Why Shouldn't I Rip Your Heart ?

Hier soir, en rentrant, je relevais comme d’habitude mon courrier sans vraiment porter d’importance à ce qui se trouvait dans le tas de lettres que j’avais dans les mains. Je glissais mon téléphone dans ma bouche afin de pouvoir prendre mes clés et d’ouvrir la porte avec l’un de mes pieds – oui, c’est l’un des avantages d’être grand. Une fois à l’intérieur, je refermais la porte de la même manière avant de jeter les papiers sur la table afin de pouvoir retirer mon manteau et mes chaussures. Une fois mes chaussons Olaf enfilés – et oui, ce n’est pas parce qu’on est médecin ou voleur que l’on a pas le droit d’avoir gardé une âme d’enfant – je repris le chemin pour aller ouvrir ces fameuses enveloppes qui n’annonçaient généralement rien de bon : soit des factures, soit de la publicité. Cependant un courrier spécial attira l’attention de Johnson : celui avec le cachet de la mairie. Une fois ouvert je m’assis et me mis à réfléchir, me massant les tempes. J’allais devoir prendre congé pour aller prendre rendez-vous avec le Maire afin d’en parler.

Ce soir-là, je n’avalais pas grand-chose, mon esprit avait été trop occupé par la lettre que j’avais ouverte une trentaine de minutes plus tôt. Comment cela avait pu se passer ? J’avais portant rempli tous les papiers demandés par l’administration. Regardant le reste de la moitié de la cuisse de poulet et des petits pois qui restaient, je soupirais. Ils allaient se retrouver au composte et moi j’allais aller au lit même si je doutais de pouvoir trouver le sommeil si facilement que je l’espérais.

Comme je l’avais pensé, le sommeil ne vint que tard, ou plutôt tôt le matin. Lorsque je me regardais dans le miroir après m’être levé, j’eus un sursaut devant les dégâts que cette seule petite nuit avait pu me faire. Heureusement que la technologie d’aujourd’hui permettait de cacher cela assez facilement. Après avoir appliqué ces sérums, je m’habillais d’une chemise neutre et d’un ensemble qui ressortait de l’ordinaire sans pour autant être aguicheur. Je pris alors ma voiture et me rendis au centre-ville pour me rendre à la Mairie. Une fois parqué, je me dirigeais vers les portes du bâtiment central, en ouvris la porte pour me rendre vers le bureau derrière lequel se cachait une secrétaire, une fille assez spéciale d’ailleurs, avec des cheveux roses. Je fus légèrement désarmé devant cette poupée. Comment le Maire avait-elle put engager une femme avec cette originalité pour la mettre à l’accueil de son bureau ? Je chassais ces pensées de mon esprit, après tout ce n’était pas à moi de juger et si elle faisait son boulot, c’était le plus important.

Je tirais les manches du veston de mon ensemble avant de me diriger et de me mettre en face d’elle alors qu’elle tapait sur le clavier d’une vitesse ahurissante. Ne semblant pas avoir remarqué ma présence, je raclais ma gorge.
- Bonjour… Je suis venu pour prendre rendez-vous avec le Maire à propos de… ce courrier !  Dis-je avant de montrer la lettre.
Une porte s’ouvrit, laissant passer mon cauchemar. Non… Pas elle !

Le travail de maire n’est pas de tout repos, et Regina Mills avait déjà pu en apprécier les ingratitudes, bien que, elle en était consciente, elle n’avait pas à se plaindre, malgré toutes les choses qu’elle avait à gérer. Elle arrivait parfois à en oublier son ancienne vie, celle de la méchante reine, au cours de laquelle elle avait ruiné celle de bon nombre de sujets. A présent, elle s’affairait à changer, devenir une meilleure personne, pour son fils Henry, pour Robin, pour Roland et avant tout pour elle-même. Mais la tâche était ardue et semée d’embuches beaucoup doutaient encore de ses intentions. Mais qu’importe, Regina avait un fort caractère et n’abandonnerait pas aussi facilement.

Depuis quelques jours, elle devait s’occuper de certains dossiers concernant des paiements d’impôts locaux non honorés. Ce travail de paperasse était ennuyeux au possible, mais il fallait pourtant s’en acquitter, sinon cela traînerait encore des lustres. Plus vite ce serait réglé, et plus vite elle pourrait passer à autre chose. Elle avait donc fait envoyer l’avant-veille par sa secrétaire, un courrier aux quelques personnes dont l’impôt n’était pas encore réglé. Dans le lot, Wyatt Johnson.

