaient plus, elles tentaient vainement de perdurer tandis que les amants continuaient à se livrer l'un à l'autre sans la moindre modération. Puis, plusieurs minutes après la désertion, le feu éructa sa dernière flamme tandis que Robin émettait un dernier mouvement, avant que Regina ne se cambre une dernière fois. Puis elle laissa son voleur s'allongeait à ses côtés, tentant vainement de reprendre son souffle. Le ciel à présent entièrement dégagé, laissait paraître un nombre incalculable de petites lueurs. Robin récupéra sa cape et couvrit sa reine pour qu'elle ne prenne pas froid, puis il lui permit de s'installer contre lui avant de lancer paisiblement !


« -Vous croyez aux âmes sœurs ? »

WHAF IF !

▽ Regina Mils & Robin Locksley.

Jamais encore depuis son premier baiser avec Daniel, Regina ne s’était sentie si heureuse en présence d’un homme. Robin semblait être celui qu’il lui fallait pour panser son cœur meurtri, celui qui lui redonnerait foi en l’Amour. A chacun des baisers qu’il lui donnait, et qu’elle lui rendait au centuple, toute appréhension, toute colère, tout sentiment négatif s’estompait pour laisser place à des émotions toutes plus belles les unes que les autres. Il était si doux, si beau, ses caresses étaient si tendres, que son corps entier, chacune des infimes parcelles qui le composait, ne voulait faire qu’un avec le sien. Si elle l’avait senti hésitant au départ, il fut finalement comme animé par une force invisible, et la plaqua contre lui. Elle n’attendait que cela, être au plus proche de cet homme qui faisait à présent battre son cœur comme jamais encore il n’avait battu. Tout un tas de frissons lui parcoururent le dos lorsqu’elle sentit les mains puissantes de son archer s’y poser.

Lorsque Robin ôta ses vêtements, la jeune reine ne put s’empêcher d’admirer ce torse si bien dessiné qui lui faisait face, des muscles entretenu par l’exercice physique que demandait sa « profession » de voleur. Les yeux rivés sur ce corps qu’elle trouvait parfait, la brunette osa, d’une main un peu timide, frôler ses pectoraux, lorsque soudain, Robin attrapa ses mains pour les y plaquer plus directement, ce qui arracha un sourire à la jeune femme qui ne put s’empêcher de lui donner un nouveau baiser, un peu plus passionné encore. Regina se laissa ensuite déshabiller par les mains expertes de son voleur qui l’allongea délicatement au sol. A présent en corps-baleiné, elle le laissa se délecter de la vision de son corps menu sculpté par cette petite cage qui servait à faire se tenir droites les femmes, et qui au passage rehaussait la poitrine et affinait la taille. Robin allait lui dire combien il la trouvait belle. Non pas que cela déplut à la jeune femme, mais elle se l’entendait dire assez souvent, et machinalement, elle n’eut guère envie de retarder la prochaine rencontre de leurs lèvres d’un mot de plus. Alors, elle se redressa et lui vola un nouveau baiser.

Les caresses de l’archer sur la poitrine de la demoiselle lui procuraient de doux frissons. Elle se laissa ensuite libérer de son dernier rempart avant que leurs peaux ne se touchent tout-à-fait, absolument partout. Sa respiration se faisait un peu plus rapide, elle sentait le désir monter, bien qu’appréhendant quelque peu. Néanmoins, elle sentait qu’elle pouvait lui faire confiance. Elle en était désormais persuadée, la fée ne s’était pas trompée, et si leur rencontre avait été laborieuse au départ, il se trouvait à présent que pour rien au monde Regina ne souhaitait se défaire de cette étreinte. Chacune des caresses du beau Robin, avec ses mains ou sa langue, tirait à la jeune reine un petit gémissement de plaisir ou un souffle un peu plus chaud. Elle le laissa attraper ses poignets tout en se rallongeant doucement, le sentant tout contre elle. Malgré le manque de tissu sur eux, la chaleur ne faisait que grimper. Un « je vous appartiens » sortant de la bouche de son sauveur lui fit monter des larmes d’émotion qu’elle cacha en fermant les yeux, enfouissant son visage dans son cou avant de répondre dans un souffle.

-Je vous appartiens aussi…

Ils ne faisaient à présent plus qu’un, le plaisir que Regina ressentait était décuplé à chacun des mouvements de Robin. Cette sensation était incroyable, jamais encore elle ne l’avait ressentie. Elle avait l’impression de s’élever plus haut à chaque seconde qui défilait, tout en étant perdue dans un tourbillon incontrôlable, mais qu’elle n’avait en fait aucune envie de contrôler.  Il ne faisait aucun doute qu’elle se souviendrait de cette nuit toute sa vie durant. Alors que le feu avait totalement rendu l’âme, Regina avait l’impression que c’était son cas aussi, après une invasion de sensations toutes plus agréables les unes que les autres et dévastatrices à la fois. Son bel amant était à présent à côté d’elle, l’ayant recouverte de la chaude cape, tandis qu’elle reprenait peu à peu son souffle, fixant le ciel et les quelques étoiles qu’elle pouvait voir, un sourire aux lèvres, laissant rouler une petite larme sur sa joue.

