Something to celebrate ? + Neïlina&Marvin.

Une fois encore je me retrouvais perdu dans mes pensées, réfléchissant aux propos de ma camarade. Un sourire très léger apparut sur mon visage au fur et à mesure de ses propos. La jeune femme était d’une intelligence certaine et j’étais vraiment ravi d’entendre son propos optimiste sur ce nouveau monde qui nous était offert. Je devais bien admettre qu’elle n’avait pas tort. Ce monde rassemblait des personnages issus de contes et d’origine très diverses qui pour une raison obscure se retrouvait à partager les mêmes rues, à se rassembler autour d’un verre ou encore à rêver d’un magnifique avenir commun. Elle avait raison, nous n’avions pas choisis cette malédiction ou cette ville mais les opportunités qui nous étaient offertes étaient nombreuses et nous pouvions être qui nous voulions. Lorsque 28 ans plus tôt je quittais ce triste monde gris pour me retrouver ici, jamais je n’aurais cru pouvoir croiser les routes de temps de camarades, de pouvoir me faire autant d’amis alors que rien ne m’y prédestinait. N’était-il donc pas plus judicieux d’accepter mon sort plutôt que de ruminer le passé ? Je me tournais alors dans un sourire et admis d’un bref mouvement de tête.

- Je suis parfaitement d’accord avec vous, Neïlina. Je ne devrais pas nourrir des idées aussi noires sur cette ville. Lorsque j’ai quitté le monde des contes, j’étais au bord du suicide. Je ne voyais plus aucune sortie de secours et tous mes repères m’avaient été arrachés. Je n’ai plus rien à perdre alors pourquoi perdre ma seule chance de pouvoir être heureux ? J’aurais cependant espéré que ses souvenirs ne s’immiscent jamais dans mon esprit. J’aurais eu plus de chance d’être heureux si tel n’avait pas été le cas. Mais dites-moi plutôt est-ce que vous êtes heureuse ici ? Trouvez-vous cette vie plus satisfaisante que celle que vous aviez dans le monde des contes ?

Une gorgée supplémentaire suffit à calmer les derniers tourments de mon esprit. Je me laissais bercer par les paroles douces et réconfortantes de Neïlina sans me préoccuper du reste. Elles étaient si justes que je ne trouvais plus rien à redire. Je m’apprêtais donc à lui répondre mais lorsque je tournais mon attention vers elle, j’aperçus cette lueur verte et reptilienne dans ses yeux. Avais-je rêvé ce qui venait de se produire ? Était-ce possible que mon esprit me trompe une seconde fois ? Mais il y avait autre chose qui me surprit bien plus que ses premiers propos. Il me surprit tant que je failli renverser le liquide qui restait dans mon verre. Des hybrides mi humains mi animaux ? Faisait-elle référence à ma vraie nature ? Non impossible, comment pouvait-elle savoir ce que personne dans cette ville ne connaissait ? C’était impossible ! Inimaginable ! Ce qui voulait dire que je ne m’étais pas trompé en ce qui la concernait. Il s’agissait bien d’un humain hybride à moitié animal. C’était donc l’aveu qu’elle venait de me faire ! Je tournais vers elle un regard intrigué et parla sans vraiment réfléchir
Alors vous aussi… je veux dire vous avez parfaitement raison. J’aime beaucoup cette vision qu’un auteur ne soit pas à l’origine de nos histoires. Penser qu’il s’est inspiré de nos histoire serait comme reconnaitre que nous sommes maître de notre destin et que nos histoires méritaient réellement de pouvoir être contée à des générations d’adultes et d’enfants et que nous avions quelque chose à leur enseigner, des leçons de vie qui seraient vraiment importantes pour ces derniers.

