Mushu se réveillait chaque matin avec l'espoir d'avoir rêvé les derniers malheurs qui lui étaient tombés dessus. Hélas, sa situation catastrophique était bien réelle. Il se trouvait toujours à moitié mort de froid dans le royaume d'Arendelle, il était toujours le prisonnier de Drago (soit, le pire cas de figure quand on était un dragon) et, surtout, il était toujours désespérément humain. Ce dernier détail auquel il avait encore du mal à s'habituer ne l'avait même pas sauvé de sa rencontre avec le dragonnier ! C'était déjà suffisamment difficile de se réhabituer à être humain après avoir été un dragon pendant presque deux siècles, mais, le plus gros souci se situait d'un point de vue magique. Il est vrai que ce dernier point aurait pu être pire. Il aurait pu en être totalement dépourvu en quittant son apparence de dragon. Or, heureusement, même privé de sa perle, il avait encore des réserves de magie. C'était la seule pensée réconfortante à laquelle il se raccrochait. Bien que cette douce sensation n'avait rien de comparable à avant. Avant, il n’avait pas besoin de se concentrer pour la sentir, la magie faisait partie intégrante de lui. Il ETAIT magique. Cependant, le plus important était que cette agréable sensation, aussi diminuée soit-elle, était encore là ! Il avait encore de la magie en lui ! Il n'était pas redevenu le tailleur inutile qu'il était avant d'avoir trouvé la perle ! Du moins, pour l’instant.
Car à chaque malheureuses flammèches pour se réchauffer ou cuir la pitance qu’on osait lui servir, il sentait sa réserve magique diminué. À cause de cela, Mushu n’avait fait aucune tentative pour essayer de retrouver son apparence de dragon. Oh, il sentait bien que c’est ce qu’on attendait de lui. Drago voulait un énième dragon dans son armée et l’Asiatique serait sans doute traité en invité encombrant jusqu’à ce que le barbare obtienne satisfaction. Sauf que, petit un, même si Mushu y arrivait, il doutait que le résultat satisfasse le dragonnier, et, petit deux, que se passerait-il s’il essayait et vidait ces forces magiques dans cette tentative ? Redevenir aussi insignifiant qu’avant le terrifiait.
À cette pensée, l’ex-dragon frissonna et réajusta sa tenue au cas où cette sensation désagréable viendrait des températures locales. Dans quelques instants, des brutes de l’armée de Drago allaient sans doute le traîner soit devant leur chef pour l’entraînement, soit auprès de Giselle à qui il servait d’animal de compagnie à temps partiels (ce qui n’est pas un sort tellement plus enviable). Raison de plus pour savourer ces minces instants de tranquillité, malgré le froid et la faim qui le tenaillait. L’Asiatique en profita également de se donner meilleur allure, en rattachant ces cheveux par exemple puis en tentant de réajuster et de défaire la crasse de sa tenue. S’il y avait bien une chose demeuré intact chez Mushu, malgré tout ce qui lui arrivait, c’était sa fierté. Il se faisait un devoir de ne pas monter qu’il avait touché le fond, ne serait que pour éviter de donner cette satisfaction à ces tortionnaires.
Le calme des lieux fut troublé par des bruits de pas et l’Asiatique eut le réflexe de se lever brusquement. Ce geste vif lui arrache une grimace à cause d’une blessure à la jambe reçue lors d’une de ces tentatives de fausser compagnie aux barbares. Afin de camoufler cela, il s’accouda aux barreaux de sa cellule dans une attitude qu’il espérait décontractée.
« Alors ? Cela sera quoi aujourd’hui ? Tester la cuisine de Giselle ? Elle a trouvé comment faire fonctionner un des objets bizarres qu’elle a ramené de je ne sais où ? Drago aurait-il trouvé une nouvelle forme de torture à me faire subir, une nouvelle humiliation ou une nouvelle corvée à effectuer ? » Questionna-t-il sur un ton faussement badin.
Il aurait pu continuer la liste si la surprise ne l’avait pas interrompu dans son discours. La personne qui venait d’entrer ne ressemblait pas du tout aux barbares qu’il avait croisé depuis son arrivée ici.
« Quelle surprise ! Il n’y aurait donc pas que des brutes sous les ordres de Drago ? » Commenta-t-il, encore sur le coup de la surprise, en regardant avec curiosité sa visiteuse. Elle était plus agréable à regarder que ces visiteurs habituels, ça, c’était certain. Mushu regarda ensuite si la nouvelle arrivante était venue les mains vides. D’accord, ce n’était pas très poli de regarder ce genre de détail avant d’échanger les politesses d’usages, mais il avait terriblement faim !
acidbrain