-Oh Robin… C’était fantastique…

Ayant repris ses esprits, elle vint se mettre contre Robin, la tête délicatement appuyée sur son torse. Elle pouvait entendre son cœur dont les battements reprenaient un rythme normal peu à peu, bercée par sa respiration. Elle était bien ainsi, la jeune femme aurait souhaité que cet instant ne s’arrête jamais. Tout lui semblait si beau, si calme, si paisible. Elle ne ressentait plus aucune tension, aucune colère, son cœur était léger comme une plume. Regina ferma les yeux quelques secondes, savourant le contact avec le torse de son bel amant, n’éprouvant d’ailleurs aucune culpabilité après ce qui venait de se produire. Puis le son de la voix de Robin la sortit de sa rêverie, et elle se redressa pour le regarder. Un beau sourire étira doucement ses lèvres rosées, et elle hocha doucement la tête en caressant les cheveux de Robin.

-Bien sûr que j’y crois. Pas toi ? demanda-t-elle.

Regina était absolument convaincue que son âme-sœur se trouvait là, à quelques centimètres d’elle. Il la regardait, et sous son regard, elle avait l’impression de fondre. Ses yeux d’un bleu si intense était tellement expressifs, elle n’avait qu’une envie, se noyer dans cet océan qui semblait si pur. Regarder Robin aurait pu occuper ses journées entières, si cela était possible. C’était vraiment étrange, comme sentiment, tellement fort. Elle avait l’impression que son cœur ne lui appartenait plus. Non, à présent il appartenait à ce bel archer qui l’avait sauvée. Et elle en avait la certitude, pour rien au monde à présent, elle n’accepterait d’être séparée de lui. Elle était prête à le suivre partout, au bout du monde s’il le fallait. Elle déposa un baiser sur son torse avant d’y reposer sa tête, mais cette fois de façon à pouvoir voir son visage.

-Tu ne m’obligeras pas à retourner là-bas, n’est-ce pas ?

Elle le regardait, ses yeux brillaient d’une intensité encore jamais vue auparavant. Intérieurement, elle le suppliait de ne pas s’entêter sur ses premières paroles, quand il lui avait dit qu’à la tombée du jour il la ramènerait d’où elle venait. Le regard de Regina implorait un changement radical d’avis de la part de son sauveur. Après tout, même si la sagesse prônait cette décision, il l’avait prouvé, Robin pouvait aussi se montrer fou. Alors autant privilégier la folie une bonne fois pour toutes, et vivre pour soi, comme il l’avait dit peu avant. A présent qu’elle se sentait si bien, délestée de toute colère ou sentiment d’animosité, elle sentait que c’était lui qu’il lui fallait pour canaliser tout ça, que c’était lui qu’elle était prête à aimer toute sa vie durant, et lui qui saurait l’aimer comme elle en avait besoin.

-Ne me laisse pas redevenir cette personne pleine de colère que j’étais avant de te rencontrer… murmura-t-elle, comme pour appuyer sa demande.

Puis, elle ferma les yeux, attendant la fatidique réponse, espérant de tout son être qu’elle abonderait dans son sens. Si la réponse arriva plutôt vite, dans la tête de Regina, cette attente de sans doute pas plus de quelques secondes sembla durer une éternité. Une éternité au cours de laquelle son cœur s’était remis à battre plus vite et plus fort, tant l’appréhension l’avait gagnée. Les yeux fermés, elle revoyait chacun des instants clé qui avaient  composé leur étonnante rencontre. D’abord la fée, puis l’arrivée devant cette taverne miteuse. L’instant où elle l’observait, depuis l’extérieur à travers une vitre sale, n’ayant pour seul indice ce tatouage de lion sur son avant-bras. Puis, seule, elle avait pris son courage à deux mains pour entrer dans cet endroit crasseux, poussée et portée par un espoir si fort qu’elle en oubliait le lieu de débauche où elle venait d’entrer, ne prêtant pas attention aux regards pervers qui se posaient sur elle, fixant son cap, cet homme de dos, installé au bar. Et finalement la déception qui s’était emparée d’elle lorsqu’il avait manifesté des manières de rustre. La colère qu’elle avait ressentie vis-à-vis de la fée, qu’elle accusait intérieurement de s’être jouée d’elle. Puis la crainte qu’elle avait eue lorsque les deux malotrus s’étaient attaqués à elle. Ce sentiment de sécurité quand Robin était venu à son aide. Puis leur fuite dans les bois sur un cheval volé, cette exaltation qu’elle avait ressentie, ce sentiment de liberté, galopant ainsi dans la nuit, s’enfonçant dans la forêt. Et enfin leur rapprochement, au fil de la conversation, qui s’était terminé en apothéose. Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres en y repensant.

-Je veux t’appartenir pour toujours, et ce dès ce soir. Je ne veux jamais plus te quitter, finit-elle par murmurer en rouvrant les yeux.

(c) AMIANTE

What if...

« Je te conterai des histoires insensées. Nous peuplerons des terres d’ici et d’ailleurs. Pour toi, je monterais jusqu’aux cieux pour y décrocher quelques étoiles. Je t’offrirais tout de moi, mon corps, mon cœur, mon esprit, mon âme. O mystérieuse étrangère, j’ai l’impression de te connaître par cœur, de tout savoir de toi en un souffle, de tout comprendre en un regard… Ce soir, je t’ai appartenu, maintenant, je t’appartiens et demain, je t’appartiendrais encore… »

Voilà ce qui trônait dans la tête d’un voleur délesté du moindre doute. Là, ici et maintenant, alors que le feu continuait à mourir, son cœur, laissait si longtemps sur le bas-côté d’une route sans fin, reprenait quelques couleurs. Jamais encore, il n’avait ressenti autant d’émotions en si peu de temps. Il se sentait fort et faible à la fois et malgré ce qui venait de se passer, il ne ressentait pas une once de culpabilité et laissait paraître un grand sourire qui n’était pas prêt de s’amoindrir. Il continua alors à regarder les étoiles, laissant sa belle trouver refuge au plus près de lui. Pour l’accompagner dans cette délicieuse proximité, il passa son bras autour de sa taille et du bout des doigts, il commença à dessiner sur sa peau satinée, quelques cercles invisibles, tout en continuant à regarder les étoiles, priant pour que cet instant délicieux se convertisse enfin en éternité, pour que jamais, il n’est à se séparer de Regina. Le feu mourrait, mais laissé dans son sillage funeste quelques braises rougeoyantes ultimes remparts contre l’obscurité.