Quelle ne fut pas sa surprise lorsque madame le maire, qui descendait pour se chercher un café, aperçut ledit citoyen devant le poste de Louise Lemire, la secrétaire aux cheveux arc-en-ciel (qui avait pour consigne de les attacher pour éviter que cela ne se remarque de trop). Regina avança d’un pas assuré vers Wyatt.

-Je m’en occupe, mademoiselle Lemire. Mr Johnson, bonjour. Puisque vous êtes là, peut-être pourrions discuter dès maintenant ? J’ai un peu de temps à vous accorder, si vous en avez aussi.

D’un geste, elle lui indiqua la direction de son bureau, au premier étage. Le café attendrait encore un peu. Ils montèrent silencieusement, et madame Mills lui ouvrit la porte vitrée qui menait à son élégant bureau. Elle attendit qu’il s’installe, pour se mettre en face de lui, perdant son sourire de façade.

-Je suis sure qu’il y a une explication à ce retard de paiement, n’est-ce pas ?

Sous-entendu : « tu n’aurais jamais choisi une manière aussi stupide de te venger de notre passé commun ? ». Après tout, les impôts étaient pour la ville, pas pour elle, il aurait donc été insensé que l’ancien pirate se livre à cette petite vendetta. Aussi, madame le maire avait hâte d’entendre les explications du docteur. La belle brune s’accouda donc à son bureau, regardant dans les yeux son interlocuteur et attendant ses réponses.

Cette matinée aurait du commencer totalement autrement. Un bon petit déjeuner protéiné comme je les aimais, une bonne douche froide, le trajet en transport publique, puis le premier rendez-vous à l'hôpital après un bon jus d'orange pressé minute, une opération à sept heures tapante, monsieur Griffin, une petite pause avant un nouveau bloc... bref le matin banal d'un chirurgien à Storybrooke.

Cependant, je me retrouvais à devoir aller à la mairie pour une histoire d'impôts. Impôts que je n'aurais pas payé alors que le paiement était bien parti depuis mon compte il y a deux mois. Avant de partir, j'allais rapidement sur mon compte bancaire par internet et imprimais la preuve de paiement afin de ne pas passer pour n'importe quel imbécile essayant de passer par dessus la loi. Soupirant, je me préparais avec mes preuves afin de me rendre à la mairie.

Vingt minutes plus tard, je me retrouvais devant ce bâtiment, déposé par le bus. Mon instinct me hurlait que quelque chose allait se passer, quelque chose de mauvais. Mais contrairement à mon habitude, je ne l'écoutait pas, me dirigeant là où j'étais attendu par Madame la Maire, Regina Mills, qui avait un prénom qui ne me disait rien de bon non plus. C'était comme si tout mon corps me disait de ne pas y aller alors que je saisissais la poignée, mais c'était trop tard et je devais le faire.

Je tombais alors sur un drôle de spécimen, que je ne m'attendais pas à retrouver dans ce genre d'endroit : une secrétaire aux cheveux plus colorés que l'arc-en-ciel. Ce n'était pas une simple teinture naturelle, non, c'était un dépôt de neocolor qui se réunissait dans une sorte de tresse ou chignon. M0étant annoncé, la demoiselle pris la lettre et la regarda avec attention. Mais avant qu'elle ne puisse me répondre, une voix retentit dans le hall, une voix que je connaissais mieux que n'importe laquelle : celle de la pétasse maléfique. Je la regardais s'avancer vers moi comme si rien n'était d'un pas félin alors que je bouillais intérieurement. Son sourire me narguait du haut de ses talons à aiguille.
- Regina... Répondais-je seulement alors que mon regard exprimait toute la colère que je pouvais ressentir pour elle.
Je pris alors la direction qu'elle me donna, luttant pour ne pas partir en live et devenir cette bête qui ne demandait qu'une chose : la peau de conasse en lamboutin qui lui ouvrit la porte de son bureau.

