Prepare yourself, we're coming ~ Charlouice

**Charlie K. Wellington**

The Golden Trio

Le grand soir est arrivé. J’ai attendu cette soirée toute la semaine et je suis tellement excitée à cette heure-ci. Ce soir, je retrouve Louise et Alice et on compte bien mettre Storybrooke à feu et à sang. Et oui, Louise, la fille aux cheveux multicolores que j’ai bouffé je ne sais plus quand, je ne sais plus pourquoi, je ne sais plus comment. Mais au final, elle est différente des autres et elle me plait bien. Elle est décalée, dérangée et elle a un poste à la mairie, ce qui peut m’être utile pour plus tard. Toujours savoir profiter de ses connaissances. Toujours. Quant à Alice… Eh bien on faisait souvent des soirées ensemble. Des soirées où on finissait toutes les deux bourrées, au sol et où on se trainait mutuellement pour regagner nos appartements respectifs. Enfin, ces derniers temps, elle était enceinte. Donc je ne l’ai pas vu souvent. Mais maintenant qu’elle a accouché, elle a directement accepté mon offre. Après je ne sais pas comment j’en suis venue à inviter Louise. J’ai dû la croiser un lendemain de cuite. Avec une gueule de bois pas possible. Et elle avait dû accepter. Enfin, elle m’a redemandé ce matin lorsque je suis allée au Granny alors je suppose, je suis sure, qu’elle sera de la partie ce soir. Storybrooke ne nous résistera pas longtemps. Oh que non.

Je suis prête à partir de chez moi. J’ai choisi de porter une jupe noir courte à outrance, un chemisier rouge qui laisse entrevoir mon soutien-gorge et une paire de talon noir. Un smokey-eye et du rouge à lèvre rouge et mes cheveux laissés libres. Clairement, j’ai l’air d’une prostituée doublée d’une droguée mais je m’en fous. C’est le but recherché et j’ai hâte d’entendre les langues de vipère parler sur moi. Je sors donc, un petit sac en bandoulière et je marche avec assurance jusqu’au Down the Rabbit Hole, le bar du coin, bar sympa où l’alcool n’est pas cher. Certains hommes se retournent sur mon passage, tandis que des femmes me regardent de haut en bain, enviant me silhouette et l’assurance avec laquelle je marche. Il y a beaucoup d’étudiants dans les rues et certains sont déjà bien éméchés alors qu’il est à peine 22 heures. Aaah la jeunesse. Je dois avouer que ça me manque, cette insouciance, cette liberté, cette… ouais non en fait, ma vie est pareille à la leur alors je n’ai rien à leur envier. Et surtout pas les cours et les devoirs, pour être honnête. J’arrive finalement au bar et le vigile, un gros barbu, me tient la porte afin que je puisse rentrer. Quel gentleman.

Je trouve une petite table libre près de l’entrée où au moins je pourrais surveiller les allés et venus. Il vaut mieux éviter qu’elles me cherchent pendant des plombes. Elles arrivent, elles me voient et on peut commencer à bien se mettre minable. J’attends quelques minutes, regardant et épiant les gens autour de moi. Un couple qui se mange la bouche. Un groupe d’étudiants qui joue au beer pong. Des filles au bar qui font des yeux doux pour avoir des consos gratuites. Greluches. Au final, je relève la tête et voit Alice rentrer. Je lève le bras afin qu’elle me repère et lorsqu’elle s’assoit, je la salue :

« Alors, t’as enfin accouché ? Ça ne t’allait pas, le gros ventre. Je préfère être franche. »

Bon d’accord, je la salue à ma façon mais tout de même. Je ricane doucement puis c’est au tour de Louise de faire son entrée. Génial, on est au complet. Je lève de nouveau le bras et elle vient aussi s’asseoir. Je me trouve donc en sandwich. Je lance alors à la dernière arrivante :

« Tu es la dernière, tu paies la première tournée, c’est le deal »

Je lui lance un sourire malicieux, plus que prête pour commencer la soirée. Ce soir, ça va être le feu.

