another day, a different dream perhaps. (drake&grace).

DRAKE RIDER & NANA BLACKHEART

September 19th, 2015.

Il y avait de ces soirs où je n’étais plus la patronne, il y avait de ces soirs où je prenais l’air et le costume ridicule d’une employée. Le PsyChic était sur le point d’ouvrir lorsque le type qui devait se tenir derrière le comptoir du bar cette nuit m’a appelée pour m’annoncer qu’il venait de se faire une fracture en tombant dans ses escaliers. J’avais d’abord espéré que ce soit une mauvaise blague de très mauvais goût, et puis après qu’il ait raccroché un peu trop précipitamment selon moi j’avais piqué une colère en espérant qu’on ne se payait pas ma tête en m’offrant des excuses de merde pour retrouver des potes dans une quelconque autre soirée, et puis, au final, j’avais fini par me calmer en me disant que servir des boissons, ce n’était pas si compliqué que cela. Après tout, j’étais censée être polyvalente, j’étais censée mériter ma place de patronne, et j’allais leur montrer. Je ne pensais pas qu’on pouvait parfois avoir des clients aussi chiants, ou déjà bourrés avant qu’ils ne posent leur cul sur l’un des tabourets.
Aussi, y avait ce truc qui me donnait là l’impression d’être une employeuse exemplaire. Le genre qui serait volontaire pour prendre la place de l’un de ses employés mal en point, ce genre de trucs. Je me sentais un peu fière, je faisais ma bonne action de la journée. Mais ça me faisait quand même un peu chier, faut l’avouer. Plutôt que de tranquillement surveiller ce qui se passait en salle et faire un peu de comptabilité entre deux pauses, j’allais devoir servir des boissons plus ou moins alcoolisés à des gars déjà ivres, à des gars sûrement trop insistants. Sur ce point, c’était du moins la vision que je m’étais faite de notre clientèle d’après ce que j’entendais rapporter de mes nanas.

La soirée se passait plutôt comme celle à laquelle je m’étais préparée. Les premières heures de la nuit furent plutôt calmes, je trouvais un peu de temps pour traîner sur le portable discrètement. Et puis passé vingt-deux heures, les clients affluaient. Certains ne regardèrent même pas le bar, mais ça n’empêchait pas d’autres de s’y installer et sans plus de politesse demander telle ou telle boisson. Le service au comptoir n’était pas une chose aussi simple que prévu. Quand il n’y a personne ça va, quand ça se bouscule un peu ça va moins. Je finissais par mélanger les commandes, servir les mauvaises boissons aux mauvaises personnes, j’en récoltais quelques moqueries, si ce n’était pas parfois quelques râlements sur l’incapacité de la serveuse. J’allais leur en faire voir moi, des serveuses. Je sentais l’énervement taper sur mes nerfs, et puis une tête vaguement connue se distinguait des autres.

« Oh Drake, j’espère que ça va ? » Je demandais plus cela par politesse que parce que je m’en souciais vraiment.

acidbrain

DRAKE RIDER & NANA BLACKHEART

September 19th, 2015.

La soirée s'annonçait bien trop longue, mes talons commençaient déjà à me fatiguer, autant ceux de mes pieds que ceux de mes chaussures. J'avais horreur de me tenir debout aussi longtemps, surtout avec des chaussures que mes pieds ne pourraient peut-être pas supporter toute une soirée – sans compter qu'il faudrait sûrement que j'investisse dans des pansements le lendemain. Je commençais déjà à m'appuyer sur une jambe ou sur une autre, reposant mes pieds chacun à tour de rôle, l'espace d'un instant. Et encore, si je pouvais sourire sans trop me forcer de temps en temps parce qu'il y aurait de la charmante compagnie, ça pourrait aller. Le barman étant là depuis quelques mois, je me suis dit que le job devait lui plaire. Ce soir, je pense surtout qu'il est capable d'endurer ça tous les soirs seulement pour pouvoir toucher un salaire plus ou moins fixe, plus ou moins correct, à la fin du mois et pouvoir vivre en paix sous un toit. Je me disais qu'il faudrait que je puisse former une bonne partie de mes employés à travailler derrière un comptoir au cas où ce genre de situation venait à se reproduire. Je grinçais encore des dents contre le pauvre type qui s'était sûrement véritablement fait mal, je ne pouvais pas m'empêcher de lui en vouloir pour la galère dans laquelle il m'avait mise, sûrement sans le vouloir. Je me redressais, en équilibre sur mes deux jambes. Je commençais à avoir des fourmis. Sérieusement, il n'y a pas un tabouret qui traîne dans le coin ?
Pire que ma position qui me faisait crier des pieds, il y avait les clients. Il y avait ceux qui n'admettaient pas que l'on soit débordée et que l'on puisse faire des erreurs, il y avait ceux qui bougonnaient par les yeux en vous voyant en servir un autre avant eux. Il y avait ceux qui ne décrochaient pas un sourire, pas une formule de politesse, et il y avait ceux qu'il fallait freiner quant à la consommation d'alcool. Au fait, à partir de combien de verres je dois demander au consommateur de ne plus consommer ? Est-ce que je devais le laisser continuer à s'emplir le gosier et se noyer le sang dans de l'alcool, ou est-ce que je devais faire quelque chose ?