J'observais rapidement son bureau avant d'aller m'asseoir, histoire de voir s'il n'y avait pas quelconques grigris magiques qui aurait pu jouer en ma défaveur. Une ambiance tendue régnait dans la salle alors que je m'assis et qu'elle prit place en face de moi. Si son regard était amusé et sa question bien aiguisée, mes yeux étaient revolver alors que ma voix tranchante.
- Il n'y a pas de retard ! Lui dis-je sèchement avant de sortir le feuille de mon paiement imprimée plus tôt ce matin et de la poser avec plus de force que l'aurait fait une personne lambda sur le bureau.
Elle pouvait remarquer que l'argent n'avait pas été versé sur le compte actuel des impôts de la Mairie, mais sur celui qui était encore d'actualité l'année dernière - qui n'était plus utilisé pour cela aujourd'hui.
- Et ne crois pas que c'est un moyen pour moi de me venger... Je ne suis pas débile ! Sifflais-je amèrement, elle savait de quoi je voulais parler - et j'allais l'attaquer là où ça allait faire mal, mais chaque chose en son temps... La vengeance est un plat qui se mange froid, non ? Que dis-je... gelé !
- Comment est-ce que quelqu'un comme toi a pu terminer Maire ? Grommelais-je alors qu'elle regardait le papier que je lui avait donné.D'habitude ce sont des gens honnêtes... loyaux... bons... Je ne pouvais pas résister à ce pic, c'était comme un moyen d'apaiser cette créature qui ne criait que sa hâte de prendre possession de mon corps.

N’en finirait-on jamais de lui en vouloir pour sa vie passée ? Si Regina était parvenue à pardonner à Blanche-Neige, pourquoi d’autres n’arrivaient pas à lui pardonner à elle ? D’autant que ce qu’elle avait fait à Wyatt, à l’époque, n’était rien en comparaison de ce qu’elle avait pu infliger à d’autres. Elle avait bien vu au regard de l’ancien pirate qu’il avait la rancune tenace.

Madame le maire espérait néanmoins qu’il pourrait se comporter en adulte et que le problème serait vite résolu, étant donné que ce qui leur valait une entrevue en ce jour n’avait rien à voir avec leurs différends appartenant à une autre vie. Installés tous deux de part et d’autre du bureau du maire, la belle brune ne tarda pas à en venir au fait. C’était déjà assez pénible de devoir faire obtempérer les mauvais payeurs, si en plus il fallait que ce soit des personnes pleines de rancune, autant que l’affaire soit vite réglée.

Wyatt ne tarda pas à se défendre en brandissant son relevé bancaire prouvant que la somme due était bien partie. Regina s’empara du document aussi aimablement que possible, étant donné le « calme olympien » dont faisait preuve son interlocuteur. Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres, et à son tour elle lui tendit une feuille de papier, la copie du courrier qu’il avait reçu et où se trouvait le montant des impôts et le numéro du compte sur lequel verser l’argent.

-Tu n’es peut-être pas… débile, comme tu le dis, toujours est-il que si tu savais lire, tu aurais remarqué que la lettre comportait les numéros du nouveau compte…

La mauvaise foi de certaines personnes… Il avait commis l’erreur et osait encore la ramener. La maire de Storybrooke poussa un soupir en levant les yeux au ciel.

-Je vais donc corriger ton erreur… Tâche de faire plus attention la prochaine fois.

Mais visiblement, la mauvaise foi de Wyatt ne s’arrêtait pas là, et alors que Regina avait attrapé le combiné du téléphone pour contacter la banque, l’ancien pirate et Merry-man l’attaqua sur sa fonction de maire et comment elle avait pu l’obtenir. Haussant un sourcil, la belle brune reposa le téléphone sur son socle pour joindre ses mains en entrelaçant ses doigts.

-J’ai créé cette ville, ne t’en déplaise Wyatt. J’étais une reine, avant. Etre maire est ce qui s’en rapproche le plus. J’aurais peut-être dû t’accorder un métier moins glorieux… lâcha-t-elle avec un sourire carnassier.

Mais elle savait que le Dr Johnson faisait partie des compagnons de Robi, aussi voulait-elle éviter de se faire encore plus mal voir, si c’était encore possible, au vu du peu d’estime que Wyatt lui portait déjà.

-C’est vrai que tu n’as jamais commis la moindre erreur de toute ta vie, et que tu as toujours eu une conduite exemplaire…

Elle soupira.

-Ecoute, on pourrait peut-être passer l’éponge, non ?

