Je n’ai pas le choix ! C’est la meilleure des solutions !
Depuis la veille, je ne cessais de me répéter ces mots afin qu'ils s'imprègnent dans ma tête et dans mon cœur. J’étais résolus à mener à bien mes projets ! Pourtant, au moment de passer à l’acte et de franchir le dernier pas je m’étais brusquement mis à hésiter. Je restais là, le pied posé sur la pédale de l’accélérateur mais sans oser appuyer sur cette dernière. Nous avons tous connus cet instant dans notre vie où comprenant subitement que notre vie ne tient plus qu’à un fil, nous hésitons à avancer. En tant que soldat, je savais mieux qui quiconque ce que l’on pouvait ressentir au moment où à l’heure H, il nous fallait quitter le confort de notre hélicoptère ou de notre bateau pour aller s’exposer au feu de l’ennemi. La peur, le doute et l’excitation… tous ses sentiments contraires se bousculaient alors dans nos têtes et pouvaient rapidement nous faire succomer à la folie. Cependant lors de ces jours tragiques, nous marchions aux côtés de nos compagnons de combat sans aucune hésitation. Le seul appui de nos frères suffisait à nous donner des ailes ! Mais aujourd’hui je me retrouvais seul face à l’adversité ! A présent, j’étais seul…
A cette pensée, je sentis une larme couler le long de mon visage. Saisissant les 4 plaques militaires suspendues à mon cou, je tentais de retrouver mon calme. La décision que j’avais prise n’était après tout motivée que par cela. J’étais seul, perdu, abandonné… toute ma vie n’avait plus aucun sens ! Comment pouvais-je continuer ma route sans eux ? Levant calmement mon regard vers le rétroviseur, je me concentrais sur la pupille bleue que je voyais briller devant moi. Le visage jeune qui s’y reflétait avait été la première de mes préoccupations de cette année écoulée. J’avais gagné ma guerre contre Hyde mais à quel prix ? Ils n’étaient plus à mes côtés et c’était entièrement de ma faute ! Le souvenir de leur sourire, leurs voix et leurs visages me hantaient à présent nuits et jours sans me laisser un instant de répis. Leurs paroles qui me semblaient si douces et si réconfortantes auparavant me torturaient à présent de l’intérieur.
"Suis-je la seule à me sentir dans un rêve quand on est tous les deux ?... Je me demande si inconsciemment c’est pas pour te retrouver que je suis revenu ici… Je tiendrais autant que je le pourrais. On trouvera une solution… Tu sais très bien que j’ai besoin de toi pour survivre…Marvin ! Marvin !"
"Mais vous allez la fermer oui ?"
J’avais hurler ces dernières paroles comme pour chasser enfin ces voix de ma tête. Soudain, je sentis une petite nageoire se poser délicatement sur la paume de ma main. Skipper ! Mon commandant reposait sur la place juste à côté de la mienne. Je souris alors avec douceur, reconnaissant de le savoir toujours à mes côtés et prêt à me soutenir quelle que soit ma décision.
"Tu penses que je fais une erreur, Skipper ? Que je devrais revenir sur mes pas ?"
"C’est à toi seul de prendre cette décision, Kowalski ! Je te recommanderais simplement de ne pas prendre de décision sur un coup de tête ! Es-tu sûr que c’est ce que tu veux ?"
Détachant mon regard de mon compagnon d’infortune, je le reposais sur la banquette arrière. J’avais pris soin d’y déposer mon uniforme militaire ainsi que les plans de mes nouvelles armes que je devrais remettre prochainement à l’armée. Je savais que dans mon coffre reposaient quelques armes et munitions qui me serait très utile une fois sur le terrain. Mais la pièce la plus importante, celle dont ma vie dépendait se trouvait à présent entre les nageoires de Skipper. Le dossier comprenait des informations importantes sur ma vie et sur celles de mes proches… des mensonges savamment orchestrés qui soulageraient mon esprit un mois tout juste avant ma mort. Des mensonges qui me donneraient l’impression fausse et rassurante que je n’avais pas tout fait foiré, que je n’avais pas fait échoué la mission la plus importante de ma vie ! Tout en pensant cela, je saisis entre mes mains ces plaques qui ne m’appartenaient pas et que je gardais sur moi en mémoire d’un ami précieux qui de mon point de vue était bel et bien mort !
Sans ajouter un mot, je relevais mon regard vers la route et posais fermement mes mains sur le volant. J’étais prêt ! J’appuyais alors sur l’accélérateur et lançais ma voiture à vive allure, droit devant moi ! Tout en franchissant les derniers mètres qui me séparé du panneau de bienvenue de la ville, je ne cessais de me répéter.
"Je suis le lieutenant Marvin Kandinski ! J’appartiens au corps de l’armée des Etats-Unis d’Amérique !"
Les autres personnalités, toute mes autres vies n’avaient plus aucune importance ! Toutes les personnes que j’avais pu connaître n’avait plus aucune importance ! A la fin de ma vie, je ne serais que l’homme que j’avais rêvé d’être ! Cet homme qui avait hanté mes rêves durant tout le temps qu’avait duré la malédiction !
"Tu avais raison au moins sur un point, mon ami ! On était des personnes tellement bien à cette époque !"
C’est au moment où ma voiture franchis la frontière de Storybrooke que j’ouvrais les yeux sur ma réalité. J’étais alors couché dans mon lit plongé dans l’obscurité de ma chambre ! Tentant de me prendre conscience de ce qui se passait autour de moi, je tournais machinalement la tête vers la place à côté de moi. J’étais seul dans mon lit… bien évidemment ! Cela commençait à devenir une habitude après tout ! Passant machinalement une main sur mon visage et dans ma chevelure poivre-sel et bouclée, je me résolus à me lever de mon lit. Je me dirigeais alors vers le bureau de ma chambre et saisis entre mes mains les papiers qui y reposait depuis des jours. Un titre en grosse lettre était inscrit sur la première feuille « Canditature U.S. Army » Toute la paperasse était remplie, il ne manquait qu’une signature que je tardais à apposer sur la dernière feuille. Je ne trouvais toujours pas l’énergie de la signer… peut-être qu’un jour…
N'ayant plus envie de dormir, je m’assis à mon bureau. Sortant d’un tiroir un carnet vierge, je pris un stylo et j’inscris en-tête sur l’étiquette un titre à la fois clair et évocateur « L’armée et moi ». Pour comprendre les raisons de mon choix et affirmer ma volonté à réaliser mes projets, je choisis de faire ce carnet un compagnon fidèle et un confident discret. Je donnais à présent à mon journal intime la lourde tâche de garder les secrets les plus intimes et les souvenirs les plus important de mon expérience au sein de cette noble institution.
