FLASHBACK | « Hey, I'm calling you back, ouh she's been a bitch tonight » + Mérida&Grace.

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Have you ever danced with the Devil in the pale moonlight ? (Mérida & Grace)

Des incapables qui n’étaient pas foutus de livrer une commande correctement, sans que rien ne manque. Chaque fois, c’était la même chose, il y avait toujours une boisson qui faisait défaut. D’habitude ce n’était jamais rien de trop grave, il suffisait d’attendre deux ou trois heures avant d’être dédommagé gratuitement. Parfois, Grace en abusait un peu. Elle exagérait les quantités de pertes dans sa commande, cachait les produits au cas où il y aurait vérification, et elle faisait ainsi quelques économies sur les bouteilles. Ce n’était jamais rien d’énorme, peut-être une bouteille de whisky et une douzaine de bouteilles d’Orangina une fois par semaine, ou une bouteille de rhum à la myrtille, des conneries du genre. Le problème c’est que aujourd’hui, impossible d’obtenir réparation avant que le service ne commence au PsyChic ce soir, le service de livraison était juste injoignable. Jamais encore ça ne lui était arrivé. En soit, Grace aurait pu se contenter de prendre son mal en patience et de gentiment attendre jusqu’au lendemain, voire au surlendemain dans le pire des cas, que les livreurs reviennent avec ce qui lui manquait vraiment. Mais dans le PsyChic, Grace avait besoin que tout soit opérationnel tout le temps, qu’il n’y ait jamais de rupture de stock pour une boisson pour quoi que ce soit d’autre. Tout devait toujours être impeccable, elle accordait une importance particulière aux détails et aux lois de Murphy si jamais l’un de ces détails n’allait pas comme il était censé aller. Ce soir, c’était l’eau pétillante et les bouteilles de liqueur de fraise qu’il manquait, et Grace n’en avait plus du tout en stock. Et comme les verres de liqueur faisaient partie de l’Happy hour, il y avait donc de fortes chances qu’un client en demande un, surtout ces femmes qui préféraient les alcools plus sucrés aux plus forts. Et là, Grace serait bien dans la merde. Certains relativiseraient. On pouvait bien se passer de liqueur de fraise pour une soirée. Ce n’était pas grave, on vendrait mieux les autres alcools forts. Mais Grace ne l’entendait jamais de cette oreille. Aussi, à six heures du soir, juste deux heures avant que l’établissement n’ouvre ses portes aux clients, elle avait pris ses cliques et ses claques et s’était rendue en ville pour résoudre son problème. Direction le quartier Grimm, elle ne rentrerait pas au PsyChic tant qu’elle n’aurait pas réussi sa quête.

Prévoyant le coup où elle arriverait en retard pour ouvrir à temps, elle tentait de joindre la rouquine qui la dépannait bien de temps en temps. Service qu’elle lui rendait dès qu’elle le pouvait. Elle l’appelait au dernier moment cette fois, mais elle estimait ne pas avoir le choix. Et si dans moins d’une heure et demie elle n’était toujours pas rentrée au moins pour s’assurer que tout l’établissement était au point, elle préférait avoir une âme de secours. Mais évidemment, quand les circonstances sont là pour vous pourrir la fin d’après-midi, elles sont là jusqu’au bout. Grace avait composé le numéro d’Élinor, mais les seuls sons qu’envoyait son cellulaire à son oreille étaient les longues tonalités d’une sonnerie. Après avoir compté jusqu’à cinq, Grace raccrochait. Une manie qu’elle avait pris car elle préférait mettre fin à l’appel d’elle-même que d’être accueillie par une quelconque voix de messagerie. Tant pis, elle rappellerait plus tard.
La voilà donc en plein centre-ville. Elle avait l’impression de découvrir un monde. Cela faisait tellement longtemps qu’elle n’avait pas mis les pieds ici. Elle était tellement habituée à courir entre le PsyChic et chez elle, entre chez elle et l’université. Parfois elle descendait à l’épicerie du coin pour remplir ses placards et son réfrigérateur trop vides, mais cela se résumait à ses seules sorties. Prendre une demie-journée pour faire un peu de lèche-vitrines ? Cela devait faire des mois qu’elle ne l’avait pas fait. Elle remettait toujours à plus tard, espérant que plus tard elle aurait du temps. Sauf que du temps elle n’en avait jamais, même pas assez pour avoir une vraie nuit parfois.