Neïlina m’offrit alors la possibilité de donner corps aux idées qu’elle évoquait précédemment en me proposant de goûter aux plaisirs que ce monde avait à offrir. Son hardiesse me séduit et je me sentais prêt à plonger en enfer avec ma camarade de beuverie, n’était-ce donc pas la plus belle des manière de faire un pied de nez à ce destin qui s’étaient si habilement jouer de nous. De plus, je devais bien admettre que cet étrange bien-être que l’alcool diffusait dans tout mon corps me privait peu à peu de tous libre arbitre et me donnais envie de succomber à ces délices si merveilleuses qui avaient fait basculer mon âme vers la folie alors que mes connaissance me surnommait Henry Jekyll. Je répondis alors au regard malicieux de cette jolie danseuse en rajoutant avec malice

- Ce serait avec beaucoup de plaisir que je vous y suivrais, ma chère. Il y a tant d’années que je ne m’étais pas laisser aller à la rêverie, cette idée me séduit et je suis prêt à vous suivre jusqu’en enfer si le cœur vous en dit !

L’air qu’elle affichait alors me surprit. Je n’avais aucune intention de la froisser ou de me montrer impoli. Cependant le regard furieux qu’elle m’adressa me fit comprendre que je m’étais aventuré sur un terrain bien glissant que j’aurais mieux fait d’éviter ! Je lui souris poliment, espérer calmer ses craintes à mon égard. Je me concentrais ensuite sur mes propos suivant et notre goût commun pour ce très bel instrument qu’était le piano. Elle me proposa que je lui fasse une petite démonstration de mes talents en retour sur quoi je haussais gentiment les épaules.

- Je pense que cela pourrait se faire assez aisément ! Je serais ravi de vous faire une petite démonstration de talents d’inventeur si j’en ai un jour l’occasion. Ce ne sera que justice dès lors que j’aurais eu la chance de pouvoir vous voir interpréter une mélodie de votre choix au piano.

Elle me parla ensuite de fidélité conjugale et de ces maris incapable de tromper leurs épouses. De mon côté, je me demandais ce qu’il pouvait y avoir de plus merveilleux de pouvoir offrir son cœur à une seule femme pour ne plus jamais s’en défaire. Il y avait quelque chose de très beau, presque de chevaleresque dans cette attitude. Quel dommage pourtant que les hommes d’aujourd’hui soient aussi instable. Pourtant j’étais un éternel optimiste et je rêvais encore de cette femme qui me ferait oublier toutes les autres.

- Vous ne croyez pas au bonheur conjugal ? Vous croyez que l’un des deux époux finira forcément par trahir son conjoint ? Traitez-moi dans ce cas d’optimiste mais je crois au contraire qu’il est possible pour un homme de tomber amoureux d’une femme et de ne jamais penser à une autre.

Nous poursuivions ensuite notre conversation plus optimiste sur ces personnages qui nous fascinaient. Je réfléchis quelques instants alors que ma compagne finissait tranquillement son verre de whisky. Il m’était pour le moment impossible de la suivre dans sa démarche et je renonçais à commander un troisième verre. Je souris légèrement lorsqu’elle évoqua le nom de Barbe Noire, de ce pirate bien connu qui avait fait tant de ravages autour de lui durant sa longue et désormais célèbre liste de crimes commis à l’encontre de tant d’innocents.

- Voici donc la phase la plus noire de votre personnalité ? Penser que les pirates sont des modèles à suivre ? Permettez-moi dans ce cas de ne pas être d’accord avec vous. Pour moi, un héros se doit d’être un esprit intelligent, un homme franc et loyal qui suit avec fidélité leurs rêves et leurs convictions. Personnellement j’ai toujours envié les grands esprits de notre monde imaginaire tels que Phileas Fogg ou encore Sherlock Holmes ! Mais comme vous le disiez chacun nourrit ses propres rêves.

Je finis alors mon verre d’alcool profitant encore du goût de ce si doux nectar descendant le long de ma gorge. Ma belle de nuit me proposa alors de la rejoindre dans son antre. D’un bref mouvement de tête j’acceptais, me réjouissant de profiter comme il se devait de cette agréable soirée.

- Ce serait avec le plus grands des plaisirs, Neïlina. Il me tarde de connaître cet antre dont vous me vanter les mérites. Je vous suivrais donc au Psychic Club.

Je payais alors mes consommations et une partie de celle de ma camarade. Je me levais ensuite, tendant mon bras en direction de la jeune femme dans un sourire. J’attendais patiemment de suivre ses pas, ne sachant où cette initiative me conduirait.