« Épouse-moi, Bella » + Vael&Alice.

règle number one : méfiez-vous des shampooings.

Oh ! Cette nuit j’ai fait un rêve, je gagnais 1 million de sesterces... Et avec je m’achetais une paire de chaussure, trop grande et puis moche en plus !

Ça faisait trois jours qu’Alice n’avait pas – trop – bronché. Elle était passée du lit au canapé, du canapé à la table pour le repas, et du repas au lit sans faire trop de conneries entre temps. Elle avait juste oublié d’effacer celles qu’elle avait déjà faites, comme le coup du shampooing, mais dont Vael ne s’était pas encore rendu compte. Et il fallait dire qu’elle se faisait chier sévère. Mais tant qu’elle n’aurait pas eu ce qu’elle voulait pour narguer ce connard de loir, elle montrerait qu’elle était capable de faire des efforts. Encore vingt-quatre heures. Et si au bout de vingt-quatre heures, j’ai toujours pas de récompense, je change de proie. Elle avait même évité la boisson – il y avait juste eu un fond de rhum dans son café ce matin, mais le touriste n’y avait vu que du feu – depuis sa proposition, pour lui montrer sa presque bonne foi. Pour se faire masturber un peu plus, elle avait même eu pendant quelques secondes l’idée de passer un coup de balai. Puis elle avait vu que c’était inutile. Puis elle n’avait pas le coup de main avec le manche à balai. Elle préférait laisser ça à Vael. Non mais il m’a juste dit de rester sage. C’est tout. Alors elle pouvait rester sur le canapé et regarder tranquillement la télévision pour passer le temps. Oui, mais ça faisait trois jours. Sans boisson, sans mettre en œuvre son imagination et ses qualités créatrices. Ça faisait comme une éternité. Et ça relevait de l’exploit, surtout.

Le problème avec la télévision quand il y a un cochon nain et une chèvre naine dans les parages, c’est qu’on ne l’entend pas. La blondinette avait beau râler, gueuler, crier des « Vos gueules ! » en direction des bêtes, ce n’était pas comme si ces trucs la comprenaient. Télé-réalité ou non, c’était les mêmes conversations qui empêchaient Alice d’entendre quoi que ce soit. À un point tel qu’elle avait aussi tenté de brancher des écouteurs sur la télévision – ne cherchez pas, il n’y a pas de trou pour mettre des écouteurs. Alors elle s’était mise à faire la conversation avec la chèvre. Elle avait vu le nuage rose à paillettes ambulant et l’idée lui avait traversé l’esprit : elle n’avait trouvé que cela de sage à faire. Et puis Vael ne devrait pas tarder à rentrer, de toute façon. Pendant un bon quart d’heures, tout le voisinnage entendait la coureuse de lapin bêler avec la chèvre. Le cochon avait fini par quitter le salon, parti au calme ou parce qu’il avait peur, les deux hypothèses étaient valables. Et puis, c’était parti en couilles. « Quelle brute ce Mufasa, j’vais pas pouvoir m’asseoir pendant une semaine ! » Bêêêêêê. « J’trouve pas ça drôle, Ed. » Bêêêêêê. Et ainsi de suite. Elle finit par entendre la porte d’entrée claquer, mais elle s’était emportée avec Naine Folle. « Oh ! Vael ! Ça n’est qu’toi ! On croyait que c’était quelqu’un d’important, dans le genre… Mufasa ! » Bêêêêêê. « Rien qu’à son nom j’en peux plus ! » Bêêêêêê.
« Quand je te dis qu’elle m’aime bien, ta chèvre. »

« ÉpouUuse moi, Bella ! »

Comment ça se passait dans la tête de Vael, bah il ne savait pas trop. Un lointain souvenir d’un gros bordel en plein paris juste après la Révolution. On l’avait humilié sur la toile avec un thème pas terrible qu’en le déguisant en dictateur et demandé en mariage. Ah et bien sûr, il y avait aussi l’enfant en route. Puis comme si ce n’était pas assez, il n’avait plus de cheveux. Alice n’avait pas quitté sa maison aussi vite qu’au moment où sans aucune pudeur, il était sortit nu de la salle de bain pour lui hurler de partir et la menaça de la tuer si elle ne courrait pas assez vite. La blonde n’eut plus aucune nouvelle depuis lui pendant bien deux jours complets (avec les nuits) et le troisième, il commençait à répondre à un message sur deux qu’elle lui envoyait. C’était juste le temps qu’il avale la pilule. Il ne pouvait jamais lui en vouloir définitivement. Pas pour ça en tout cas. Il aurait été capable de lui faire le même coup. Donc pour ne pas avoir le crâne qui explose, il avait un peu abusé de l’alcool, puis des drogues douces ou magiques de Milo, sinon des cachets de sa mère. Ainsi, il avait passé trois jours en pilotage automatique.

