(fini)"Tu veux un livre? Je connais une spécialiste!" [Roland, Belle, Regina]

La jolie bibliothécaire était visiblement toujours remontée contre madame le maire, même quasiment un an après sa libération. Elle se posait une question légitime comme « que serait-il advenu d’elle si Jefferson ne l’avait pas libérée ? ». De toute façon, une fois la malédiction rompue, il y aurait bien eu une âme charitable pour lui ouvrir…

Mais à présent, Roland les avait rejointes. Il n’était donc plus question de parler de tout ça, pas devant lui. Après avoir caressé affectueusement les cheveux du garçonnet, elle laissa sa main posée sur son épaule et regarda Belle.


-Nous continuerons cette conversation plus tard, si vous le voulez bien.

Evidemment, cette phrase n’appelait pas de réponse. Il était hors de question de parler des anciennes actions passées de la méchante reine devant un petit garçon de 7 ans, d’autant qu’il était le fils de son compagnon. Le regard de Regina appuyait ses dires, et si Belle l’ouvrait encore à ce propos, il y avait fort à parier qu’elle se mette en colère.

Le petit garçon demanda à la bibliothécaire combien de temps il pouvait prendre le livre. Regina laissa donc à Belle le soin de lui répondre. Puis, comme s’il avait compris la nature de la discussion des deux femmes, Roland, très philosophe, expliqua ce qu’il avait compris du pardon. Regina le regarda avec des yeux pleins de tendresse. Cet enfant était réellement très surprenant, si jeune et à la fois si malin. Il lui rappelait Henry au même âge.


-Ce que tu dis est très juste, Roland. Mais tu sais, pardonner peut prendre tu temps parfois. Mais c’est très bien que tu l’aies déjà compris à ton âge, ça te servira toute ta vie, tâche de ne jamais l’oublier.

Regina, elle, avait fini par l’oublier, et on sait tous où ça l’a menée. Et notamment à faire du mal à Belle qui, finalement, était totalement innocente dans cette affaire de vengeance personnelle. La méchante reine n’avait cherché qu’à atteindre Rumplestiltskin, et pour cela, il lui fallait lui prendre la personne qui comptait le plus à ses yeux : Belle. A l’époque, les manipuler l’un et l’autre s’était avéré plus facile qu’elle ne s’y attendait, d’ailleurs. Enfin bref, aujourd’hui, l’un et l’autre lui vouaient des sentiments des plus négatifs, dirons-nous, et c’était bien légitime.

Puis, comme tous les enfants de son âge, Roland sauta du coq à l’âne, changeant complètement de sujet, demandant si le prénom de Belle avait quelque chose à voir avec sa beauté, ce qui tira un sourire amusé à sa belle-mère, qui regarda la jeune femme, pour voir ce qu’elle répondrait au petit

Belle ne se priva pas pour exprimer son souhait de terminer cette conversation ultérieurement. Regina hocha la tête. Et puis Roland les avait rejoints. Cet enfant était des plus adorables, très poli, très sage, et malgré tout très curieux. Il posait des questions à Belle, concernant les ouvrages, concernant le pardon et concernant même son prénom. Regina avait proposé une amorce de réponse en expliquant qu’il avait raison d’être enclin à pardonner. Belle, quant à elle, semblait à la fois répondre à l’enfant et glisser un message subliminal à la maire de Storybrooke. Légèrement agacée, sans le montrer à Roland qui observait la bibliothécaire, madame le maire secoua la tête doucement. Elle le savait, elle lui avait fait du mal, pendant vingt-huit longues années, oui c’était impardonnable, inqualifiable, il n’y avait pas de mots pour décrire à quel point l’ancienne méchante reine avait été odieuse et égoïste. Elle-même le reconnaissait à présent. Néanmoins, elle n’était plus cette personne haineuse et méchante, elle mettait un point d’honneur à montrer qu’elle avait changé, elle faisait des efforts considérables pour ne plus se laisser gagner par ses anciennes mauvaises habitudes. Belle devait sans doute le savoir, mais sa fierté devait l’empêcher de le reconnaitre, cela ne pouvait être que ça.

Le garçonnet demanda si la bonne odeur émanait des livres. Il était vrai que l’odeur des ouvrages était agréable. Regina avait de nombreux livres de magie dans son caveau, et elle avait toujours aimé l’odeur qui s’en dégageait. Elle sourit à Roland en lui caressant les cheveux.

-Tu n’as qu’à sentir le livre que tu tiens, tu verras si c’est l’odeur que tu trouves agréable ici.

Belle lui accordait le livre qu’il avait choisi pendant un mois entier. L’affaire était entendue. Regina hocha la tête et prit doucement le petit archer par les épaules.

-Très bien, merci Belle.

Elle reporta son attention sur l’enfant, lui souriant toujours.

-Nous allons y aller, n’importunons pas mademoiselle French plus longtemps, elle est surement très occupée.

C’était sans doute faux, mais après tout l’enfant avait eu ce qu’il voulait : un livre pour s’occuper. Tout ce qu’elle espérait, c’était qu’il ne fasse pas comme Henry, à lire des heures et des heures après l’heure du coucher. Le lendemain matin, ça donnait des enfants fatigués et de mauvaise humeur. Roland était si adorable, il serait dommage qu’une addiction, aussi bénéfique soit-elle que la lecture, le prenne pour changer ce doux caractère qu’il avait.
Regina prit la main libre de Roland, lança un dernier regard à Belle avec un sourire un peu forcé.

-Merci encore, bonne journée à vous.

Elle attendit que le fils de Robin dise également au revoir à la bibliothécaire, puis ils se dirigèrent vers la sortie, avant de regagner la voiture pour rentrer à la maison.