Je sentais mon visage prendre feu à la remarque de Drake. Je me tournais pour attraper la bouteille de whisky derrière moi et un verre qui pourrait aller avec. Soit j'avais déjà servi tous les verres à whisky, soit mon barman savait bien les cacher et dans ce cas il risquait de se prendre une chasse lorsqu'il reviendra poser les pieds dans ce bâtiment. Sur le coup, je ne répondais rien à Drake. Le temps de servir, le temps d'apporter le milk-shake à la bonne personne – une midinette qui aurait pu me tuer si elle le pouvait de ses yeux, tapotant nerveusement le comptoir de ses ongles trop longs et manucurés, sans doute pour exprimer son mécontentement face à la boisson qui ne lui avait toujours pas été servie depuis le temps qu'elle l'avait commandée. Est-ce qu'elle voulait bien prendre ma place, j'avais besoin d'une pause ?
« Et voilà pour le whisky, désolée je suis un peu fatiguée ce soir... » Finalement, j'avais servi la boisson de Drake dans un verre à Coca, mais peu importait la forme au final, il avait ce qu'il avait commandé – après une petite marge d'erreur. « Dis-moi tout de suite si tu veux autre chose, je crois que je vais pas tarder à fermer le bar l'espace d'une heure, le temps que je prenne une bonne pause et que je mette des chaussons. » En évoquant l'éventuelle fermeture temporaire du bar, les voisins de Drake me lancèrent des regards vague, vitreux, interrogateurs et mécontents tout à la fois. Ou c'était moi qui commençais à délirer avec toutes les vapeurs et les haleines gorgées d'alcool qui flottaient autour de moi.
Je ne savais pas moi-même si j'étais sérieuse à propos des chaussons, mais l'idée était alléchante, et la notion même de pause me poussait maintenant à l'envie de fermer le bar que j'avais sous ma responsabilité. J'étais patronne, mais j'étais même pas capable de faire le travail d'un seul de mes employés absents. L'on pouvait râler, l'on pouvait prétendre que l'enseigne perdrait quelques clients fidèles si je n'assurais pas, mais ce n'était pas comme si la concurrence courait les rues dans Storybrooke. Pour l'instant.

« Bien, alors qu'est-ce que tu fais dans le coin ? »
Si un client dont la compagnie n'était pas désagréable restait quelques minutes, j'allais en profiter, histoire de me donner l'illusion que le temps serait passé un peu plus rapidement l'espace d'un moment.

acidbrain

DRAKE RIDER & NANA BLACKHEART

September 19th, 2015.

C’était sympa d’avoir de temps en temps un ce n’est pas grave pour vous rassurer. Je crois que c’était le premier de la soirée. Quand je n’étais pas derrière le comptoir, j’avais souvent droit à des regards lubriques, jamais des regards noirs – ou alors je ne les avais pas remarqués, mais ça m’étonnerait. En même temps, on n’attendait rien de moi si ce n’est d’exposer quelques bouts de peau à peine couverts. Maintenant que je devais me rendre utile et que cet environnement m’était tout à fait inconnu, et que donc que mon incompétence était flagrante, je n’avais plus droit aux mêmes remarques. Ma plastique ne suffisait pas derrière un comptoir à contenter mes clients. Drake c’était le premier ce n’est pas grave de la soirée. Et ce sera sûrement le seul, vu comme c’était parti.