L‘ancien pirate semblait être des plus rancuniers, et Regina n’avait absolument aucune idée de quelle pourrait être sa réaction. Elle le saurait sans doute bien assez tôt, au vu de son caractère. Elle sentait depuis son arrivée qu’il bouillonnait de l’intérieur. Sans doute n’avait-il pas terminé de lui cracher ses quatre vérités. Il lui faudrait les endurer, comme elle le faisait avec chacun de ses anciens sujets qu’elle avait maltraités. Il parait que c’est ainsi que l’on prouve qu’on a changé et qu’on regrette vraiment. C’était vraiment pénible, mais s’il fallait en passer par là pour avancer et enfin faire changer le regard des habitants de la ville, alors un petit effort ne serait pas du luxe. Néanmoins, elle avait souvent du mal à garder son calme.

En me rendant à la Mairie, je ne m’attendais pas à tomber sur cette sorcière qui animait mes cauchemars et, surtout, ma colère. La pilule n’était jamais vraiment passée et restait encore bloquée au fond de ma gorge avec l’étrange capacité de me rendre rapidement hors de moi, littéralement. Il suffisait d’une perte de sang-froid pour que je perde le contrôle de mon corps et qu’il ne subisse cette malédiction dont j’avais été victime dans le monde des contes, malédiction que Regina avait promis de m’enlever. Douloureux, c’était la seule façon de décrire ce sort que je subissais. Je ne me souvenais que de quelques bribes, de quelques morceaux de mes actes et c’était souvent ceux qui étaient les plus violents. Sous cette forme, j’étais conscient d’être le monstre, mais tout ce que je ressentais, c’était sa haine, sa colère et son cœur battre. Quand la bête prenait le pouvoir, j’étais comme un spectateur, sauf que l’amnésie rongeait ma mémoire. Était-ce un moyen pour me protéger de ce qu’il pouvait faire qui allait à l’encontre de mes principes ? Sûrement.

J’étais alors entré dans son bureau sans parler, comme l’aurait sûrement fait tout bon citoyen, omettant le fait de lui lécher les bottes en parlant de son beau teint – qui allait de pair avec son cœur glacial. Si j’étais comme cela aujourd’hui, je le lui devais. J’en étais convaincu. Cependant, la seule chose que je voulais maintenant, en plus de ma revanche sur elle, c’était d’en finir rapidement. Ma position était celle du faible. Elle régnait en maître derrière son bureau et, même si je pouvais voir une touche de crainte dans son regard je savais qu’elle n’hésiterait pas à utiliser ses pouvoirs. Après tout nous n’étions que les deux dans cette pièce…

A nouveau, comme tout bon petit toutou qui devait la suivre, j’avais préparé ma petite défense alors qu’elle me demanda pourquoi je n’avais pas payé mes impôts. La feuille se retrouva rapidement entre ses mains et elle commença à taper son un ordinateur avant d’imprimer un document et de me le tendre. A ces mots, je soupirais légèrement. Au moins l’argent était arrivé à bon port.
- Je ferais plus attention, mais tâchez de mettre le bon compte sur les prochains bulletins de versement, ça sera beaucoup plus facile pour tout le monde ! Lui répondis-je de la même façon.
Malgré le calme que je pouvais montrer, mon intérieur bouillonnait et je ne pus me retenir à un pic quant à sa personne. La réponse fut assez claire, et le sourire qu’elle me lança avec également. Elle tenait toujours autant les cordes ici que dans le Monde des contes. Que pouvais-je répondre sans lancer une guerre ? Rien. Je la regardais à la place, avec un certain dédain. Cependant elle continua sur sa lancée et cette fois ce fut naturellement que je lui répondis.
-La question n’est pas là ! Moi au moins j’ai une ligne de conduite ! Et je m’y tiens. Soulignais-je sans la lâcher du regard. Un petit rire sortit de mes lèvres, moqueur, à sa demande. Passer l’éponge ?
Je me levais et pris appui sur son bureau avec mes mains pour me pencher vers elle. Si elle était menaçante, je pouvais aussi le montrer.
-Avec tout ce que tu m’as fait vivre, tu espères vraiment une trêve, que je laisse tomber ? Lançais-je avec un petit rire enfantin. C’est ta ville peut-être, mais fais attention Regina, tout se paie... Un jour où l’autre. Et tu devrais savoir que tu as fait du tort à beaucoup de personnes ! Alors si tu n’as pas le pouvoir de faire ce que tu m’avais promis de faire dans le Monde des contes, on va garder les ardoises comme elles le sont !
Sur ces mots, je me relevais.
-Est-ce que Madame le Maire requière ma présence pour autre chose ? Ou puis-je m’en aller ?

