Emilio Scarily - Panique

Emilio ne se sent pas concerné, puisque Hadès ne l'est pas. De toute façon, inutile de parler d’opinion à un sous-fifre, surtout quand il s’agit de Panique. Lui, dès qu’il réfléchit trop, ça lui cause des problèmes de tension. Enfin, il faut dire qu’avec la médecine proprement humaine et son traitement à base principale de Lexomil, il s’est un peu détendu du slip. Toujours est-il que s'il existe d'autres enjeux dans cette ville que leur emprisonnement par la méchante reine, Emilio n'est pas au courant. Il pourrait l'être, puisqu'il est assez doué pour fouiner et que son pouvoir a toujours particulièrement servi à cela, mais c'est surtout son maître qui le préoccupe, et servir ses intérêts.

Pour ceux qui l’ont croisé, Emilio apparaît comme un homme un peu stressé. Il s’inquiète pour des broutilles et quand les choses vont vraiment mal, et qu’il s’en plaint à son frère, le fait d’en parler accroît son anxiété, au point qu’il était capable de se conduire lui-même à la crise de panique quand il ne prenait pas encore de calmants. Ça n’empêche qu’il ne peut toujours pas s’empêcher d’exposer ses craintes à voix haute dans l’espoir qu’on le rassure, le problème étant qu’ayant sa voix grave d’homme et non plus haut perché de démon, ça donne parfois l’impression qu’il est juste en train de péter un câble tout seul.

Même quand tout va bien, il sursaute pour des choses toutes bêtes, lorsqu’un bruit retentit trop soudainement ou qu’on lui pose la main sur l’épaule. Non pas qu’il s’attende à ce que ce soit Hadès qui la lui attrape pour le faire traverser un mur, c’est juste que la peur est un réflexe chez lui. Il arrive que son stress passe pour de la gêne quand on s’adresse à lui et qu’il répond en se triturant les mains ou en lâchant un malencontreux bégaiement… qu’à cela ne tienne, non, ce n’est pas de la timidité. En somme, ce sont des défauts sacrément agaçants que les habitants ont tendance à lui pardonner, soit parce qu’ils sont pour la plupart des héros de Pétaoushnok, soit parce que la gueule d’ange d’Emilio appelle à la patience. Gueule d’ange oui. Ironique, n’est-ce pas ? Bon, il sait un minimum gérer ses émotions, sinon il aurait du mal à exercer ce métier de vendeur (arnaqueur?) de porte à porte, qui requiert le contact des gens.

Emilio a toujours été doté de malice, cette ruse naturelle que possèdent tous les démons pour parvenir à leurs mauvaises fins. Cependant, il a du mal à en faire usage quand la peur l’habite, c’est-à-dire très souvent. Pour cette raison, c’est plutôt son frère qui se charge de la réflexion, ça a un côté rassurant pour Emilio. Ce dernier apprend de ses erreurs, contrairement à ce qu’on croit. C’est-à-dire qu’il ne refait jamais les mêmes gaffes, et que celles-ci sont donc de plus en plus créatives puisqu’il ne peut pas s’empêcher d’en faire. Quand c'est lui qui est contraint d'élaborer des plans seul, il est tellement sous pression qu’il est obligé de prendre des pauses pour se remémorer ses objectifs. Le fait qu'il soit facilement distrait constitue aussi un problème d’ailleurs. Il a du mal à se concentrer, c’est le commun des stressés de la vie. Bon, dans ces cas là, une double dose de calmants et ça repart.

