Gouter au bonheur, toucher aux ténèbres + Marvin&Anna.

Summer 78 - Yann Tiersen & Claire Pichet

Anna n’avait même pas fait attention aux changement de comportement qu’elle aurait pu entendre dans les débats qu’Edward avait avec lui-même. Ses pas lourds qui parcouraient l’étage résonnait encore dans sa tête, amplifié par le sang qui pulsait sur ses tempes perlant d’une sueur froide. L’air de sa comptine lui glaçait encore le sang et elle ne pouvait plus le sortir de sa tête. Instinctivement, elle se réfugia un peu plus au fond contre l’armoire et la toiture. Ses jambes ramenées contre sa poitrine, elle cherchait une position qui l’aiderait à se sentir protéger. Elle retint un gémissement quand elle compris qu’il allait monter et que maintenant ses pas faisant trembler le planché sur lequel elle était recroquevillée. Puis ce fut le bruit du bois qui grinçait. Celui des meubles sur le parquet. Elle porta ses mains à ses oreilles dans un léger sursaut de peur. Elle ne voulait pas en entendre plus. Plus il en déplaçait et son stress de ne cessait de s’accroître. La respiration se coupa littéralement un court instant tant les poumons n’arrivait plus à suivre la frénésie de son coeur. Les meubles étaient balancés et sa voix se faisait sombre et pleine de rage. La rousse sentit le sol se dérober sous elle. Elle allait s’évanouir de peur. Tout son corps tremblait alors qu’elle l’avait aperçut s’approcher, à peine visible entre ses doigts qui se cachait le visage.

Soudain il l’attrapa avec moins de fermeté qu’elle ne l’avait imaginé. Elle poussa un gémissement de peur déchirant. Ensuite plus rien. Pendant une seconde, tout fut noir dans son esprit, comme une coupure. Après, elle fut comme en état de pause psychique. Elle n’avait plus aucune réaction, le regard dans le vide. Son âme l’avait quitté un instant, juste assez pour laisser son corps se remettre de ses émotions. Les mains au doigts fins de Marvin lui attrapèrent le visage pour qu’elle le regarde. C’est des yeux comme voilé qui l’observaient, quoiqu’un peu fasciné parce qu’elle voyait. L’homme s’approcha d’elle pour la relever et la prendre dans ses bras. Elle se laissait faire comme un pantin sous les doigts habiles de son marionnettiste. C’est aussi sans aucune opposition qu’elle se laissa guider jusqu’à la voiture. C’est alors qu’il se pencha sur elle pour venir lui boucler la ceinture. Le lien, le click et Marvin devant elle, elle explosa enfin et sortie de sa torpeur.

D’un geste violent et rempli de colère elle le poussa violemment. « Ne me touche pas !!!! » lui avait-elle hurlé en le frappant avec des gestes de jeune-femme encore effrayée. « Vas-t-en ! Ne me touche pas ! » continuait-elle d’hurler, les larmes aux yeux tout en se débattant avec violence pour se détacher de la voiture. Elle était encore prise de violemment tremblement. Elle arriva enfin malgré ses gestes paniqués par trouver le bouton et se laissa glisser hors de la voiture, s’écroulant sur le macadam. Elle pleurait, frappant le sol du poing. Anna lui en voulait tellement. Elle était encore sous les hormones de la peur. La peur de mourir dans d’atroce souffrance. Son corps se soulevait difficilement à cause des suffocations qui la reprenait. Se relevant enfin, elle resta un instant à le défigurer, complètement incrédule. Rien qu’à voir ses yeux, elle sut que c’était lui, même si elle avait douté quelques secondes. Or, le temps n’était pas aux questions où à la curiosité. « Tu aurais du m’en parler !!!!! » lui hurla t-elle à nouveau, complètement démunie, le fusillant d’un regard de survivante. Ses yeux d’émeraude se détournèrent et elle partit en courant. Elle s’était arrêté pour se retournée avant de reprendre sa course.

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