« Oh non ce n’était pas perdu, mais vas expliquer ça à ces connards qui pensent que le service au bar est chose aisée. C’est cool d’avoir des clients comme toi pour souffler un peu. Contente de voir que certains savent encore attendre cinq minutes… »

Plutôt que la rapidité du service, c’est la qualité du service que j’avais à me reprocher. Ce n’était pas que je mettais des plombes à apporter les commandes, c’était que je me gourais systématiquement. Quand il y avait trois têtes de nœuds à servir, passait encore, mais là je crois que la prochaine fois je prendrais un carnet pour noter tout, ce n’était pas possible autrement. Et je demanderais le secret du barman, par la même occasion. Je prenais conscience que si je laissais le bar, je risquais de donner une mauvaise image à l’enseigne, et même si la concurrence ne courrait pas les rues, je n’avais pas envie de ça. C’était mon travail de le gérer. Et j’étais un peu blonde de ne pas avoir pensé à la solution un peu avant.

« Garde la bouteille, c’est cadeau. C’est pas un grand whisky de toute façon et crois-moi avec les pourboires qu’on se fait ici, ce n’est pas l’argent qui manque pour acheter d’autres boissons. »

Plutôt que d’aller chercher mes chaussons et de fermer le bar comme je pensais le faire. Enfin… je ne sais pas si je le pensais, ou si je le disais comme ça, par lassitude… bref, plutôt que de fermer le bar, j’appelais la première danseuse qui passait à portée de ma voix. Ce devait être une nouvelle, car je n’avais pas son nom en tête. Sûrement Lily, ou un truc de ce genre. Toutes avaient des prénoms niais, ici. Et tant mieux s’il s’agissait d’une nouvelle, elle serait plus encline à accepter ma proposition – proposition qui se présentait plutôt comme une obligation, à vrai dire.

« Bon, ce soir tu danses pas, OK ? T’auras une augmentation, mais ce soir y a besoin de quelqu’un derrière le bar, et tu es l’élue. »

Elle sera sans doute aussi paumée que moi au milieu de toutes ces boissons, et j’espérais qu’elle savait faire la différence entre la manzana et la vodka, mais au moins ce ne serait pas moi. J’attrapais la bouteille de vieux rhum, de l’autre main la bouteille de whisky que j’avais offert à Drake. C’était tout juste si j’avais écouté la réponse de Drake à ma question. De toute façon, c’était simplement une question de politesse, et je ne sais pas si la réponse m’aurait plu. Les gens qui venaient ici n’avaient généralement pas des intentions pures, ou alors ils venaient sans trop le vouloir. On ne se vantait bizarrement pas de venir dans le coin, et d’être un habitué. Je crus tout de même distinguer une histoire d’avis entre pieds et cerveau, mais j’avais l’idée générale.

« Au final ce n’est pas perdu, t’as gagné de quoi te remplir le gosier pour la soirée ! Suis-moi. »

Sur ces mots, je me dirigeais vers les fauteuils dans le coin, légèrement en hauteur par rapport aux autres fauteuils. C’était là que je passais généralement mes soirées. La plupart du temps en compagnie d’un membre du personnel pour ne pas être dérangée par un client un peu trop intrusif. C’était là que j’avais une vue plus ou moins imprenable sur l’ensemble de la pièce, et je faisais alors office de caméra de surveillance, veillant au bon déroulement de la soirée, n’hésitant pas à intervenir en cas de pépin. J’invitais Drake à s’asseoir, et en fit de même.

« Si tu veux manger quelque chose n’hésites pas, on fait quelques tapas… Alors mon chat, quelque chose à raconter ? Quoi de beau dans ta vie ? Si tu cherches un job, je pense que je peux te dégoter un travail derrière le bar, mais pas sûre que ça te plaise. »

Je passais un peu du coq à l’âne sans doute, mais j’avais au moins l’avantage d’aller à l’essentiel.

acidbrain