Si Regina avait oublié combien Wyatt avait le don de l’agacer, bien qu’elle ne l’ait que peu vu dans le monde des contes, elle ne tarda pas à s’en rappeler au vu de l’attitude qu’il avait. Visiblement, il refusait de reconnaitre ses torts. Elle secoua doucement la tête avec un sourire ironique.

-Et comme par hasard tu es le seul à avoir commis l’erreur, tu avoueras que c’est une drôle de coïncidence. Le bon numéro de compte était clairement indiqué, répéta-t-elle un peu plus fermement, et tu as surement choisi la facilité, comme toujours, en n’y prenant pas garde et te basant sur l’ancien.

La preuve en était la copie du courrier qu’avaient reçu tous les habitants de la ville, et qu’elle lui avait montré. Voilà qu’il lui balançait une histoire de ligne de conduite. Essayait-il de jouer au plus malin ? Madame le maire haussa les sourcils avec un sourire amusé.

-Oui, tu es si exemplaire, nous devrions tous suivre ta ligne de conduite, déclara-t-elle avec ironie. Personne n’est parfait, Wyatt, pas même toi.

Avec tout ça, sa réponse concernant une trêve était sans appel. Clairement, il refusait. Quel idiot. Stupide, stupide, stupide pirate ! L’ancienne méchante reine leva les yeux au ciel.

-C’est comme tu veux. Mais tu ne gagneras jamais contre moi, répondit-elle à son rire moqueur.

Voilà qu’il l’accusait presque de tous ses maux, on aurait tout entendu. Agacée, elle se leva à son tour et prit la même position, appuyée sur son bureau. Malgré la hauteur de ses talons, madame le maire était toujours plus petite que le médecin, mais elle n’était nullement intimidée par lui. D’ailleurs, personne en ville n’avait cette capacité.

-Tout ce que je t’ai fait subir ? De qui te moques-tu ! Je ne suis pas responsable de cette malédiction qui t’a frappée ! Tiens, d’ailleurs, comment vis-tu avec ça depuis que la magie est revenue à Storybrooke ? Ce serait bête qu’on te mette en prison si quelque chose venait à arriver à quelqu’un par ta faute… ajouta-t-elle en le narguant. Tu te plains, mais j’ai fait bien plus de mal à d’autres personnes qui elles, ont réussi à pardonner, pourquoi n’es-tu pas foutu de passer à autre chose ? C’est un truc de pirate d’être bête et borné ??

Elle commençait à sentir la colère monter. Décidément, elle ne supportait pas ce type.

-Les ardoises ? Attends, on est quittes je te signale ! Tu n’as pas rempli ta part du contrat, il n’y avait donc aucune raison que je remplisse la mienne ! Ce qui a pu t’arriver n’est pas de ma faute, mais tu sais quoi, c’est bien dommage ! Tu as eu de la chance à l’époque que je m’arrête à simplement ne pas t’accorder ce que je t’avais promis en cas de succès de ton enquête ! Et tu as de la chance que j’ai changé !

Elle déglutit en le regardant fixement, sourcils froncés, essayant de regagner son calme. Il ne fallait pas qu’elle s’emporte de trop, il ne fallait pas déraper. Elle se redressa, lâchant son appui du bord du bureau et croisa les bras.

-Tu peux bien rester à bouder, dans tous les cas, celui qui y perd le plus, c’est toi. Personnellement, je me contrefiche de savoir ce que tu peux bien penser de moi. Je voulais te tendre une perche pour que nous vivions tous en bonne intelligence à Storybrooke, mais si tu décides de garder de la rancune, c’est ton problème.