Ça faisait maintenant plus de trois quarts d’heure qu’elle tournait en rond dans le quartier. Essayant chaque boutique qu’elle estimait susceptible de lui proposer ce qu’elle cherchait. Des bouteilles de liqueur de fraise, ça n’avait pas l’air d’être facile à trouver. Pour l’eau pétillante, il n’y avait pas eu de problème. Première épicerie et bingo ! Mais allez demander quelque chose d’un peu folichon pour que les vendeurs haussent les épaules et vous recommandent de vous tourner vers des fournisseurs. Sauf que les fournisseurs, Grace essayait sans cesse de les joindre sans plus de succès qu’avec l’autre rousse. Et justement, en parlant de l’autre louve… une sonnerie stridente s’étouffait dans le sac à main de Grace. Un soupir de soulagement s’échappait quand elle lisait le nom de l’émetteur de l’appel. Au moins, ce n’était pas un énimème appel pour du démarchage ou des sondages à la mords-moi le nœud.
« Fitzgerald, c’est pas trop tôt ! J’ai besoin de toi, tu fais quoi ce soir ? »

Je me suis faite jetée... encore.

Clairement aujourd’hui Fitzgerald devait travailler mais elle s’était imposée elle même une journée de repos. C’était devenu habituel chez elle et comment vous dire que son patron préférait. Il approuvait totalement qu’elle reste cloitrée chez elle plutôt qu’elle éclate sa mauvaise humeur sur tout les clients et ses collègues. Si ce n’était pas ses colères c’était une attitude amorphe et blasée. Le programme de la journée était se poser devant la télévision et manger. Oui manger pour combler l’ennui et la déception. Puis juste ne rien faire, emmitouflée dans le plaid moelleux, aspiré par les oreillers du canapé. Les munitions pour cette journée qui commençait qu’en début d’après-midi après une légère gueule de bois était de l’aspirine, de la chantilly, et une collection de DVD pour remplir cette journée. Tout était posé sur la table basse, et elle commença par ce qui lui permettrait d’avoir un petit peu moins mal aux cheveux. Elle était rentrée de sa sortie un peu agacée et à crans, alors elle avait intimé Harris à l’accompagner dans son rapport de soirée. Avec alcool. Ce n’était pas grand chose, sauf que notre cher Mérida s’éloigner doucement mais sûrement de la vingtaine.

Etalée dans le canapé, elle s’était endormie devant Brokeback Mountain juste après la fameuse scène où ils passent à l'acte. Elle n’avait pas réussit à tenir plus. Le téléphone avait sonné, au loin posé sur la table de la salle à manger avec son sac à main, les deux verres vides et la bouteille de Whisky pratiquement aussi pleine que ces derniers. Harris rentra en fin d’après-midi et posa avec des gestes automatique une liasse de courrier, tout en lisant l’invitation aux Voeux du Maire et à la veillée de Noël. La loupiote du téléphone de l’aînée l’interpella et il vérifia le cellulaire. Sans aucune douceur il le jeta par-dessus le dossier du canapé, en plein sur le menton de sa soeur.
« On t’as appelé. C’est Nana… » répondit-elle à son interpellation brusque par un grognement. Elle se redressa tant bien que mal, essuyant un peu de salive au coin de la bouche, puis se massant les tempes. Il rappela son interlocuteur en demandant à Siri de le faire pour elle. Accoudé au canapé, le téléphone à peine tenue par deux doigts, elle appuyait presque sa tête dessus. Le film n’était toujours pas fini ce qui l’interloqua alors que les longs « bip » résonnaient dans les moindres parcelles de son crâne.

Grace répondit et Elinor décolla le téléphone face à l’acouphène que venait de lui provoquer son ami. A en entendre sa voix, ce n’était pas pour lui donner un conseil pour bien finir cette journée. Fronçant les sourcils, elle hésita longuement à sa question.
« Euh… J’ai peur de te dire que je ne fais rien, mais pourquoi ? Je me suis mise en repos mais c’est pas pour rien. Es-tu entrain d’avoir un bébé ? Ou est-ce qu’il est question d’un danger mortel ?  »
La rousse se replaça mieux dans le canapé, allongée sur le dos, un bras derrière la tête. Elle fermait déjà les yeux et attendait de savoir ce « besoin » d’elle. Elinor devrait être heureuse, quelqu’un avait au moins besoin d’elle à défaut d’avoir envie. Si elle avait vraiment besoin d’elle, elle ferait un effort.

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