Alors après quelques jours, il avait réinvité la douce blonde à passer un peu de temps chez lui. En fait sans vraiment trop savoir comment ça s’est fait, elle s’était retrouvée chez lui de nouveau et ne comptais pas partir de si tôt. Après tout, sa mère n’était pas là en ce moment, ni Fred, ils étaient tout les deux tranquilles. Puis il préférait l’avoir sous les yeux que de se l’imaginer s’enfiler un magnum de champagne toute seule au squat. Toute seule ou avec l’autre chatte ! Il rentrait du travail et fit un détour par le chenil où il devait récupérer quelque chose avant de rentrer tranquillement. A pieds. Il devait être déjà 20h lorsqu’il arriva enfin dans sa maison, Alice déjà présente grâce à la clé cachée dans le collier de Naine Folle. Il fit coulisser la porte arrière du jardin et voulu soupirer, mais il se retint. C’est alors qu’il la vit parler à sa chèvre. Il se demandait même si elle l’avait entendu entrer. Si oui, c’était pire que ce qu’il pensait. Il claqua la porte fenêtre : « Putain mais verrouille quand t’es toute seule. Dingue qu’on t’ai pas retrouvée morte dans le caniveau » râla le bouclé pour leur premiers mots échangés en face à face. Alice continua sa discussion après lui avoir parlé. Vael finit par sourire malgré la fatigue qui commençait à être difficilement supportable. Il n’était pas au top. Puis faut avouer que travailler avec des morts ça n’aide pas…

Les yeux perdus dans le vague, encore debout dans le court chemin entre le canapé et la porte-fenêtre, il se disait que cette fille était vraiment folle et qu’il se sentait moins seul à ses côtés. Voir Alice parlé avec sa chèvre l’avait fait fondre. Il arriva pour s’asseoir à côté de son amie, sautant par-dessus l’accoudoir comme un petit lémurien et passa son bras autour de ses épaules pour un câlin chaste. « Finalement j’ai ma réponse pour ta demande… Vas y on le fait. Si tu pouvais me la refaire genre un genoux à terre et tout que j’officialise correctement ma réponse » lui confia t-il en lui caressant le bras d’un geste répétitif comme trouble du comportement du à un manque d’affection. Alice, dans ses bras avait l’air d’un doudou. « Je pense que t’es la meilleure candidate au monde pour être ma fausse-femme vu le degré de folie que tu tiens. Je l’ai vu quand je t’ai vu parler à Naine Folle.»

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Elle se retourna, après sa profonde conversation avec Naine Folle, vers le nouveau visiteur. Oui, elle avait entendu la porte claquer, et c’est vrai qu’elle ne s’était pas alarmée. Ça aurait pu être n’importe qui, mais elle se tournait trop les pouces pour se soucier de quelle aventure lui arriverait si jamais ç’avait été quelqu’un d’autre. Elle était déjà en train de connaître le pire de ce qui pouvait lui arriver, alors un problème de plus ou de moins… elle n’était plus à ça près. Sans compter qu’elle avait de bonnes raisons pour ne pas fermer la porte à clé. « Je sais que si je m’enferme, je vais chercher les clés pendant des plombes quand je voudrais ressortir. En les laissant dans la serrure à l’extérieur, la moitié du travail est fait. Si je pars, les clés sont déjà sur la porte, je n’ai plus qu’à les tourner. » Elle risquait peut-être de s’enfoncer un peu. Mais elle estimait que dans un village de vieux princes et princesses, elle n’avait rien à craindre. Et puis la maison de Vael n’avait pas l’air de transpirer le luxe. À peine on entrait, on avait l’odeur du poney qui venait fouetter nos narines. Pas de quoi attirer les emmerdes.

Elle se fit ravaler par les coussins du canapé, et envoya valser la pauvre chèvre avec un coup de pied gentil - elle aurait pu faire plus fort. Mais débarrassée d’une bête, c’est une autre qui vint la remplacer. Vael s’installa à son tour sur le meuble. Elle n’aurait jamais d’espace vital… Rien que ce qui grouillait dans son ventre était incapable de la laisser seule une seconde. « Comment ça, on fait quoi ? » demanda-t-elle. Elle ne voyait pas de quoi il parlait. Est-ce qu’elle avait dit quelque chose, de manière inconsciente, et qu’il était en train d’approuver ? Ou alors c’était quelque chose qu’elle lui avait demandé il y a déjà un petit moment. Elle ne voyait pas quoi. Quand elle écouta un peu la suite, elle fit vite le rapprochement. Le mariage, putain. D’où elle s’était laissée embarquer là-dedans ! C’était trop facile d’y entrer, trop chiant d’en sortir. C’était comme pour les bébés. Trop facile d’en faire, moins quand il fallait s’en débarrasser. « Ah oui ! Mais non… enfin non, je ne me mets pas à genoux. T’as qu’à le faire, c’est toi qui es censé apporter la bague, le plus gros salaire et la queue. » Elle se souvenait. C’était pour la bonne cause. C’était pour Briar. Pour lui montrer que même les pauvres gens pouvaient faire mieux qu’une princesse dans ce qui était censé être leur destin : le mariage. « Attends attends… t’as attendu que je parle avec ta chèvre pour accepter ? C’est pas parce que tu vas me passer une bague avec un gros caillou au doigt - oui, c’est le minimum - que je vais accepter ton truc sur pattes. Si c’est pour ça que tu veux te marier, tu ferais mieux de te trouver une folle dans les bois. Vas parler au lièvre, je suis sûr qu’il te trouvera la marchandise. » La chèvre n’avait visiblement pas apprécié les paroles d’Alice à son égard. Sa petite tête vint cogner à deux reprises le pied du canapé duquel Alice était la plus proche. Cette dernière assomma son agresseur d’une frite sèche qui traînait là. « Quelle couleur, pour les serviettes de table du coup ? »