« -Vous croyez aux âmes sœurs » avait-il dit dans un souffle, convaincu que cette insolite interrogation, ne trouverait aucune réponse. Lui-même était incapable d’étayer le moindre raisonnement susceptible de le conduire à une hypothétique réponse. Malgré tout, il souriait, pour une fois dans sa vie, il se fichait de ne rien comprendre et aussitôt, les sages paroles de son précepteur lui revinrent en mémoire… Il avait sa réponse. Regina se redressa lentement et posa son doux regard sur un Robin enclin à la rêverie. La jeune femme souriait, un sourire que Robin pouvait percevoir malgré le peu de lumière qui les éclairait. La main chaude et rassurante de la reine se posa doucement sur la tête de l’homme avec qui elle avait partagé cette douce éternité sous les étoiles, puis elle commença à lui caresser les cheveux hochant la tête pour faire savoir à son amant, qu’elle croyait aux âmes sœurs et lui retourna l’interrogation.

« - Il y a longtemps, très longtemps, mon précepteur et moi nous avons une conversation très intéressante sur l’amour. À cette époque, ça n’était pas une priorité, mais je l’ai quand même écouté avec la plus grande des attentions. Il m’a dit alors, avec beaucoup de sérieux qu’il n’y a rien de plus beau que d’aimer une personne de tout son être et si par chance, cette personne éprouve le même amour, alors nous avons la chance d’être face à notre âme sœur. Moi comme un idiot, je lui ai demandé comment on faisait pour reconnaître cette âme-sœur ? J’étais surement un peu septique à cette époque, mais il ne s’est pas offensé. « C’est irrationnel » m’a-t-il dit « mais il y a des signes qui ne trompent pas. » Un cœur qui s’emballe, une âme qui s’exalte. Le véritable amour nous déleste de nos protections, de nos boucliers. Il nous amène à nous questionner, à bousculer les fondements de notre vie, peut-être même à y trouver un sens. Pour cette âme-sœur, nous sommes prêts à décrocher la lune à soulever les montages… »

Il la regarda attendrie et lui sourit en posant délicatement sa main sur sa joue. Elle l’avait pourfendue jusqu’au tréfonds de son âme. Il était incapable de comprendre, ni même de l’expliquer, mais il la désirait encore, il la voulait près de lui et se sentait près à passer l’éternité à ses côtés, peu importe le prix. Il était près à se damner pour être avec elle, près à traverser des océans, à déplacer des montages, à combattre toute une armée. Oui, c’était étrange comme sentiment, mais tellement puissant, aussi évident que la réponse aux supplications d'une reine en détresse. Non, il ne pouvait se résoudre à la ramener dans cette austère demeure où sa présence était éclipsait par celle de la fille du maître des lieux. Cette fois encore, il était tiraillé entre le cœur et la raison. Regina, malgré son aversion à peine voilée, était mariée et tôt ou tard, son époux ferait valoir ses droits, des droits auxquels Robin songea avec dégoût. Que devait-il faire ? Pouvait-il se permettre une telle folie ? Regina soucieuse d’avoir une réponse, s’approcha de son nouvel amour et le supplia une fois encore de ne pas la ramener. Il ne pouvait la laisser devenir une femme amère et pleine de colère, elle méritait mieux, et même s’il ne possédait aucune richesse, il était certain de pouvoir la rendre heureuse.

« - Je ne veux pas passer ma vie à regretter d’être passé à côté du grand amour. Alors tant pis pour la raison, je préfère la folie. Je veux moi aussi t’appartenir pour toujours et ne jamais te quitter, parce que j’ai la certitude que ce vieux fou avait raison et que j’ai face à moi mon âme-sœur. Et aussi fou que cela puisse être, je suis près à t’aimer sans concession jusqu’à la fin. C’est tellement évident… »
Les yeux de Robin pétillaient sans cesse, son sourire demeurait encore et encore. Il s’approcha délicatement, remit une mèche ébène derrière l’oreille de sa tendre. Le ciel à présent dégagé, éclairait partiellement son doux visage. La main prévenante de l’archer retrouva la joue rosie de la reine. « -Reposes-toi un peu, tu as besoin de force autant que moi » Il s’allongea à nouveau et l’entraina dans son sillage. Il la couvrit à nouveau et l’entoura de ses bras puissants. « -Si tu regarde le ciel assez longtemps et que tu y vois une étoile filer, ferme les yeux, prends une grande inspiration et fais un vœux. C’était quelque chose que j’adorais faire quand j’étais enfant et ça marche, j'en ai la certitude maintenant »

WHAF IF !

▽ Regina Mils & Robin Locksley.