Heureusement qu’elle n’était pas mère célibataire, elle aurait eu du mal à sortir ce soir sinon. C’était déjà la galère alors qu’elle pouvait s’estimer heureuse d’être plutôt bien entourée. Mais pour ce soir, elle pouvait sortir… il faudra juste en revanche qu’elle s’occupe de la tumeur les quarante-huit heures qui suivront le moment où elle aura retrouvé sa sobriété. Putain, les choses ne faisaient que s’empirer à partir de maintenant. Et encore, les pires jours l’attendaient encore. Elle en voulait à Vael de ne pas avoir été capable de trouver une famille pour le gosse, maintenant qu’elle savait tout ce que ça impliquait de s’occuper d’un truc aussi petit. Elle estimait avoir le droit à une dernière soirée pour décompresser. C’était la dernière jusqu’à la prochaine. Et puis ça la faisait chier Alice, de savoir que Charlie pouvait continuer à sortir comme pas permis pendant qu’elle se retrouverait prisonnière d’un humain qui ne savait rien faire si ce n’est brailler. Ce soir, il fallait absolument qu’elle sorte. Elle se calmera plus tard.

Elle avait fait des efforts, ce soir. Quitte à ce que ce soit sa dernière soirée avant un petit moment, elle allait marquer le coup. Elle ne se risqua tout de même pas à porter quoi que ce soit de moulant. Même si elle ne se nourrissait pas comme quattre, un accouchement ça avait de quoi marquer. Elle préférait attendre avant de sortir ses tenues qui lui collaient à la peau. Cependant, elle pouvait à nouveau se permettre de porter des talons. Ça lui niquerait les pieds évidemment, elle n’y était plus habituée depuis longtemps, mais elle n’avait pas prévu de passer la journée debout. Et ce ne serait qu’une excuse de plus pour rester au comptoir. Les cheveux rassemblés en chignon pour ne pas cacher le joli décolleté de la robe, un coup de crayon et un autre coup de rouge à lèvres salope, un brin de parfum à la vanille bon marché et Alice prenait ses affaires pour rejoindre la douce nuit d’été. Elle faisait le chemin à pieds évidemment, et puis ce n’était pas si grave. Même si le Rabbit Hole avait été à l’autre bout de la ville, Storybrooke ce n’est pas si grand. Et pour boire, Alice serait de toute façon prête à gravir des montagnes. Enfin d’abord, elle enlevait ses souliers pour la marche. Quitte à passer pour une clampine, elle préférait ne pas avoir les orteils en sang alors que la soirée n’avait pas commencé. Le hic aussi c’est que ce soir elle n’avait pas de monnaie. Évidemment, elle n’était plus aux frais de son colocataire, et elle ne pouvait pas compter sur les économies inexistantes de Vael pour se passer un coup d’alcool fort dans la gorge, histoire d’oublier le goût amer d’une maternité dont elle ne voulait pas.
Elle n’avait pas le temps d’écouter deux chansons sur le vieux téléphone qu’Alek lui avait prêté qu’elle était déjà arrivée à destination. Oh merde… on est samedi soir. Et en effet, il y avait des petits groupes de jeunes – sûrement des étudiants – en train de fumer devant l’enseigne. Il faudra qu’Alice repère celui qui payait toutes les tournées une fois éméché, sinon elle aura vraiment du mal à boire. Elle offrit son plus beau sourire au vigile qui lui, roula des yeux. Il la connaissait trop bien, elle venait trop souvent ici, et ce n’était pas le genre de cliente qui ne faisait pas d’histoires. Un soupir, et il fut bien obligé de la laisser rentrer. De toute façon elle n’était pas prête de faire demi-tour pour rentrer déjà.

Elle n’eut pas de mal à repérer l’autre tignasse blonde. Surtout que celle-ci ne s’était pas cassée le cul, elle s’était placée juste à côté de l’entrée. « C’est intelligent ça, comme ça on aura tous les courants d’air quand on se le pèlera sévère avec nos morceaux de tissus ! » s’exclamait-elle. Elle posa ses fesses. Elle était déjà fatiguée de la petite randonnée urbaine qu’elle s’était offerte. Elle prit soin de remettre ses chaussures – pourquoi être venue avec, sinon ? Elle s’en prit déjà plein la gueule alors qu’elle venait à peine d’arriver. Pas grave, elle avait l’habitude. « M’en parle pas, c’était une horreur. Plus jamais j’oublie la capote. Même après six litres de vodka pure… Oh putain ! » Qu’est-ce que l’arc-en-ciel de Madame la Maire faisait ici ? Alice se rappelait très bien le jour où elle avait fait péter son scandale à la mairie, et elle se rappelle tout à fait de la couleur de cheveux de la secrétaire : c’était ce poney là. « Tu connais la zoophile ? » La zoophile, c’était Charlie. Et sinon, c’était encore une fois une façon particulière pour Alice de dire bonjour à la nouvelle arrivante.