« ÉpouUuse moi, Bella ! »

« Mais tu veux pas arrêter d’être aussi idiote parfois ! Moi qui pensait que le plus con de nous deux c’tait moi ! Tu me gave okay ?! Essaie juste, un tout petit peu, de pas rendre ma vie encore plus invivable et angoissante qu’elle ne l’est. MERDEUH ! » avait-il finit par éclater alors qu’elle lui donnait la raison du pourquoi et du comment la clé se trouvait bien mieux sur la serrure à l’extérieur. Ses faits étaient véridiques, mais ils ne relevaient pas de la question de la sécurité. Après qui oserait venir chez lui, qui avait des animaux en tout genre et une mère psychotique, dont un ami trop discret au regard presque plus glacé que celui de la Reine d’Arendelle. Après avoir poussé sa gueulante, exaspérée par la blonde qui dernièrement lui ferait regretter son existence, il s’installa sur le canapé à côté d’elle. Tous ça à cause d’un gosse. Elle était tout aussi responsable bon dieu ! C’son corps, pas l’miens ! Il secoua les oreilles de sa chèvre qui venait d’être vulgairement jeté du meuble et lui tapota le cul comme si ce n’était qu’un chien. Cette petite chèvre adorable et toquée avec qui Alice venait d’échanger quelques mots. Et ce tableau l’avait touché en plein coeur. Il adorait Alice malgré son mauvais caractère. Elle était assez dingue pour le demander en mariage. C’était sa seule chance de vivre ça et ça apaiserait sa mère avant qu’elle ne devienne complètement sénile. Il serait aussi peut-être pris un peu plus au sérieux et les assurances étaient plus avantageuses une fois marié. Ce n’était qu’un simple statut. Un petit papier pour le coup, qu’il suffirait d’annuler plus tard. Mais finalement, ce n’était pas qu’un papier. Il lui disait qu’il acceptait la demande et Alice se brusqua coincée dans l’ignorance.

Elle avait oublié et Vael était resté complètement figé. On aurait dit qu’il avait été pétrifié par la gorgone. Ce qui faillit lui arriver quelques semaines plus tard après la naissance de leur fils. Il finit par bouger et laissa sa bouche ouverte sans trouver quoi dire. Il la referma, laissant le bruit d’un poisson s’étouffant dans ses bulles, puis tourna la tête. Il était si déçu. Elle venait de poignarder le peu d’amour propre qu’il avait. Il se sentait si bête et ridicule d’y avoir cru. Pire encore, il se détestait d’avoir été aussi touché parce qu’elle avait oublié ce qui ne devait être qu’une blague. C’est symbolique ! Même pour de faux, une demande c’est important. Pauvre conne va ! Va crever ! Je veux plus de toi « Non c’est bon, j’ai plus envie… » grogna Vael froidement en croisant les bras. Il lui tournait presque le dos. Non, il avait préféré se décaler un peu sur le canapé et se pencha sur la table basse pour allumer la télé. Et dire qu’il n’y avait pas que ça à lui dire… Elle continuait de jacter, mais Vael haussait les épaules et soupirait sans lâcher l’écran des yeux. Il n’y avait que des publicités pour l’instant, mais c’était bien plus intéressant que la blonde. « Non des folles nues dans la forêt, y’en a qu’une, c’est moi. Laisse tomber, j'te dis. J'veux plus. Va crever. Et je te ferais dire que si tout te fait autant chier ici t’as qu’à te barrer. Pour vivre ici mes bêtes elles t'gênent pas ! (il quittait l’attention qu’il portait à la télé pour la donner à Alice) Et je te ferais dire qu’en plus, j’ai sauvé la vie d’un poney-aveugle et pour que c’la s’fasse, bah maintenant, la mini-jument est dans mon jardin. La porte est ouverte. T’as qu’à aller ailleurs. Chez ta soeur par exemple, l’aplatisseuse de tête à coup de plat tiens ! » il hurlait et comme souvent, leurs voisins devaient tout entendre. Enfin celle de gauche n’était jamais là. Une chance pour elle, car ce genre d’éclat de voix, car il criait littéralement, c’était presque tout les soirs quand il n’y avait pas Mme Moreau à la maison.

Il reprit sa position de boudeur sur le canapé, les bras croisés sur la poitrine et les yeux sur la télé. « Je m’étais juste dis que… Enfin, … J’avais trouvé une banjo qui ferait ça sans se prendre la tête avec moi, ça changerait de ce que j’imaginais dans mes avenirs possibles. Laisse tomber. J’ai été con d’y croire. T’es qu’une pute comme les autres… » avait-il commencé doucement, avant de grommeler. Non, il avait été vraiment blessé pour le coup.

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