Regina redoutait si fort la réponse de Robin, mais d’un autre côté, tout en elle la poussait à croire qu’il ressentait la même chose, qu’il ne fallait pas qu’ils se séparent. Même si la réponse de son voleur ne tarda pas à arriver, la demoiselle avait l’impression de l’avoir attendue une éternité, au cours de laquelle son cœur martelait sa poitrine. Elle l’écouta d’abord lui conter une anecdote, néanmoins marquante, sur une discussion qu’il avait eue, plus jeune, avec son précepteur. Ce récit était plein de nostalgie, c’était touchant, et la jeune reine se surprit à essayer d’imaginer Robin en jeune garçon attentif aux dires de son précepteur. Elle ferma de nouveau les yeux en sentant la main de l’archer contre sa joue. Les paroles du précepteur semblaient si bien définir ce qu’elle ressentait pour Robin, c’était incroyable. La fée avait raison, cet homme était réellement son âme-soeur, elle en était absolument certaine, cela ne faisait aucun doute. Elle le regardait, les yeux brillants, et lorsqu’enfin il lui donna la réponse qu’elle attendait, la belle brune ne put retenir ses sanglots. Des larmes de joie roulèrent le long de ses joues alors qu’elle se précipitait pour embrasser son bel amoureux. Elle ressentait à présent un tel soulagement, c’était inexplicable, comme si, soudain, plus rien ne pouvait l’atteindre. Elle savait qu’elle resterait avec lui, et dans ses bras, elle se sentait protégée comme jamais.

Il se rallongea, l’entrainant avec lui, et Regina se laissa bien volontiers faire. Elle appuya délicatement sa tête contre le torse de son homme, collant son corps nu au sien. Ainsi recouverts par l’épaisse et chaude cape, la chaleur de leurs corps était conservée. L’écoutant parler, elle regardait le ciel, observant les étoiles. C’était un spectacle magnifique que de voir ces milliers de petites lumières ainsi éclairer le ciel obscur, formant de petits dessins que l’imagination de chacun avait la liberté d’interpréter. Robin lui parlait des étoiles filantes. Quel enfant n’avait jamais essayé d’en voir une pour pouvoir faire un vœu ? Cette pensée la fit sourire, et attentive, bien que fatiguée, ses yeux restaient braqués vers le ciel. Et miraculeusement, une petite trainée lumineuse fit son apparition.

-Tu l’as vue ? s’exclama-t-elle, amusée.

Sans attendre, elle exécuta le conseil de Robin, ferma les yeux et fit un vœu, celui de pouvoir passer toute sa vie au côté de celui qu’elle aimait : Robin Locksley. Un sourire se dessina sur ses lèvres, et elle ne rouvrit pas les yeux, restant ainsi blottie contre son homme. Elle était bien, ainsi, au chaud contre lui, entourée de son bras protecteur. Regina ne s’était jamais sentie aussi bien de toute sa vie. Le bonheur, c’était cela, elle en était sure. Et maintenant qu’elle le touchait du doigt, elle ne voulait pas le laisser filer. Paisiblement lovée tel un chat, la jeune reine ne tarda pas à s’endormir, bercée par la respiration et les battements du cœur de son bel amour. Un sommeil, pour une fois, serein, sans cauchemar, un vrai sommeil réparateur, avec de doux rêves dans lesquels, bien sûr, un certain Robin Locksley était présent. En dormant, le sourire ne quittait plus ses lèvres.
Comme toute bonne chose a une fin, la nuit finit par s’achever, laissant place au commencement d’une nouvelle journée. La jeune reine sentit les premiers rayons de l’astre sur sa joue, ce qui ne tarda pas à la réveiller. Elle constata avec joie que Robin était toujours là, et que tous ces merveilleux moments n’étaient pas que des rêves. Elle entreprit alors de se rhabiller, s’extirpant délicatement de sous la cape, pour ne pas le réveiller. Il avait surement besoin de se reposer après tout ce qui s’était passé la veille. Elle en était à lacer le décolleté de sa robe quand enfin son bel archer ouvrit les yeux, ce qui arracha un sourire à Regina.

-Bonjour. Tu as bien dormi ? lui demanda-t-elle joyeusement.

Le cheval était toujours là et s’était rapproché, sentant que les deux humains étaient réveillés. Regina lui caressa l’encolure, sans pour autant quitter Robin des yeux.

(c) AMIANTE

What if...

L'amour c'est ça. C'est une fulgurance, un moment suspendu dans le temps. C'est une sensation aussi inexplicable qu'irrationnelle. L'amour c'est une force, une faiblesse, c'est une addiction, un remède... L'amour est un tout, il est évident qu'il est pluriel. Il y a autant d'amour qu'il y a d'amoureux. Pour Robin qui ne s'accommodait point de ces choses-là, c'était une découverte, la révélation d'un mythe auquel il n'avait jamais cru jusqu'alors. Mais aveugle et sourd, il était dans l'erreur et comprenait à présent que les croyances populaires, que les histoires que l'on se raconte, que cette magie qui charme les êtres, n'est pas le fruit d'une imagination fertile, tout cela existe il en avait la preuve sous les yeux. O belle créature mystérieuse, femme attachante autant qu'elle est fascinante, forte et fragile à la fois, vecteur d'un coup de foudre en pleine cœur. Sa peau au goût de miel, aussi douce qu'une plume avait conquit définitivement le voleur qui se sentait ampli d'une sensation qu'il n'avait jamais encore appréhendé. Il se sentait fort, inébranlable, invincible, mais seulement en sa présence. Pour rien au monde il n'était près à se dépêtre de cette nouvelle sensation qui lui offrait enfin la possibilité de se délesté du malheur, au profit d'un bonheur total et amplement mérité.