Si l’on peut évoquer une qualité chez lui (ouais, il doit en avoir quelques-unes quand même), c’est sa loyauté. Il tient à servir Hadès et peut faire preuve de courage quand il s’agit de remplir les missions qui lui sont attribuées – Enfin, de façon générale, il craint plus la colère d’Hadès que la mission en elle-même, et donc cette notion de courage se discute. Depuis qu’il a retrouvé la mémoire, c'est cette loyauté qui définit sa personne. Même s’il aime bien être humain, cette vie n’a pas vraiment de sens pour lui, il ne sait pas ce qu'il pourrait en faire, il ne voit pas les opportunités. La liberté ne l'attire pas. Panique a besoin d'un maître. Hadès est peut-être le dieu le plus terrifiant de tous, mais il ne s'est jamais debarassé de ce boulet de service - jamais définitivement du moins. Panique ne l'abandonnera pas non plus, et le fourbe espère bien devenir son chouchou. Autant dire que c'est pas gagné.

On dit de la jarre confiée à Pandore qu’elle contenait tous les maux du monde, et on a souvent tendance à en sous-estimer le nombre. Lorsque qu’ils furent libérés, naquit du point de collision entre l’hypochondrie et la névrose le démon qui nous intéresse aujourd’hui. Un diablotin à la vilaine apparence qui, à sa naissance, avait peur de tout et de tout le monde, même de son propre reflet. Malheureusement, les démons de son rang avaient des comptes à rendre envers leurs supérieurs. Un peureux comme lui ne s’avéra pas de très grande utilité, si bien qu’on le jeta en pâture à l’entrée des enfers. Cerbère n’en aurait fait qu’une bouchée si Panique ne se fût pas changé en tout petit insecte. Il resta caché sous un rocher très longtemps, jusqu’au jour où Hadès, probablement agacé qu’un parasite stagne aux abords de son royaume, le somma de se montrer. Panique ne sait pas trop par quel miracle il devint un animal de compagnie pour le dieu mais c’est bel et bien arrivé. Un autre démon servait ce maître, Peine, le premier dont Panique ne fut pas effrayé. Grâce à la présence de ce camarade de galère, il réussit enfin à utiliser son pouvoir pour des raisons autre que fuir ou se cacher. La métamorphose était un don très utile que les deux avaient en commun, c’est d’ailleurs là que résidait la majorité de leur malice. L’art de la tromperie que tout démon se doit d’avoir.

En quelques décennies, Panique oublia ses débuts chaotiques. Aussi loin que remontait sa mémoire, il avait toujours été en compagnie de Peine, et avait toujours eu Hadès pour maître. C’est ce confort de l’habitude qui lui permit de gagner encore en utilité. Leurs missions, d’ordre ridicule dans leurs débuts, gagnèrent en importance. Les deux compères n’étaient pas des bons à rien, il y a bien des missions qu’ils remplirent avec plus ou moins de succès… et d’autres qu’ils échouèrent, évidemment. Ils pouvaient être de vraies catastrophes ambulantes quand ils s’y mettaient (et c’est toujours le cas). A force de gaffes, Panique s’étonna plus d’une fois que Hadès ne se débarrasse pas d’eux. Enfin, le dieu eut quand même l’air de tenter de les tuer à plusieurs reprises… mais tout de même, s’il les avait vraiment voulu morts, ils le seraient.  

Le plus grand échec de Peine et Panique demeure l’enlèvement du petit Hercule de l’Olympe. En fait non, ça, ils avaient réussi et franchement, c’était déjà très bien quand on sait à quoi ce Mont ressemble, et qui y vit ! Genre, déjà : Zeus. Bref, leur échec résida dans la deuxième partie de la mission : changer le nourrisson-dieu en homme une fois arrivés sur terre, et le tuer pour que son âme revienne à Hadès. Les deux démons ne parvinrent pas à lui faire boire la potion jusqu’au bout : ils coururent se planquer en entendant du bruit (Panique le premier, vous l’aurez deviné), laissant la dernière goute se perdre au sol. Un grand gâchis, car les intrus n’étaient qu’un simple couple d’humains. Cependant, après que Peine et Panique se soient changés en serpents pour dévorer le bébé, celui-ci les dégomma avec ses petites mains et les envoya paître à quelques kilomètres de distance. Non ce n’est pas une blague. A ce moment là, Hercule était un demi-dieu après tout. Pour se protéger, Peine et Panique mentirent à leur maître en lui faisant croire à un succès.

