MISSION off - Neverland, un nouveau problème à résoudre + Regina&Michael.

L’île était sous sa surveillance. Peter Pan n’étant pas sur le Pays Imaginaire présentement, et Smash avait été envoyé dans la ville des maudits. C’était Michael qui avait la responsabilité des lieux, et ce n’était pas forcément une bonne chose. Oh, il serait fiable, il n’y avait pas de souci. Ne pas respecter ce que Peter lui avait demandé serait la dernière chose qu’il aurait envie de faire. Mais si un invité venait fouler la terre de Neverland, l’accueil ne serait pas des plus chaleureux. Le problème de Michael, c’était qu’il avait tendance à prendre trop à cœur le jeu. Il passait plus ses pulsions dans ceux-ci qu’il ne s’y amusait. Les pirates et les sirènes, ce devait sûrement être ceux qui en ramassaient le plus dans la tronche. Mais de façon générale, il ne faisait pas de cadeaux aux intrus.

La journée avait été plutôt calme. Les gargouillis provenant du ventre de Michael venaient s’unir avec ceux des autres garçons perdus. Michael se disait qu’ils avaient peut-être trop mangé. En réalité, s’imaginer qu’ils mangeaient ne trompait pas leur organisme, et l’estomac du petit dernier des Darling criait famine. Mais plutôt que de s’en rendre compte, Michael s’était intéressé à un mouvement qu’il n’avait pas prévu sur l’île. Alors que le groupe se trouvait à quelques pas de la plage, on entendit des mouvements dans l’eau inhabituels. En tous cas, Michael savait quand le bruit des vagues cachait quelque chose. Il avait passé trop de jours à guetter le retour des sirènes, ou la venue des pirates.
Un coup d’œil et il se félicitait d’avoir une ouïe si excellente. Il crut reconnaître depuis la silhouette qui s’approchait celle que l’on appelait autrefois la Méchante Reine. Elle n’est pas censée être de l’Autre Côté ?

« Quel bon vent t’amène ? » murmurait-il plus pour lui-même, sans vraiment s’adresser à Regina, celle-ci étant encore beaucoup trop loin pour être à porter de voix, et le son de cette dernière étant trop bien camouflé par le léger vent et les flots. Toujours à l’abri, il observait sans bouger un poil ce qui s’ammenait sur Neverland. Si c’est pour une visite diplomatique qu’elle est venue, alors elle est mal barrée.

Depuis quelques temps, il était évident que les habitants de Storybrooke étaient soumis à des comportements qui n’étaient pas les leurs. Après quelques recherches approfondies, Regina avait conclu qu’une sorte d’esprit magique s’amusait à modifier les humeurs et caractères des gens. Son objectif du moment était de découvrir qui était cette entité, qui l’avait créée, et dans quel bur, surtout qu’elle en avait elle-même subi les effets indésirables. Pour fabriquer le sort qui l’aiderait peut-être à localiser ce « démon », l’ancienne méchante reine devait se rendre à Neverland pour y dénicher le dernier ingrédient que l’on ne trouvait que sur place. Loin d’être enchantée par cette perspective, il fallait pourtant s’y résoudre, l’ingrédient final et indispensable au sort se trouvait sur cette île. Et puis des recherches d’ordre plus personnel lui avaient indiqué qu’un autre ingrédient pour une autre potion pourrait lui servir… Finalement, le Pays Imaginaire pouvait peut-être être la solution à tous ses problèmes…

Après un voyage tumultueux, le bateau ensorcelé qui emmenait le maire de Storybrooke émergea et la côte de l’île était désormais visible. Premier réflexe de l’ancienne reine, vérifier que sa magie fonctionnait toujours. Elle fit apparaitre une boule de feu dans sa main, qu’elle referma aussitôt, rassurée. Cette ile regorgeait de dangers, mieux valait être préparé et avoir de quoi parer à toute éventualité. L’embarcation approchait du bord tout sans pour autant pouvoir y accoster, étant donnée la taille du bâtiment. Ce dernier dût donc stagner à distance respectable d’environ une centaine de mètres. Regina décida donc de se téléporter, dans un nuage de fumée violette, pour réapparaitre sur le bord de plage qu’elle apercevait. Ne connaissant pas les lieux, ni vraiment à quoi ressemblait la (ou les) plantes qu’elle cherchait, elle ne pouvait faire qu’avec ce qu’elle voyait.

Ce n’est qu’une fois les pieds dans le sable qu’elle remarqua la présence d’un enfant. Enfin, ici, tout était relatif. Quel âge pouvait-il bien avoir ? Depuis combien de temps était-il là ? Ami ou ennemi ? C’était surtout à cette question qu’il était urgent de répondre.

-Bonjour, commença-t-elle prudemment.

Les enfants perdus, il fallait s’en méfier. Néanmoins, qui mieux qu’eux connaissait l’ile ? Il fallait donc tâcher de faire preuve de diplomatie pour obtenir ce que l’on voulait. Après tout, dans une autre vie, Regina était passée maitre dans l’art de la manipulation. La diplomatie, c’était un peu la même chose, non ?

