When I see you again ~ Neïlina & Charlie

Alors que le soleil est à son zénith au-dessus de Storybrooke, je marche lentement vers le centre, Lupo marchant fidèlement à mes côtés. C’est une belle journée de fin août et pour une fois, je suis d’assez bonne humeur. Je ne me suis pas réveillée avec une gueule de bois monstre, faute de soirée. Et en plus de cela, plusieurs chiens sont partis avec une nouvelle famille. Rien de mieux que de voir ces bêtes partir vers une autre vie. Bien que mon chenil soit quand même un palace. La pleine lune n’est que dans une semaine, huit jours exactement. Alors oui, étrangement tout va bien. Je ne sais pas si ça va durer mais pour un jour dans l’année, les habitants de cette petite ville ne se feront pas sécher sur place par mon regard. Aujourd’hui, je vais contenter de juste les ignorer. Il ne faut pas abuser non plus, je ne vais pas allez leur faire des câlins et des embrassades. J’ai fait le trajet chenil-centre-ville à pied, histoire de profiter un peu de ce temps. Et puis en même temps, je réfléchis à l’endroit où je vais manger. Soit je vais chez moi. Soit je vais chez Granny. Ou soit je prends à emporter chez Granny et je vais me poser à la plage. La dernière option me semble la plus préférable. Alors je ferais ça.

Rapidement, j’arrive chez Granny et je sais que les regards se tournent vers moi lorsque je rentre. Et en plus avec mon chien. Ouais, ils ont l’habitude de me voir avec une sale gueule de bois et là, me voir avec un teint parfait et des yeux non cernés de noir, ça doit leur faire un choc. Et histoire de bien faire parler, je leur fais même un sourire. Un sourire faux, qu’on se le dise mais quand même. Une fois devant Granny, je commande des frites, un hamburger et un soda. Un repas des plus équilibrés n’est-il pas. Elle me fait légèrement patienter puis quelques minutes après, je repars avec mon sac et mon chien, toujours à mes côtés. En sortant du restaurant, je croise une jeune femme qui me rappelle étrangement quelqu’un. Elle ne semble pas me remarquer, à moins que ?,  mais pourtant, je me retourne pour bien l’observer. Ces cheveux et cette silhouette me disent vraiment quelque chose. Comme un fantôme qui surgit du passé. Mon chien aboie et je sors de mes pensées afin de rejoindre la plage. Mais cette femme est toujours dans mes pensées, sans que je ne sache qui elle est vraiment.

Une fois arrivée, je m’installe sur le sable, assise en tailleur, face à la mer et Lupo s’assoit à mes côtés. Je déballe mon repas et je commence à manger. Mon chien, quand à lui, s’amuse à courir après les vagues et à revenir vers moi lorsque l’eau remonte sur le sable. Je souris en le regardant et je lui donne quelques frites lorsqu’il revient vers moi. Il n’y a pas trop de monde, je suis étonnée. Surtout par le temps qu’il fait. Je termine mon hamburger rapidement, j’avais faim, trop faim, et je termine en picorant doucement mes frites, sans oublier Lupo. Puis je sens une présence derrière moi. Présence qui en vient à s’assoir à côté de moi. Outrée, je lance sèchement :

« La plage n’est pas assez grande peut-être ? »

Ouais je suis de bonne humeur mais tout de même. Je n’aime pas les gens. Je ne les aimerai jamais. Alors ce n’est pas pour qu’ils viennent s’assoir à côté de moi. Puis je tourne ma tête vers la personne assise à côté de moi et là, ma bouche s’ouvre de surprise. Je n’en reviens. Elle est ici. Pour le coup, c’est une surprise agréable. Tellement agréable.

« Milady ? Non sans déconner t’es ici ? »

Je montre un peu trop d’entrain à ma voix mais bordel, elle m’a manqué. Elle l’était l’une des seules personnes dans notre monde que j’aimais, en dehors de la meute bien-sûr. On se comprenait. On se complétait, à la manière de jumelles infernales.