La réalité aux accents d'éternité, était aussi douce qu'un songe. Robin ne voulait plus partir ancré dans ses yeux, il avait enfin trouvé son "chez lui" Tout n'était qu'évidence à présent et peut importe les détracteurs et les obstacles, le voleur se sentait prêt à batailler avec l'ardeur d'un lion, pour défendre SON territoire, SA reine et qu'importe qu'elle soit promise à un autre. Pour le coup il se fichait bien de son code d'honneur. Après tout Regina n'était pas heureuse, elle n'aimait pas le roi Léopold son époux, alors à quoi bon la laisser dépérir dans un château trop grand, au sein d'une cours trop superficielle, dans un monde trop hostile à sa personne ? Elle n'existait pas à leurs yeux, tandis que dans ceux de l'archer, la reine était aussi précieuse que les plus belles pierres d'Arabie, que les plus grandes richesses de l'honorable Midas, aussi belle que les cerisiers en fleurs inhérentes à la province natale de Mulan. Toutes les merveilles de ce monde ne parvenaient à trouver échos auprès de Robin, qui ne voyait que Regina, la plus belle de toutes les choses qui lui eût été donné de voir.


La voix de Regina brisa le silence qui s'était de lui même imposé suite à l'anecdote de l'archer. Le sourire et le doigt levé vers l'horizon scintillant, la jeune reine déclara d'une fois presque enfantine, avoir aperçu une étoile filante. Le sourire aux lèvres, le jeune homme leva le regard espérant lui aussi entrevoir une traînée lumineuse embrasait le ciel, mais rien, il l'avait manqué de peu cette fois. Il reporta ainsi toute son attention sur la jeune femme blottit contre lui.  "-Tu as fait un voeux ?" dit-il en posant ses lèvres sur le sommet de son crane. Puis avant même qu'elle ait le temps d'ouvrir la bouche pour répondre à l'interrogation qui venait de lui être posée, Robin posa un doigt bienveillant sur ses lèvres pulpeuses. "-Il ne faut jamais dire à voix haute le voeux que l'on a formulé, sinon quoi il ne se réalisera pas" Leur regard s'accrocha à nouveau ponctué d'un sourire exécuté dans une parfaite synchronisation. Tout paraissait si simple avec Regina, même un sourire. Jamais encore le jeune homme ne s'était sentit aussi bien avec quelqu'un. Elle avait ce don et nul doute qu'elle le conservera encore longtemps, pour l'apaiser, le comprendre, calmer ses craintes, dompter ses ardeurs. Avec elle, plus aucun trouble ne semblaient régir son esprit, il était bien, vraiment heureux pour la première fois de sa vie.En délestant les riches de leur trop plein de fortune pour l'offrir à ceux et celles qui au contraire n'en avait aucune, Robin de Lockskey dit "Robin Hood" avait donné un sens à sa vie, mais en faisant la connaissance de cette femme, qui est plus est reine, c'est un horizon entier qu'il s'était offert. La douce promesses d'un futur, d'une vie à partager, une évidence aussi rationnelle qu'incontestable. Regina fut la première à quitter ce monde pour le doux royaume onirique de Morphée. Par habitude, Robin resta veillé un long moment avant d'être, à son tour happé par le sommeil, les bras toujours placés autour de son étoile endormie. Harassé, il ne put lutter d'avantage et se condamna à un doux sommeil en charmante compagnie.


« -Hum... » maugréa-t-il à l'encontre du soleil et de la chaleur qui venait à lui manquer. Les quelques rayons du bel astre, transpercèrent le feuillage des arbres et se posèrent près de Robin qui émergea progressivement de sa léthargie. Son regard se posa aussitôt sur une belle jeune demoiselle qui achevait de se rhabiller le sourire aux lèvres. « -J'ai merveilleusement bien dormi milady. Je crois que c'est la meilleure nuit que j'ai passé depuis...longtemps et je suis forcé de constater que je n'ai pas rêvé et qu'une magnifique créature à partager ma nuit. » Il se redressa et posa ses lèvres sur l'épaule dénudée de la jeune reine qui caressait délicatement leur monture. « -Il doit avoir soif. Je vais m'habiller et nous lèverons le camp pour tenter de lui trouver un point d'eau. Ensuite, je te kidnappe et jamais plus tu ne reverras ce château. Qu'est-ce que tu en dis ? J'ai même mieux à te proposer. Et si tu m'épousais ? »

WHAF IF !

▽ Regina Mils & Robin Locksley.

Les rêves ont cela de magique que lorsque nous sommes au milieu d’un songe des plus agréables, nous voulons nous forcer à croire qu’il s’agit en fait de la réalité. Mais le retour à cette dernière peut s’avérer bien difficile, lorsqu’à son réveil, l’on s’aperçoit que notre vie est en fait loin de ressembler à cet idéal que notre subconscient nous avait permis d’entrevoir.
Mais pour son plus grand bonheur, lorsqu’elle avait ouvert les yeux, Regina avait constaté avec joie qu’elle n’avait pas rêvé, Robin était bel et bien là, endormi à ses côtés. Cet homme, cette âme-sœur avec qui elle avait partagé une première nuit, au cours de laquelle ils s’étaient promis de partager toutes les suivantes. Lorsqu’enfin il s’éveilla à son tour, non sans râler après l’astre solaire, il avait émis le même constat, ce qui avait fait sourire la jeune reine. Il lui déposa un baiser sur l’épaule, ce qui arracha à la jeune femme un sourire tendre. Elle retira sa main de l’encolure du cheval pour venir prendre délicatement le visage de son bel archer et déposer sur ses lèvres un baiser.