La vérité finit par ressurgir et, après s’être sérieusement fait botter le derrière, les deux démons aidèrent Hadès, interdit d’accès sur terre, à en faire baver Hercule (le pauvre gars qui n’avait jamais rien demandé et qui dut bouffer 12 épreuves pour enfin retrouver sa place parmi les dieux). Souhaitant à tout prix se faire pardonner leurs conneries, les démons donnaient régulièrement à Hadès les nouvelles de l’Olympe, notamment celles concernant les autres enfants de Zeus. Histoire de dire « ok on a foiré avec Hercule, mais y a d’autres chances tu vois ». Ils gardaient également un œil sur Macaria, la fille d'Hadès, comme celui-ci ne le pouvait plus. La situation de la jeune fille empirait au temple où elle avait grandi, parmi les mortels qui la craignaient pour sa différence. Et parler constamment de son « ange gardien » ne devait pas l’aider non plus. Résigné à l'écoute des mauvaises nouvelles sur elle qui s'empilaient, Hadès envoya les deux démon pour ce qui allait être leur dernière mission importante : faire boire l’eau de la rivière de l’oubli à Macaria, afin qu’elle reprenne une vie normale, sans l’empreinte de son père. Alors bien sûr, cela ne signifiait pas qu’on l’abandonnait définitivement, elle avait toujours un ange gardien (voire plusieurs). C’est juste que désormais, elle l’ignorait.

A Storybrooke, ce qu’Emilio a emporté de sa vie démoniaque, en dehors de sa trouille chronique, c’est probablement son souci d’honnêteté. Les affaires tournent bien pour les deux ex-démons, reconvertis vendeurs de porte à porte. Ils s’arrangent bien souvent pour que les personnes auxquelles ils rendent visite aient besoin de ce qu’ils ont en cargaison. Par exemple, si votre télé ne s’allume plus depuis que vous avez quitté la maison en laissant malencontreusement une fenêtre ouverte, et que vous vous remémorez qu’il y a bien deux frères qui en vendent quelques-unes à bon prix… ce n’est pas nécessairement un hasard.

Aussi, ce qu’ils ont en cargaison est fort souvent tombé du camion. Pire encore, il arrive qu’un objet volé à un habitant soit revendu à un autre. Cette fripouille d’Emilio est peut-être un gros peureux qui carbure au Lexomil pour ne pas foutre ces escroqueries en l’air, ça ne l’empêche pas de reconnaître un pigeon quand il en voit un. Appelez cela le flair du démon. Alors bien sûr, il a déjà failli se faire prendre la main dans le sac plus d’une fois, mais devenu expert en gymnastique de sortie de galère, il s’en est jusque là tiré à bon compte. Le secret de la réussite, c’est de doser. Emilio aura fait tout de même un bon nombre d’affaires honnêtes pour noyer les petites escroqueries.

Peine est son frère d’adoption, mais le peu de souvenirs pré-fabriqués qu’Emilio avait en tête se sont envolés en même temps que la malédiction. Il se souvient désormais de la pièce manquante à sa vie, et pas la moindre : son maître, Hadès, dont il veut devenir le plus fidèle serviteur. Et s’il y a bien une chose qui pourrait lui faire plaisir, c’est de le ramener dans les bonnes grâces de Macaria. Depuis qu'elle a retrouvé la mémoire, celle-ci a une sacrée dent contre son père. Du point de vue d’Emilio, c’est un peu triste vu tous les efforts d’Hadès pour veiller sur elle : le démon est bien placé pour le savoir, lui-même était de garde pour la surveiller, parfois. Qui sait, cette tête de mule finira peut-être par entendre raison ? Emilio compte bien réussir, c’est moins dangereux que kidnapper un gosse de l’Olympe, et plus gratifiant. Il a beaucoup à y gagner.