    

Je n'ai jamais vraiment eu de véritables amis, des personnes en qui j'ai vraiment confiance, en dehors de la meute. Je passais la plupart de mes journées avec eux, pour ne pas dire toutes mes journées. Mais il y avait une personne, une seule, en qui j'avais une confiance aveugle. Milady de Winter. Cette femme là, disons qu'elle était mon double. Je ne lui ai jamais avoué ce que je ressentais vraiment pour elle mais elle était une amie proche et je la considérais comme une membre à part entière de la meute. Sans les poils et les grognements. Et c'est d'ailleurs pour elle, pour l'estime et la reconnaissance que j'éprouvais, que j'ai tué. Plus d'une fois. J'ai tué ceux qui osaient se mettre en travers de son chemin, ceux qui savaient son secret. Secret que je n'ai jamais dévoilé d'ailleurs. Nous n'avons pas fait de pacte de sang, mais c'est tout comme. Nous deux, c'était à la vie, à la mort. Et ne pas encore l'avoir croisée dans cette ville m'attriste. Je ne l'ai pas revu depuis ce jour où j'ai tué son beau-frère. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé après. Comme elle me l'avait conseillé, j'ai emmené la meute dans un autre domaine, abandonnant notre grotte. Nous avons trouvé refuge dans une espèce de maison de maitre abandonnée, s'auto-proclamant maitres des lieux. Et ensuite, plus rien. Je n'ai plus jamais entendu parler d'elle. Enfin comme nous disons souvent, le destin est fourbe et sait se jouer de nous.

Ça aurait dû être une journée normale, journée que j'aurais dû passer au chenil, après avoir pris mon repas sur la plage. La plage est très certainement la partie de Storybrooke que je préfère. C'est calme, reposant et durant cette période de l'année, il n'y a presque personne. Seuls quelques courageux osent tremper leurs pieds dans l'eau glacée. Ça revigore l'esprit, parait-il. Moi je pense juste qu'ils sont fous à lier. Je regarde avec amusement Lupo faisant des vas et viens entre la plage et moi. Et je ne peux m'empêcher de penser à cette femme, ce fantôme qui semble resurgir de mon fantôme. Je l'ai déjà vue, j'en suis sûre et certaine. Mais une présence me sort de mes pensées et d'une voix froide, je lui intimide très gentiment de dégager. Mais cette personne prend ses aises et s'assoie. Dans mon espace personnel. Je me tourne et je la vois. Elle est là. Milady. Je suis sur le cul. Littéralement. Usant du surnom qu'elle m'a donné il y a des années de ça, elle me dit qu'effectivement, elle n'a pas échappé à la malédiction. Je ris doucement avant de répondre:

"Il faut croire qu'on nous en voulait pour nous foutre ici."

Elle me pique une frite et le foudroie faussement du regard avant de mettre la barquette entre nous deux, montrant qu'elle pourra se resservir. Ça me fait mal de le dire, mal à ma fierté et à mon égo, mais elle m'a manquée. Et maintenant qu'elle est là, je sais que ma misérable vie ici s'annonce bien mieux. Elle me dit qu'ici, elle se fait appeler Neïlina et sa remarque sur mes poils me fait rire. Je me reprends et réponds:

"Eh bien moi, on m'appelle Charlie. Je préférais Gabrielle mais bon. Mes poils se montrent encore les nuits de pleine lune. Un désastre"

Je ris encore avant de reprendre des frites. Mon chien vient nous revoir, regardant Neïlina avec méfiance. Je le caresse doucement, tentant de le rassurer puis il s'en va la renifler. Afin de rassurer les deux parties, il faut dire que c'est un chien assez... imposant, je dis doucement:

"Milady je te présente Lupo. Un chien loup,c 'est surement pour ça qu'on s'entend si bien. Lupo, c'est Milady, Neïlina, comme tu veux. C'est une amie."

Mon chien me regarde en penchant la tête, une oreille relevée puis il va la renifler et se décide finalement à l'adopter. Parfait. Il frotte sa tête contre elle et je souris en regardant ce tableau. Il n'a jamais été comme ça. Avec personne. C'est peut-être dû au fait que je n'aime personne. Je reprends alors, désireuse d'en savoir plus sur elle:

"Alors dis moi... tu fais quoi ici? Ton mousquetaire est ici aussi?"

Je suis heureuse de la retrouver. Mon double, ma jumelle.