LC’était presque impensable pour lui. Quel visiteur serait assez stupide pour venir sur le Pays Imaginaire aussi seul ? Certes, il s’agissait de la Méchante Reine, mais sur les dernières rumeurs qui circulaient à son égard, elle n’avait plus grand-chose de redoutable. Et certes, elle avait encore sa magie, Michael s’en souvint lorsqu’il vit un éclat de flamme au creux de la paume de la femme, mais elle avait face à elle une petite armée de garçons perdus.
Le temps d’un coup d’œil pour surveiller que ces derniers étaient bien toujours à portée de voix, lorsqu’il replaçait son regard sur les flots, il n’y avait plus de traces de la silhouette. Michael sursautait faiblement en la voyant cette fois bien plus distinctement sur la plage. C’était donc bien elle. Passé l’étape d’observation, il n’avait pas l’intention de rester campé toute la journée derrière la végétation. Il profita de l’instant où Regina ne regardait pas dans sa direction pour doucement sortir du décor. Ses pas firent à peine bruisser l’herbe, puis le sable en dessous. Ou alors l’ouïe de la Méchante Reine était juste sur le déclin, avec son âge.

Il ne lui rendit pas la politesse alors qu’elle le saluait. Il se contentait de la jauger de la tête au pied, aucune expression ne passait sur son visage, il évaluait juste la situation. Un énième regard en arrière pour vérifier qu’il pourrait possiblement compter sur les autres quand la situation tournerait au vinaigre, il se reconcentrait sur la visiteuse pour lui adresser ses premières paroles. « C’est drôle, » commença-t-il. « Je vous imaginais plus… machiavélique. » Avant la levée de la Malédiction, on lui avait parlé d’une femme tout de noir vêtue, respirant les ténèbres qui l’habitaient. La femme qui se tenait devant Michael avait plus l’air d’une mère de famille.
L’enfant perdu fit quelques pas, se rapprochant de la Méchante Reine. Elle n’attaquerait pas un enfant sans aucune raison ? Le risque valait la peine d’être pris. « Pourquoi venir ? » Les raisons pour mettre les pieds sur Neverland pouvaient être nombreuses. La plupart des visiteurs venaient pour les ressources que l’île et ses alentours avaient à leur offrir. Pourtant, Michael savait qu’il ne devait pas pour autant rendre la tâche facile au premier venu, même s’il s’agissait de la femme qui avait lancé un Sort Noir sur tout un monde de contes. Il savait aussi que s’il réussissait à mettre hors d’état de nuire seul et avec un peu de ruse une femme pareille, Peter Pan pourrait être fier de lui. C’était tout ce qui comptait.

De sa main gauche, il vérifia que sa dague était toujours bien coincée dans sa ceinture, dans son dos. C’était OK. Le jeu pouvait commencer.

Le gamin qui lui faisait face savait visiblement qui elle était, du moins qui elle avait été. Il était vrai que dans le monde des contes, la réputation de Regina en tant que Méchante Reine la précédait. Mais apparemment, savoir cela ne l’empêchait pas de se montrer d’une impolitesse peu commune. Pourquoi les enfants perdus étaient-ils d’une telle arrogance, à l’instar de ce Peter Pan qui leur servait de chef ? En avaient-ils tous oubliés les préceptes que leur avaient inculqués leurs parents ? Le « jeune » inconnu la dévisagea de la tête aux pieds, et machinalement, Regina en fit de même. Pour qui se prenait-il ? Sa réflexion lui tira un sourire en coin. La belle brune haussa les sourcils.

-Eh bien, il faut croire que ce n’est pas quelque chose de visible de prime abord. Je me ferais un plaisir de te faire une démonstration, mais je ne suis pas là pour ça, et j’aimerais autant en finir rapidement.

C’est vrai, elle n’avait aucune envie de s’éterniser sur cette ile, d’autant qu’elle était seule, et avoir laissé derrière elle à Storybrooke Henry, Robin et Roland, ainsi que les autres habitants de la ville qui pouvaient se retrouver de nouveau victimes de cet étrange envoutement qui rendait tout un chacun mauvais et irritable, ne la rassurait pas sur l’état de la ville à son retour.

-Tu veux savoir pourquoi je suis ici ? Est-ce pour m’aider, ou me mettre des bâtons dans les roues ? J’espère pour toi qu’il s’agit de la première option, ainsi, je partirai vite de ta précieuse île et nous serons tous satisfaits…

La belle brune remarqua que l’apparent jeune homme regardait de temps en temps derrière en direction des buissons. Elle n’était pas dupe, elle se doutait bien qu’une petite colonie d’enfants perdus se trouvait planquée là.

-Les présentations n’ont pas été faites. Toi et tes petits camarades là-bas savez qui je suis, mais je ne connais pas ton nom. Présente-toi, je t’en prie, demanda-t-elle avec un sourire aussi faux que forcé.