Malgré tout, Regina gardait en tête telle une sentence prononcée ce qu’avait dit Wyatt : « fais attention, Regina, tout se paie ». Que voulait-il dire ? Avait-il une sorte de plan pour lui nuire, ou bien faisait-il simplement allusion au fait que, comme on le disait, « la roue tourne » ? Elle avait omis de répondre à sa provocation quant à son pouvoir, ou non, de résoudre son problème. A la vérité, elle l’avait, il suffisait de trouver le sort dont il avait été victime et de l’annuler. C’était clairement dans ses cordes. Mais en magie, il y a toujours un prix à payer, n’est-ce pas ? Et vu l’arrogance de ce petit prétentieux de Johnson, elle n’était clairement pas disposée à lui venir en aide.

-Je t’ai assez vu, à moins que tu n’aies d’autres gentillesses à me dire, je pense que nous avons fait le tour.

La maire de Storybrooke se rassit dans son fauteuil, ne quittant pas des yeux son interlocuteur qui, visiblement, semblait pressé de partir.

Regina était bien la sorcière que j’avais quitté au Monde des contes, il n’y avait aucun doute là-dessus. Rien qu’en croisant son regard, j’avais pu lire cette même détermination. Il n’y aurait rien eu de mieux pour me mettre de mauvaise humeur et sur les nerfs. S’il y avait bien une chose que je n’aurais pas voulu savoir, c’était bien cela ! Que le maire de Storybrooke soit l’une des personnes à qui je pourrais souhaiter le plus grand malheur. Combien de fois avais-je rêvé que mon côté bestial ressorte et qu’il lui arrache son cœur sous ses yeux ébahis de maire-lent frits ? Des dizaines ? Ce n’était peut-être même pas suffisant !

Je soupirais à sa remarque. Peut-être avais-je été le seul mais je préférais ne pas relever. Le conflit était inévitable, et même s’ils étaient entre deux adultes « civilisés », il en fallait peu pour que la bête se réveille et prenne le dessus. Je la sentais d’ailleurs bouillonner alors que le diable, habillé en Prada, déversait ses mots.
- Je ne prétends pas être parfait, loin de là ! Soulignais-je tout en la regardant.
La salope en talon essayait d’avoir le dessus. Son rang le lui offrait peut-être mais ce n’était pas pour autant que j’allais me laisser marcher sur les pieds. Je préférais encore me retrouver plongé dans une fosse de purin !

Un petit rire sortit de ma bouche. Comment pouvait-elle en être si sûre ? C’était en ayant ce genre d’attitude que l’on tombait plus bas que Terre et c’était tout ce que je lui souhaitais en ce moment même. J’allais la laisser penser qu’elle avait le dessus, après tout c’était peut-être le cas pour le moment mais tant qu’elle croyait être plus forte, elle n’allait pas penser à moi.

Cette fois, je vis que j’avais touché un point sensible. La vilaine sorcière se leva d’un bond pour me faire face. Même petite, elle restait impressionnante – je l’avouais, sans vraiment la craindre. Sa place de Maire ne lui laissait pas tant de liberté qu’elle pouvait le penser. N’arrivant plus à me contenir, je pris le même ton qu’elle pour lui répondre.
- Tu n’es peut-être pas celle qui l’a lancée, mais qu’est-ce que ça t’aurait couté de respecter la part de ton marché ? Et si tu crois que je vais commencer à parler à toi de ce genre de chose, tu peux enfiler ton petit doigt dans ton nez jusqu’à ton cervelet ! Commençais-je avant de prendre mes cheveux en mains et de faire un tour sur moi-même exacerbé par la pétasse en tailleur. Si les autres sont assez naïfs pour te pardonner aussi facilement, c’est leur problème !
Je lançais un petit hoquet de surprise à ses dires.
- Je n’ai pas remplis la partie de mon contrat ? Dis-je en rigolant pour souligner ces mots. Tu as aussi bien vu que moi qu’elle se trouvait ici et qu’elle était partie peu avant notre retour ! Je n’allais pas l’attacher à un arbre et la laisser crever pour venir t’avertir que je l’avais retrouvée !
Ca sortait enfin. Et ça me soulageait même si je sentais le monstre gronder de plus en plus fort en moi. Mon regard ne lâcha pas le sien.
- Et bien bonne journée Regina ! Pas besoin de me raccompagner, je connais le chemin !
Sur ces mots, je pivotais et sortis de la mairie plus vite que personne ne l’avait jamais fait. Quelle putain de journée ! Rien de mieux qu’un rendez-vous avec la pire des Garces pour commencer sa matinée !