-Oui, tu as raison, la rosée du matin ne lui suffira pas. On pourrait essayer d’aller voir par là, dit-elle en désignant une direction.

Elle le laissa se lever à son tour, détournant le regard lorsqu’il se rhabilla, braquant ses yeux sur l’étalon qu’elle gratifia d’une nouvelle caresse affectueuse, lui chuchotant à l’oreille qu’ils allaient bien s’occuper de lui, tout en lui replaçant sur le dos tapis et selle. Son cheval lui manquait, elle espérait qu’ils pourraient aller le chercher. Et soudain, quelque chose d’inattendu se produit. Robin proposa de la kidnapper afin qu’elle ne revoit plus jamais ce château qu’elle trouvait sinistre et ennuyeux. Un grand sourire se dessina sur ses lèvres à ce moment-là. Mais juste après, son voleur lui proposa carrément de l’épouser, ce qui laissa la demoiselle bouche bée. Son cœur se mit à s’emballer, elle se demandait si ses oreilles ne lui avaient pas joué de tours, si elle avait bien entendu. Mais au vu de l’expression du visage de Robin, Regina ne s’était pas trompée, c’était bel et bien une demande en mariage. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux et franchit à la hâte le peu de distance qui les séparait pour lui prendre les mains.

-Oh Robin, j’en rêve ! Devenir ta femme est mon souhait le plus cher, s’exclama-t-elle en l’embrassant. Mais comment faire, je suis déjà mariée…

Elle se mordit la lèvre inférieure, réfléchissant à une solution. Si elle retournait au château pour demander l’annulation du mariage, sa mère l’attendrait de pied ferme et l’enfermerait probablement quelque part. Il fallait sans doute simplement s’enfuir loin, très loin. Elle se perdit dans des dizaines de réflexions, tenant dans sa main celle de l’homme de sa vie, et machinalement, avançait le long du chemin qu’elle avait désigné un peu plus tôt, en quête d’un point d’eau pour leur monture, et accessoirement pour eux aussi. Ils ne tardèrent pas à apercevoir un petit ruisseau. Regina lâcha la main de Robin, et emmena le cheval afin qu’il puisse boire. A son tour, elle se baissa pour recueillir un peu d’eau au creux de ses mains pour s’en désaltérer, et se passer un peu du frais liquide sur le visage. Elle regarda ensuite l’étalon, puis Robin.

-Et si nous partions, très loin. Juste toi, moi et nos chevaux. On irait chercher Lord et Uffington et…

Et puis elle se souvint que son bel archer appartenait à un clan, qu’il s’était déjà tracé un chemin, une vie, une ligne de conduite, qu’il avait des amis, des gens qui tenaient à lui et à qui il tenait. La belle brune se rendit compte de l’égoïsme de sa proposition et baissa les yeux.

-Et je suis ridicule de te demander ça. Excuse-moi.

Elle avait déjà essayé de s’enfuir une fois, au triple galop sur son cheval, et sa mère avait réussi à la récupérer avant même qu’elle ne sorte du domaine. Si elle ne partait pas maintenant, le plus loin possible, Cora la retrouverait et ferait tout pour que les gardes du roi la ramènent, c’était certain. Ce serait un retour à la case départ, et Robin aurait probablement de gros soucis. Regina n’avait absolument aucune envie qu’il connaisse le même sort que Daniel. Rien que cette pensée lui serra le cœur. Elle vint alors se blottir dans les bras de son voleur, tout contre lui, le seul endroit où elle se sentait totalement en confiance et en sécurité.

-Qu’allons-nous faire ? Dis-moi que tu as une solution, dit-elle en plongeant son regard humide dans les yeux océan de son homme.

Ses yeux, elle aurait très bien pu s’y perdre, s’y noyer avec un plaisir incontesté. Mais pour l’heure, elle y cherchait plutôt des réponses, quelque chose de rassurant, de réconfortant.

(c) AMIANTE

What if...

« -Et si tu m'épousais ? » lui avait-il dit sans vraiment réfléchir. Pris par la fougue et sous le joug de la passion, le goût de l'aventure ne lui faisait plus peur. Et quelle aventure ! Jamais encore, il ne s'était laissé emporté de la sorte. Lui qui d'ordinaire, exigeait de ses camarades, une préparation, lui qui leur incombait de ne rien laisser au hasard, avant décidé de ne pas se soumettre à la raison et laissé l'amour le guidé vers l'inconnu. Régina regarda Robin, sans comprendre vraiment ce qui venait d’arriver. Sa bouche entrouverte laissait supposer son état de surprise. Robin, qui ne regrettait pas le moins du monde, son élan de fougue, resta quant à lui silencieux Il ne pouvait cependant s’empêcher de sourire, tel un enfant émerveillé par monts et merveilles. S’en suivit quelques secondes, avant que la jeune femme ose faire entendre le son de sa voix. Son regard à damner tous les saints de ce monde, pétillait avec une candeur susceptible de faire fondre toute une banquise. La jeune Reine, qui n’obéissait plus à aucun code, prit les deux mains de son voleur. A ce moment précis, Locksley savait qu’il avait pris la bonne décision. Demander la main de Régina n’était pas une pulsion, ni un acte réfléchit, c’est un fait. Malgré tout, l’archer savait sans se l’expliquer, qu’il avait pris la bonne décision. Un tel sentiment ne peut se dupliquer, certes l’on peut aimer plusieurs êtres, ne soyons pas naïf, mais à une telle intensité, c’est impossible. Elle l’obsédait même dans son sommeil, tout chez elle était un motif de rapprochement. Son âme teintée d’obscurité semblait protégée un cœur au moins aussi bon que celui du voleur. Sa voix, son parfum, son corps, tout le comblaient, rien ne le rebutait. Pour elle rien n’était impossible, pour elle, il était près à tout abandonner, à lui donner toutes ses possessions, à lui faire cadeau de sa vie, à se rendre sans combattre. Alors, lorsqu’enfin, elle daigna parler, une partie de lui exulta, mais une autre due accepter de se prendre la réalité en pleine face. Elle était mariée, cette donnée ne lui avait pourtant pas échappé, mais l’entendre ainsi prononcer donné un caractère incontestable à la chose.