Devait-elle lui dire tout de suite ce qu’elle cherchait ? Elle préférait attendre de voir ses réactions. D’autant que si ses intentions étaient mauvaises, il pourrait lui faire récupérer l’exact opposé de ce qu’elle voulait, et il était hors de question d’avoir fait ce pénible voyage pour rien. Regina était déterminée, elle ne partirait pas d’ici sans la plante lui permettant de démasquer la personne qui jouait avec la bonté des gens de sa ville.

Michael se frottait le menton. Est-ce qu’ils allaient passer la journée à discuter et s’échauffer pour finir par s’en mettre plein la gueule ? Même si Michael avait les autres enfants perdus pas loin, il préférait ne pas déjà en avoir à finir comme ça. D’autant que de ce côté-là, c’était foiré. D’une façon ou d’une autre, elle savait qu’il y avait des yeux derrière la végétation alentour. Ils n’avaient même pas encore joué. « Cette discussion m’ennuie, moi aussi je voudrais en finir. » Il balançait cela de but en blanc. « Je ne suis rien de plus qu’un enfant perdu. » Il ne lui tendit même pas une main. Un enfant perdu… Ah ça, perdu il l’était. Au point de ne même pas être sûr de sa propre identité, parfois. C’était peut-être aussi pour cela qu’il ne donnait pas son nom aux étrangers. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il était enfant perdu. C’était ce qu’on lui mettait dans le crâne depuis belle lurette. « Si je voulais te mettre des bâtons dans les roues ma jolie, je ne te partagerais pas mes intentions. On va dire qu’on fait une trêve. Le temps de voir avec toi ce que tu es venue faire ici et comment je peux t’aider. Et puis… peut-être qu’on verra pour un arrangement. » Ah ça, il savait bien ce qu’il pouvait lui demander. Mais il ne pouvait pas se le permettre se sachant ainsi épié par les autres garçons. Si on rapportait sa requête, il ne savait comment il allait finir. Il préférait attendre un moment plus propice pour se risquer à proposer quoi que ce soit à cette sorcière. Et puis quoi ? Il faudrait bien qu’il rompt cette trêve selon ce qui allait se passer. « Et puis on improvise. »

Il en revenait à comment faire avancer les choses. Il prit soudain un air bienveillant. « Bien. Que puis-je pour vous ? » On aurait dit une hôtesse d’accueil dans un… il n’arrivait pas à remettre le doigt dessus. Ce devait être un souvenir trop lointain… ou une illusion de plus. « On est réputé pour les plantes ici… » C’était d’ailleurs à peu près toujours pour cela que l’île attirait les curieux. À leurs risques et périls. Certains n’en étaient jamais retournés chez eux. « Mais si vous voulez mon avis, certaines sont plus à craindre encore qu’une armée de garçons perdus. »

La discussion avec ce … « gamin », si l’on pouvait l’appeler ainsi, commençait à quelque peu échauffer l’ancienne méchante reine. Elle n’avait aucune envie de s’éterniser sur cette île qu’elle trouvait glauque au possible, mais elle était déterminée à aller au bout de sa mission. Au moins, le garçon perdu et elle étaient d’accord sur une chose : ils voulaient tous deux en finir rapidement. Parfait. Il ne semblait pas enclin à lui donner son nom, et Regina se contenta de hausser les épaules. Tant pis pour la politesse, il ne fallait pas perdre de vue l’objectif. Il parlait d’une trêve ? A la bonne heure ! La belle brune hocha la tête.

-Un arrangement ? Soit, s’il s’agit d’une chose réalisable, ça me convient.

Elle fut surprise par l’air « bienveillant » qu’il afficha ensuite. Ce garçon était étrange, mais quoi de surprenant, allez savoir depuis combien de temps il se trouvait sur cette île !

-Oui, une plante, c’est pour ça que je suis ici.

Elle sortit de sa poche un papier, une page de grimoire, pour être plus précis, qu’elle avait arrachée et sur laquelle se trouvait le croquis de la plante qu’elle était venue chercher. Elle tendit le papier à son interlocuteur.

-Celle-ci. Sais-tu où la trouver ?

Alors que celui qu’elle ignorait toujours s’appeler Michael Darling observait le dessin, Regina se hasarda à une autre question.

-L’on m’a dit aussi qu’il était possible de se procurer de la poussière de pixie sur cette île…

Si par chance elle pouvait revenir à Storybrooke avec les deux, tous les soucis seraient réglés, les problèmes de la ville avec ces changements abrupts de comportement des habitants, et ses problèmes personnels. Le gamin demanderait surement un immense service en retour, mais Regina était quasiment prête à tout pour arriver à ses fins. Il faudrait juste qu’il énonce ses conditions. Tant qu’il ne lui demandait pas de tuer quelqu’un, tout devait pouvoir se faire, non ?