« -Je sais, je sais… J’aimerai tant de défaire de ce lien » lui dit-il en posant ses mains protectrices sur son doux visage. « -Le Destin joue avec nos nerfs autant que la fatalité »


Régina se mordit la lèvre inférieure face à un tel constat et malgré la gravité de la situation, Robin ne pouvait que trouvé adorable ce tic qu’il partageait avec elle sans le savoir. Lui-même finissait par se prêter au jeu de la réflexion, espérant être le premier à trouver la bonne solution, l’alternative à ce trouble qui non élucidé pourrait ériger de sérieux obstacles sur le chemin menant au bonheur. Peut-être devaient-ils fuir tout simplement, se retirer aux confins du royaume et disparaître pour toujours sans que personne ne puisse les trouver. Peut-être devrait-il renoncer, mais le pouvait-il vraiment ? Par amour était-il prêt à tout perdre ? Rien n’est moins sûr, car voyez-vous, messire Robin est un homme d’honneur qui ne peut s'affranchir de son code, il a des principes et l’amitié, plus que tout, constitue l’un des fondements de son existence. « On vit ensemble, on meurt ensemble » tel était le credo des Merry-men. Le sourire de Robin s’estompa peu à peu, perdu dans ses réflexions, il lui était à présent impossible de savoir à quel saint se vouer. Les deux amants, silencieux, continuèrent à marcher en quête d’un point d’eau pour permettre à leur monture de s’abreuver. Après quelques minutes de marches, chacun perdu dans ses pensées, un petit ruisseau fit son apparition. Régina quitta la main de son archer puis accompagna le cheval jusqu’au point d’eau. Robin soucieux de la sécurité de la jeune femme, la suivit et en profita pour lui-même se passer un peu d’eau sur le visage. L’eau d’une clarté sans pareil, n’en demeurait pas moins fraîche, suffisamment pour vous revigorer un brave gaillard. Passé la toilette, Robin en profita enfin pour se désaltérer sous le regard de Régina qui continuait à étayer sa réflexion. Le voleur se redressa donc et lui offrit toute son attention


« -Quoi ? On partirait loin avec nos chevaux et ? Régina qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi serais-tu ridicule ? Tu cherches une solution, tu essaies, moi, j’ai bien du mal à savoir. Je ne veux pas mettre mes compagnons en danger ni toi d’ailleurs. » Mais peut-être que la fuite était la meilleure des solutions. Peut-être devraient-ils cesser d’exister aux yeux des autres. Fuir encore et toujours, vivre caché, sans trêve… Non Robin ne pouvait se résoudre à emprunter cette voie. Une autre solution devait exister, ils ne pouvaient pas rester ainsi face à l’adversité. « -Qu’allons nous faire ? Dis-moi que tu as une solution ? » demanda la souveraine presque aussi désemparée que son archer. Ce dernier ne put résister à l’appel de la proximité. Il combla donc la distance, la prit sans ses bras et sécha du revers du pouce ses premières larmes. « J’aimerais te dire que j’ai une solution, mais cela serait mentir. Régina, je ne veux pas fuir toute ma vie, je ne veux pas devoir me cacher, je veux vivre mon amour pour toi au grand jour. Je veux t’offrir une belle vie, je veux que tu sois heureuse. La fuite n’est pas une solution. Peut-être devrais-je défier ton mari en duel. Ou bien peut-être est-ce ta propre mère que je devrais défier. »


« -Vous n’aurez personne à défier » déclara une voix au combien familière à Regina. Les deux amants se retournèrent et reconnurent les chasseurs dont Robin s’était joué à la taverne, mais la personne qui attira l’attention de la jeune reine, était fièrement postée sur son cheval blanc accompagné de ses soldats. Robin reconnut le souverain et se tourna vers Regina « -Tu es l’épouse du Roi Léopold ? Mais c’est un homme bon et… (il serra la mâchoire) un ami fidèle du Roi Richard »


« -Un roi que vous avez bafoué voleur. Garde ! Capturez-le ! Quant à vous, Régina, je vous demande de prendre place. » Le cheval de la belle s’approcha aussitôt. Les gardes se jetèrent sur Robin et l’immobilisèrent aussitôt, pour le coup, il ne s’était pas débattu. Attaché, il fut placé à l’arrière du cortège et resta silencieux jusqu’à leur arrivée au Palais.

WHAF IF !

▽ Regina Mils & Robin Locksley.

Robin faisait preuve d’une telle compréhension à son égard, d’une telle gentillesse, alors que Regina se sentait bête de n’arriver à trouver de solution convenable. Elle se sentait si bien en sa compagnie, dans ses bras, tout contre lui. Mieux qu’elle ne l’avait jamais été. Il savait la soutenir, l’aider à se sentir mieux quand elle perdait pied. La sensation de sa main chaude sur sa joue lui conférait plus de force encore que n’importe quoi d’autre. Elle sentait qu’il était prêt, tout comme elle, à bien des choses pour sauvegarder leur amour. Ils s’étaient tous deux passé un peu d’eau fraiche sur le visage, de quoi réveiller un peu mieux les esprits. Alors que Robin proposait de défier le mari de Regina, ou carrément sa mère, celle-ci allait protester vivement, ayant encore en mémoire l’affreux souvenir de Cora arrachant le cœur de la poitrine de Daniel. Mais avant qu’un quelconque son ne sortit de sa bouche, c’est une autre voix qui vint l’interrompre : celle de Léopold. C’est bouche bée que la jeune reine se retourna vers son mari, les yeux ronds comme des soucoupes. En une fraction de seconde, elle écarta la question qu’elle venait de se poser, à savoir comment il avait bien pu faire pour la retrouver. La réponse résidait en la présence des deux brutes que Robin avait affronté la veille pour la protéger.

Le cœur de la demoiselle battait à tout rompre, elle sentait les larmes à nouveau monter, mais faisait tout pour ne pas les laisser dévaler son visage. Robin sembla s’offusquer en apprenant l’identité du mari de sa nouvelle conquête. Celle-ci se mordit la lèvre, réalisant qu’elle n’avait en effet pas précisé ce léger détail. Elle n’avait néanmoins jamais dit qu’il était mauvais, loin de là. Elle se plaignait seulement du fait de ne pas compter, d’être quasiment inexistante à ses yeux, et d’en être très malheureuse. Le roi ordonna qu’on capture le voleur. Regina tenta de leur faire obstacle, en vain.

-Je vous en prie, ne lui faites pas de mal ! s’exclama-t-elle.

Léopold lui ordonna de prendre place sur son cheval qu’il avait pris soin d’emmener. Regina dut bien y consentir. Ses yeux ne quittaient pas le sol alors qu’elle parcourait la courte distance qui la séparait de sa monture. Alors qu’ils étaient en route, la jeune femme tenta de plaider la cause de son archer.

-Je vous en supplie, Léopold, faites preuve de compréhension. Cet homme m’a sauvé la vie. Ces deux brutes que vous avez emmenées avec vous s’en prenaient à moi. S’il n’avait pas été là, Dieu seul sait ce qu’il serait advenu de moi.

Qu’allait-il faire de lui ? Le jeter en prison ? Ou pire, l’exécuter ? Sa mère s’en chargerait si elle apprenait ce qui s’était passé. Regina, voyant l’indifférence de son mari, laissa alors rouler de grosses gouttes salées le long de ses joues, tentant d’apercevoir son voleur à la fin du cortège, en vain. Tenter une escapade comme celle de la veille semblait totalement impossible. La situation semblait des plus compliquées.

Ils finirent par gagner le palais. Regina ne savait que faire, que dire pour alléger la gravité de la situation. Léopold semblait furieux, cela pouvait se comprendre. Il descendit de cheval en silence, la mine renfrognée et entra d’un pas décidé. Regina allait descendre à son tour, quand un garde vint l’aider. Elle le repoussa sèchement.

-Oh ! Mais poussez-vous, laissez-moi passer !

Elle le fit s’écarter de son chemin pour se précipiter derrière son mari afin de réitérer sa demande, afin que Robin soit libéré.

-Je vous en prie, Léopold, écoutez-moi !

Il fallait qu’elle lui fasse entendre raison coûte que coûte avant que sa mère ne soit mise au courant, sans quoi, les retombées seraient dramatiques. La jeune femme finit par se placer devant le roi, afin que celui-ci s’arrêter dans son avancée.

-Je vous en conjure, écoutez-moi, dit-elle d’un ton plus calme en lui prenant les mains. Pouvez-vous faire preuve de compréhension ? Je sais que vous êtes un homme bon, et un bon roi aussi.

Elle se souvint alors des paroles de Robin. Léopold et Richard « Cœur de Lion » étaient amis.

-Robin Locksley, que vous venez d’arrêter, était un protégé du roi Richard, Richard Cœur de Lion. Vous ne voudriez pas salir la mémoire de feu votre ami en faisant du mal à un homme qui comptait pour lui, n’est-ce pas ? Et qui plus est, un homme qui m’a sauvée. Je vous en prie, je suis la seule à blâmer, pas lui. Si vous devez punir quelqu’un, c’est moi et moi seule.

Elle le regardait avec toute l’intensité dont son regard était capable, espérant le convaincre d’épargner Robin. Regina espérait que Léopold ne serait pas insensible à l’évocation de ce vieil ami qui avait fini par périr prématurément. Elle espérait que cet argument aurait un poids suffisant pour faire entendre sa cause. Plus que tout, elle espérait que Robin ne serait pas maltraité. Elle ne serait pas capable de vivre en sachant que par sa faute, son voleur ait pu souffrir, être blessé, ou pire, être tué. Survivre à deux amours défunts n’était pas envisageable. Il fallait absolument agir, et vite. Cora se serait surement pas loin, il fallait l’empêcher de connaître le fin mot de l’histoire. Il fallait faire partir Robin du château avant qu’elle n’ait pu lui faire du mal. Cette réflexion était à présent l’idée fixe de Regina. Il fallait sauver Robin de Cora.

(c) AMIANTE